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La raison peut-elle vaincre les passions ?

Publié le 22/01/2004

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« Les passions sont toutes bonnes de leur nature et nous n'avons rien à éviter que leurs mauvais usages ou leurs excès. » Descartes, Les Passions de l'âme, 1649. « Quoi qu'en disent les moralistes, l'entendement humain doit beaucoup aux passions, qui, d'un commun aveu, lui doivent beaucoup aussi. C'est par leur activité que notre raison se perfectionne; nous ne cherchons à connaître que parce que nous désirons de jouir. » Rousseau, Sur l'origine de l'inégalité, 1755. « Rien ne s'est fait sans être soutenu par l'intérêt de ceux qui y ont collaboré. Cet intérêt, nous l'appelons passion lorsque, refoulant tous les autres intérêts ou buts, l'individualité tout entière se projette sur un objectif avec toutes les fibres intérieures de son vouloir. » Hegel, La Raison dans l'histoire, 1837 (posth.) « Rien de grand ne s'est accompli dans le monde sans passion. » Hegel, La Raison dans l'histoire, 1837 (posth.

« éternelles il faut d'abord savoir conduire vers le haut ce désir intempérant.

Ainsi l'âme (le cocher) doit être à mêmede diriger, non sans difficultés, ces deux chevaux, à savoir dompter le courage pour inciter le désir à tendre vers cequi n'est pas terrestre.

c. Le désir amoureux est une expérience qui a donné à certains auteurs la substance de leur œuvre.

On considèrera ainsi l'amour de Pétrarque pour Laure (Les Canzionne ).

Celui-ci se voit épris d'une femme qu'il rencontre, et n'arrête plus d'y penser.

Il se trouve d'une certaine manière désubstantialisé, puisqu'il se perd (sonêtre même) dans l'autre, dans Laure.

C'est dans un de ses dialogues tardifs ( Le Dialogue intérieur ) qu'il revient sur cet épisode de sa vie, et qu'il confesse sa faute de s'être trop attardé à vouloir mettre du sens dans un désiramoureux qui ne faisait qu'occulter le véritable authentique, Dieu.

Dès lors, chacun peut se voir soumis à unereprésentation, à une sublimation, sans voir que l'imagination, et non la raison, est au commande de la conscience.Le désir amoureux peut rabaisser l'homme au point de le partager en lui-même, voire de le tuer (cf.

Goethe , Les souffrances du jeune Werther ). III.

La passion n'est pas sans raison a.

Traditionnellement, la raison est supposée devoir réprimée ou régler la passion.

Tant comme faculté de connaissance pure et désintéressée que comme pouvoir de poser des valeurs en toute sérénité, la raison s'opposeen effet, par nature, aux passions.

Réfrénant les unes, maintenant les autres en équilibre, elle doit pouvoir prévenir,chez les « esprits forts », tout débordement affectif.

Toutefois cette opposition classique entre la raison et lapassion, reprise et soulignée par Pascal, est récusée catégoriquement par Hume .

La raison, précisément parce qu'elle est une faculté de connaissance, n'est pas susceptible de fonder des jugements de valeur.

Ceux-ci relèventd'un ordre et d'une échelle normative qui leur est propre ; entre les passions et la raison, la guerre ne saurait doncavoir lieu, cette « guerre intestine de l'homme » (Pascal, Pensées ).

Ainsi la passion n'est pas, selon l'empiriste David Hume, déraisonnable en soi : « une passion doit s'accompagner de quelque faux jugement pour être déraisonnable ;même alors ce n'est pas la passion qui est déraisonnable, c'est le jugement » ( Traité de la nature humaine , II). b.

Nous savions déjà que la passion pouvait « se conjuguer avec la réflexion la plus calme » (Kant, Anthropologie d'un point de vue pragmatique ), ou que la raison pouvait servir à la passion.

Mais la réciproque est également vraie. Même si la raison s'emploie souvent à dompter, à éradiquer la passion, il apparaît que la raison aussi se nourrit depassions.

Ainsi, les hommes font l'histoire, selon Hegel , en poursuivant leurs intérêts et leurs passions.

Les hommes sont ainsi les jouets inconscients de l'esprit qui les dépasse et qui suit soncours historique.

Car l'universel (esprit) doit se réaliser par le particulier :« rien de grand ne s'est accompli dans le monde sans passion » (Hegel, La Raison dans l'histoire ).

Passions et raison sont le fil et la trame de l'histoire. Une histoire dont l'homme passionné, toutefois, ne connaît pas le fin mot.

Conclusion Doit-on fuir ou accepter la passion ? Il apparaît que depuis longtempscette question, due à une ignorance de la logique réelle de la passion, s'estposée.

Ainsi pour être maître de soi, ou pour atteindre une reconnaissancedivine, certains s'emploient à supprimer la passion de leur vie.

Ils bannissent,au profit d'un ordre plus haut, une logique propre de leur vie.

Mais la passionpersiste et ne se laisse pas forcément reconnaître : le délire du joueur,l'amour démesuré d'un homme, sont les symptômes de l'existence de forcesqui agissent sans notre consentement.

L'homme est ainsi possédé par lui-même sans le savoir.

Mais il semble aussi que la passion, par la sublimation,ou par ce qu'elle produit comme effet, permet la diversité du genre humaindans ses choix, et ses tendances.. »

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