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La raison doit-elle faire l'économie de tout préjugé ?

Publié le 07/12/2010

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Première partie : Pourquoi la raison élève au rang de devoir le fait de rejeter ses préjugés ?

Deuxième partie : Dans la sphère pratique, devons-nous toujours exclure nos préjugés ?

Troisième partie : Les préjugés font-ils partie du processus de connaissance ?

« Deuxième partie : Dans la sphère pratique, devons-nous toujours exclure nos préjugés ? Le point de vue abordé ici est pratique.

La connaissance dont il est question concerne le domaine de l'action. Or à la différence de la sphère théorique ou règne la nécessité, la sphère pratique se caractérise par la contingence,autrement dit ce qui peut être ou ne pas être. La différence entre le nécessaire et le contingent peut être mise en parallèle avec l'opposition science/opinion.

En ce qui concerne la raison pratique une telle opposition ne vaut pas puisque la matière de l'actionn'est pas le nécessaire mais oblige à la délibération, à la réflexion, prenant en compte les circonstances de l'action.L'opinion, ou le préjugé, peut être jugée tout aussi féconde que la science.

Comme en témoigne cet exemplesocratique que l'on trouve dans le Ménon : « Socrate ‒ Si un homme connaissant la route qui mène à Larisa, ou en tout autre endroit que tu voudras, s'y rendait et y conduisait d'autres personnes, ne serait-il pas un bon et excellent guide ? Ménon ‒ Sans contredit. Socrate ‒ Et si un autre conjecturait exactement quelle est la route sans y être allé et sans la connaître, ne pourrait-il pas lui aussi être un bon guide ? Ménon ‒ Assurément si.

[…] Socrate ‒ Nous disions que la science seule apprend à bien agir.

Or l'opinion vraie produit le même effet.

» L'exigence pratique incline l'homme à agir.

Dans ce contexte, ce qui doit être condamné c'est l'indécision provoquant l'inaction.

Si l'homme ne possède pas la connaissance suffisante pour être sûr de prendre la bonnedécision, il doit se fier dans ce cas au plus probable.

Quand il est impossible de discerner le vrai, il faut suivre leprobable.

« Imitant en cela les voyageurs qui, se trouvant égarés en quelque forêt, ne doivent pas errer entournoyant, tantôt d'un côté, tantôt d'un autre, ni encore moins s'arrêter en une place, mais marcher toujours leplus droit qu'ils peuvent vers un même côté, et ne le changer point pour de faibles raisons, encore que ce n'aitpeut-être été au commencement que le hasard seul qui les ait déterminés à le choisir : car, par ce moyen, s'ils nevont justement où ils désirent, ils arriveront au moins à la fin quelque part, où vraisemblablement ils seront mieuxque dans le milieu d'une forêt.

Et ainsi, les actions de la vie ne souffrant souvent aucun délai, c'est une vérité trèscertaine que lorsqu'il n'est pas en notre pouvoir de discerner les plus vraies opinions, nous devons suivre les plusprobables.

» (Descartes, Discours de la méthode ). Ainsi dans le domaine contingent de l'action l'exclusion de l'opinion ne va pas de soi.

La raison pratique aurait par faute de connaissances sur l'action besoin de préjugés, en tant qu'ils fondent la morale par provision.

Cependantl'exigence pratique de faire confiance à nos jugements incertains dépend des circonstances et fonde une moraleprovisoire.

L'action sera d'autant plus justifiée si elle repose sur des connaissances vraies et non douteuses. Troisième partie : Les préjugés font-ils partie du processus de connaissance ? La perspective étudiée dans cette dernière partie envisage la connaissance comme un processus, autrement dit un cheminement comportant différentes étapes.

Ce qui suppose implicitement que la connaissance vraie n'estpas immédiate mais la fin d'une démarche intellectuelle.

Or cette conception de la connaissance semble exiger de laraison qu'elle intègre les préjugés dans son parcours. Le préjugé est un jugement anticipé, mal fondé dans la mesure où l'esprit ne dispose pas de tous les éléments pour bien juger.

Pour autant c'est un début de réflexion, qui certes est instable et ne peut en aucun casfonder une connaissance, mais peut se révéler juste.

On parlera dans ce cas, pour reprendre l'expressionplatonicienne, d'opinion vraie.

Cet extrait du Ménon esquisse le parcours qui est suivi par l'esprit humain de l'opinion vraie à la science.

« En effet les opinions vraies, tant qu'elles demeurent, sont de belles choses et produisenttoutes sortes de biens ; mais elles ne consentent pas à rester longtemps ; elles s'enfuient de notre âme de sortequ'elles ont peu de valeur, tant qu'on ne les a pas enchaînées par la connaissance raisonnée de leur cause.

Et cela,mon cher Ménon, c'est de la réminiscence, comme nous en sommes convenus précédemment.

Les a-t-onenchaînées, elles deviennent d'abord sciences, puis stables ; et voilà pourquoi la science est plus précieuse quel'opinion droite, et elle en diffère par le lien qui la fixe.

» ( Ménon , 97e-98a ). »

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