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La raison peut-elle juger de tout ?

Publié le 22/01/2004

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Si la raison n'atteint que les vérités démontrables, celles qui ne le sont pas ne s'obtiennent pas par son pouvoir.Quelle est donc cette autre faculté de connaissance qui nous fait accéder à des vérités indémontrables ? Pascal l'appelle le «coeur». Elle n'est pas, comme la raison, une compétence discursive, c'est-à-dire qu'elle ne se déploie pas dans l'ordre du discours, mais relève de l'intuition, du sentiment ou de l'instinct. Le mot «coeur» ne désigne pas ici un sentiment moral, la bonté, comme dans l'expression «avoir du coeur », mais une faculté de connaissance immédiate, cette capacité à saisir l'évidence de manière directe. Le coeur, non la raison, connaît ces vérités indémontrables que Pascal appelle «premiers principes» et qui sont les bases réelles de toute connaissance humaine, puisque tout raisonnement, en philosophie comme en sciences, les prend pour point de départ.Par cette distinction Pascal nous montre que le vrai ne se limite pas au rationnel, entendu au sens de «démontrable par la raison », mais qu'il le dépasse et le fonde. Aussi les raisonnements que Descartes développait dans ses Méditations métaphysiques pour nous permettre de distinguer la réalité que perçoit un homme éveillé de l'illusion des rêves du dormeur, sont-ils, selon Pascal, totalement vains. «Le coeur, non la raison, sait que je suis éveillé et ne rêve point.» De la même manière, c'est par lui que je saisis que l'espace existe et qu'il se déploie selon les trois dimensions qui lui donnent son volume : hauteur, largeur et profondeur.

Ce sujet pose la question des limites et du pouvoir de la raison. Pour commencer à réfléchir, deux questions peuvent nous aider : qu’est-ce que la raison ? Quelles sont éventuellement ses limites ?

« raison, apprendre à ne considérer comme vrai que ce que j'ai reconnu pour absolument évident et manifeste.

L'idéecartésienne de la méthode, c'est de soumettre l'ensemble des connaissances à un ordre unique de la raison,appliquer si possible le modèle de la géométrie euclidienne à l'ensemble des connaissances ou des objets de laraison.

Dans cette perspective, les mathématiques s'imposent comme le modèle de toute connaissance, comme laméthode qu'il s'agit d'appliquer à tous les autres domaines de la raison.

Galilée avait déjà écrit que le texte dumonde ou le livre de la nature était écrit en langage mathématique.

Pour Descartes, il s'agit d'unifier la connaissanceselon le principe d'un ordre mathématique universel.

La mathématique rassemble toutes les sciences où l'on étudiel'ordre et la mesure, indifféremment de leurs objets.

La science universelle qui rassemble toutes les autres sciences,qui n'en sont que les parties subordonnées, se nomme mathématique universelle.

Ce doit être la science la plus utileet la plus facile de toutes, n'ayant aucun rapport à un objet particulier.Les difficultés qu'elle renferme se trouvent déjà dans les autres sciences, puisqu'elle leur est commune.

Si cettemathesis universalis a été négligée par tous, c'est en raison de son extrême facilité.

L'ordre de la recherche de lavérité requiert pourtant de commencer par les choses les plus simples et les plus faciles à connaître, et de nepasser à un ordre plus élevé que lorsque toutes les difficultés auront été résolues.

Ainsi, on est sûr de ne jamais setromper.

Parmi les sciences connues, seules l'arithmétique et la géométrie sont absolument certaines.

Quelle en estla raison ? Nous ne pouvons connaître que de deux manières : soit par l'expérience, soit par la déduction.Si l'expérience est souvent trompeuse, la déduction, qui consiste à inférer une chose à partir d'une autre, peut êtremanquée si on ne la voit pas, mais ne peut jamais être mal faite.

"Toutes les erreurs où peuvent tomber les hommesne proviennent jamais d'une mauvaise inférence, mais seulement de ce qu'on admet certaines expériences malcomprises, ou que l'on porte des jugements à la légère et sans fondement."Arithmétique et géométrie sont les seules sciences qui traitent d'un objet simple et pur et qui n'admettent riend'incertain : leur travail ne consiste qu'à tirer des conséquences par voie de déduction rationnelle.

