Devoir de Philosophie

Qu'est-ce que la raison d'Etat ?

Publié le 04/03/2004

Extrait du document

Certes, mais renoncer à agir, se tenir dans l'empyrée des bons sentiments, ne constitue pas une politique.D'un côté, ériger la raison d'État comme axe moteur de toute politique semble vouer la politique à un but exclusivement pragmatique. D'un autre côté, on fait disparaître la raison d'État au nom de la morale, mais en tuant la politique. â-º 3. Entre ces deux positions extrêmes, il est possible de dessiner les traits d'une politique morale, capable de faire appel cependant, lorsque les circonstances le demandent, à l'expédiant de la raison d'État.La morale, ou ce que Max Weber appelle dans Le savant et le politique «éthique de la conviction «, ne voit que le dogme absolu et intangible de ses principes. S'il ne faut pas mentir, l'éthique de conviction impose de suivre cet impératif à la lettre, sans se soucier des conséquences. Si donc les effets d'un tel acte sont fâcheux, on ne saurait tenir pour responsable l'agent moral qui n'a fait que son devoir. Celui qui agit selon l'éthique de conviction n'a pas à se préoccuper des conséquences non voulues. Il ne se tient comptable que de la fin poursuivie.

  • I) La raison d'Etat est la condition de survie de l'Etat.
a) L'Etat protège les intérêts communs. b) Le souverain gouverne au nom du bien. c) Le pouvoir de l'Etat doit être fort.

  • II) La raison d'Etat est un instrument au service du pouvoir arbitraire.
a) Le pouvoir de l'Etat est limité par le droit naturel. b) La raison d'Etat masque l'absence de justification. c) L'Etat doit lui aussi respecter la loi.
.../...


« reprocher. â–º 2.

Cela dit, les moyens peuvent se révéler franchement immoraux, et heurter notre conscience.

En sorte que lafin se trouve pour ainsi dire contaminée et infectée par la valeur moralement condamnable des moyens.

Cetteperspective rompt avec l'optimisme rationaliste qui ne conçoit pas au fond qu'il puisse y avoir de dysharmonie entrefin et moyens.

Or on peut penser au contraire que les moyens ne sont pas neutres par rapport à la fin.Pour Machiavel, le choix des moyens demeure indifférent à la valeur de la fin.

Tous les moyens sont bons dès lorsqu'ils sont efficaces.

Les moyens n'ont un sens que purement technique.

Un moyen, puisqu'il n'est qu'un moyen, a lavaleur d'un instrument, or un instrument par définition ne peut être qualifié moralement.

On peut dire d'un marteauqu'il est utile ou performant, non qu'il est bon ou mauvais au sens moral de ces termes.Si maintenant on envisage les moyens en eux-mêmes, il est possible de leur accorder une valeur morale.

Et unmoyen répréhensible peut suffire à ternir irrémédiablement la valeur de la fin.

Le choix des moyens altère la naturemorale de la fin, ce qui a pour effet de rendre l'action politique difficile, voire impossible.

Et de l'indifférencemachiavelienne aux moyens, on tombe dans la figure inverse de la «belle âme» (Hegel, Phénoménologie de l'esprit, p. 168).

Celle-ci, craignant de se salir les mains dans la mise en oeuvre desmoyens, se retient d'agir et se contente de bonnes intentions.

La belle âmeignore les moyens et s'enferme dans la visée de la fin.

Elle préserve sansdoute la pureté des fins, mais en se coupant complètement du réel.

Elleévacue le moment technique de la réalisation.

Elle se mure dans lacontradiction de vouloir le bien, sans jamais entreprendre de le faire, par peurde mal agir.Le politique sait, lui, que le bien est un objet d'action, non de contemplation.Il sait que la visée d'une fin juste ne suffit pas à faire une bonne politique, carcette visée elle-même devra être éclairée par la considération des moyens.

Labelle âme voudrait occulter l'étape de l'action.