Leurs erreurs nepeuvent procéder que de l'étourderie.

Elles doivent par conséquent constituer l'idéal des sciences pour leur rigueur,leur clarté et leur certitude. Le principe premier de la méthode cartésienne, c'est l'évidence.

En toute chose, il s'agit de procéder à la manièredes géomètres, d'adopter le modèle euclidien : par exemple, réduire le composé au simple, à l'évident.

Nereconnaître pour vrai que ce qui me paraît évident et simple, c'est-à-dire ce que je peux concevoir distinctement etclairement. Pour Descartes, comme pour Spinoza, une idée claire & distincte qui apparaît évidente est une idée vraie et il n'y apoint à chercher au-delà.

« Les idées qui sont claires & distinctes ne peuvent jamais être fausses » dit Spinoza.Descartes écrit de son côté : « Et remarquant que cette vérité : je pense donc je suis était si ferme et si assuréeque toutes les plus extravagantes suppositions étaient incapables de l'ébranler, je jugeais que je pouvais la recevoir,sans scrupule, pour le premier principe de la philosophie….

Après cela je considérai en général ce qui est requis àune proposition pour être vraie et certaine, car puisque je venais d'en trouver une que je savais être telle, jepensais que je devais aussi savoir en quoi consiste cette certitude.

Et ayant remarqué qu'il n'y a rien du tout enceci : je pense donc je suis, qui m'assure que je dis la vérité sinon que je vois très clairement que pour penser ilfaut être : je jugeais que je pouvais prendre pour règle générale que les choses que nous concevons fort clairementet fort distinctement sont toutes vraies.

»C'est donc dans l'intuition de l'évidence des idées claires et distinctes que Descartes situe le critère du vrai ; uneperception claire de l'entendement étant « celle qui est présente et manifeste à un esprit attentif » et « distincte,celle qui est tellement précise et différente de toutes les autres, qu'elle ne comprend en soi que ce qui paraîtmanifestement à celui qui la considère comme il faut.

» (« Principes », I, 45).

« Ce qui se conçoit bien s'énonceclairement » disait Boileau.

[Lire le passage sur l'enseignement des mathématique dans le Discours.] Le problème, ici, ce n'est pas tant la raison elle-même que la manière dont on en use : du bon usage de la raison.Alors que peut-on retenir de tout cela ? Il y a chez Descartes une confiance absolue dans la raison et c'estpourquoi il peut être considéré comme le père du rationalisme contemporain.

Ce qu'il revendique, c'est un accès «démocratique » à la vérité.

Il y a chez lui un optimisme et une confiance en la raison.

D'ailleurs, le Discours est écriten français et non en latin, pour être lu « même par les femmes », qui, à l'époque, n'avaient pas accès àl'enseignement du latin. 2.

Les limites de la raison Thèse développée : La raison se révèle parfois impuissante à penser le réel dans toute sa complexité.

En outre, ellen'est pas autonome ou auto-suffisante. Pour autant, la raison peut-elle juger de tout ? On peut en douter.

Sur le plan théorique, d'abord, on peut toujoursremettre en question les soi-disant principes évidents.

On peut, par exemple, critiquer le critère de l'évidence quisert de principe à la « méthode » cartésienne, comme le fait Leibniz.

L'évidence, c'est un principe peu clair, tropintuitif, trop subjectif.

Il est évident, par exemple, que l'espace est isomorphe, qu'il possède trois dimensions.

J'en ail'intuition.

Mais est-ce si évident que cela ? Ne peut-on concevoir des espaces à O ou à n dimensions, comme lefirent les mathématiciens Riemann et Lobatchevski ? C'est précisément ce qu'on appelle les « géométries non-euclidiennes ».

Ces géométries, qui ont été élaborées à la fin du XIX° siècle, nous permettent justement de penserdes réalités non immédiatement évidentes, la réalité quantique par exemple.

Sur le plan théorique, toujours, lescepticisme nous montre qu'on peut douter de tout et remettre en question ce que la raison tient pour les principespremiers de la connaissance, les axiomes de l'intuition.

Sur le plan de la morale, le scepticisme est un relativisme : il. »

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