C'est au contraire le souci dupolitique, d'affronter la résistance des choses.Le politique machiavélien ne se pose pas la question de savoir s'il existe uneraison d'État.

Il n'y a pour lui rien de supérieur à l'intérêt de l'État.

La moralereste donc en dehors de la politique.

Les moyens ne peuvent entrer en conflitavec la fin.

Il y a une nécessaire homogénéité entre les deux.

Il n'y a doncpas de raison d'État à invoquer comme solution exceptionnelle à unealternative entre deux attitudes contradictoires.

La raison d'État figurecomme principe permanent d'une politique qui ne s'embarrasse pas de lamorale.

Elle signifie que tout se justifie à condition que l'on préserve l'intérêtde l'État.

Ce qui à l'évidence met la politique dans la situation de pouvoircontrevenir aux règles morales.

Or comme l'écrit Kant «la vraie politique nepeut faire aucun pas sans rendre d'abord hommage à la morale» (Traité de paix perpétuelle, Appendice I).Pour autant, il ne faut pas verser dans l'écueil inverse de la belle âme et s'effrayer de l'action.

La raison d'État sevoit à juste titre dénoncée dans la thèse du divorce possible entre les moyens et les fins.

On ne peut, au nom del'intérêt souverain de l'État, accomplir n'importe quel type d'action.

Certes, mais renoncer à agir, se tenir dansl'empyrée des bons sentiments, ne constitue pas une politique.D'un côté, ériger la raison d'État comme axe moteur de toute politique semble vouer la politique à un butexclusivement pragmatique.

D'un autre côté, on fait disparaître la raison d'État au nom de la morale, mais en tuantla politique. â–º 3.

Entre ces deux positions extrêmes, il est possible de dessiner les traits d'une politique morale, capable defaire appel cependant, lorsque les circonstances le demandent, à l'expédiant de la raison d'État.La morale, ou ce que Max Weber appelle dans Le savant et le politique «éthique de la conviction », ne voit que ledogme absolu et intangible de ses principes.

S'il ne faut pas mentir, l'éthique de conviction impose de suivre cetimpératif à la lettre, sans se soucier des conséquences.

Si donc les effets d'un tel acte sont fâcheux, on ne sauraittenir pour responsable l'agent moral qui n'a fait que son devoir.

Celui qui agit selon l'éthique de conviction n'a pas àse préoccuper des conséquences non voulues.

Il ne se tient comptable que de la fin poursuivie.

Il tente de laproduire pour elle-même.

Après tout, invoque-t-il, les conséquences ne sont pas prévisibles, elles sont contingenteseu égard à la nécessité inconditionnelle de la fin.Mais à négliger les conséquences on s'expose à voir survenir des effets pervers, contraires à la fin souhaitée.

Voilàpourquoi le politique adoptera l'attitude de «l'éthique de la responsabilité».

Il se tient, lui, pour responsable deseffets prévisibles d'une action.

Si donc, dans telle circonstance, révéler une vérité doit entraîner des effetscontraires à l'intérêt de l'État, le politique choisira sciemment de faire subir une entorse à la morale.

Raison d'Étatdira-t-on.

Oui, mais dépouillée de l'odeur de soufre qui entoure cette expression.L'homme de conviction se veut le gardien d'une morale idéale et immuable.

Et par là, il ne voit pas qu'il peut y avoirdans les faits des conflits entre des devoirs.

En conséquence de quoi, la morale elle-même, passant de la théorie àla pratique, admet qu'il faut parfois enfreindre certaines règles pour rester fidèle à d'autres, supérieures.

Il estmoralement acceptable de mentir si cela permet de sauver un innocent.

Car la morale instaure une hiérarchie dansl'importance des devoirs.

Et il va de soi que le mensonge est une faute vénielle.Ainsi sous les apparences d'un désaccord entre morale et politique, la raison d'État rétablit la morale dans ses droits,c'est-à-dire en son effectivité.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles