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La raison peut-elle vouloir la violence ?

Publié le 30/01/2004

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À travers le verbe « pouvoir », ce sujet nous interroge sur une possibilité dont il faut préciser le sens. Une action est possible quand elle peut, sous certaines conditions, se réaliser. Ainsi, si je déclare « je peux nager très rapidement », cela signifie que je peux réaliser une telle performance sportive. Dans ce cas, le sujet proposé nous demande si l'utilisation de sa raison pour accomplir un acte de violence est quelque chose de réalisable, de concevable, de pensable.On sait que le verbe « pouvoir » peut avoir un autre sens : un sens moral que l'on perçoit dans des phrases comme « puis-je fumer dans cette pièce ? » ou encore « puis-je conduire sans permis ? ». Dans ce cas,« peut-on » est synonyme de « a-t-on le droit de... », « est-il légitime de... ».

« Cette fonction est à l'oeuvre de manière la plus claire dans le domaine du droit.

En effet, une société ne s'établitvraiment que lorsque ses membres confient à des juges et à des tribunaux le soin de régler leurs conflits éventuels,et renoncent à l'usage de la violence ou à la vengeance.

La justice règle les problèmes qui lui sont soumis, ens'appuyant sur le débat contradictoire, l'examen du pour et du contre, qui est le coeur même de la rationalité.Quand un procès ne respecte pas cette « dialectique », il n'est qu'une parodie de justice, une violence faite au droitet à la raison. Ce que nous avons dit de la raison, à travers la rationalité du droit, s'applique aux individus entre eux, mais aussiaux relations que les États entretiennent les uns avec les autres.

Lorsque deux peuples ne s'écoutent plus, par lesvoies de la diplomatie ou de la négociation, pour régler un litige, on dit souvent alors que « les armes vont parler ».Cette expression qui annonce la guerre est paradoxale car elle indique, en réalité, la surdité qu'implique touteviolence à l'égard de la parole d'autrui.

La sagesse des nations qui essaie de promouvoir l'existence d'un droitinternational, à travers des institutions comme l'Organisation des Nations Unies, incarne alors la raison et cherche àrésoudre les conflits entre États par un retour au dialogue et à la négociation. Nous sommes parvenus à la conclusion que là où les hommes discutent et raisonnent pour régler leurs litiges, ilsdépassent le stade de la violence.

Mais les débats contradictoires, ceux d'un procès par exemple, ne sont-ils pasune autre forme de violence, inscrite dans les mots ? Chercher à réfuter son adversaire, montrer ses torts au moyend'arguments, n'est-ce pas aussi, d'une autre manière, lui faire violence en faisant violence à ses idées ? Il nous fautdonc maintenant envisager la possibilité d'une autre violence, située sur le plan de la discussion. L'opposition entre la raison et la violence, que nous venons d'établir, ne doit pas nous tromper.

Certes, la raisons'oppose à la violence lorsque celle-ci est tournée vers autrui, mais la philosophie a montré qu'elle est capable dedévelopper cette violence particulière qui est celle de l'affrontement des idées.

Dans ce contexte, il nous fautmodifier la définition que nous donnions de la violence en introduction.

Celle-ci ne désigne plus à présent tout ce quipeut porter atteinte à l'intégrité d'autrui, sur le plan physique comme sur le plan moral.

Nous entendrons plutôt par «violence », toute argumentation qui permet le triomphe d'une idée sur une autre. La réflexion philosophique, en effet, à travers les argumentations des philosophes, est elle-même une violence quiveut être faite aux préjugés, à l'erreur, à l'ignorance.

C'est certainement Descartes, dans le Discours de la méthode,qui a mis en oeuvre le plus fortement cet aspect critique, en faisant table rase de toutes ses anciennes opinionspour mieux accéder à une première vérité.

Déconstruire pour mieux reconstruire, tel est le maître mot d'uneentreprise intellectuelle dont la violence théorique s'exprime dans le recours à l'hypothèse d'un Dieu trompeur ou àcelle d'un malin génie.

qui m'induirait en erreur partout et tout le temps.

Violence féconde du doute qui ne vise pasla destruction de la connaissance, mais l'établissement d'une première vérité, celle du cogito. Cette phrase apparaît au début de la quatrième partie du « Discours de la méthode », qui présente rapidement la métaphysique de Descartes .

On a donc tort de dire « Cogito ergo sum », puisque ce texte est le premier ouvrage philosophique important écrit en français. Pour bien comprendre cette citation, il est nécessaire de restituer le contextedans lequel elle s'insère.

Le « Discours de la méthode » présente l'autobiographie intellectuelle de Descartes , qui se fait le porte-parole de sa génération.

Descartes y décrit une véritable crise de l'éducation, laquelle ne tient pas ses promesses ; faire « acquérir une connaissance claire & assurée de tout ce qui est utile à la vie ». En fait, Descartes est le contemporain & le promoteur d'une véritable révolution scientifique, inaugurée par Galilée , qui remet en cause tous les fondements du savoir et fait de la Terre, jusqu'ici considérée comme le centred'un univers fini, une planète comme les autres.

L'homme est désormais jetédans un univers infini, sans repère fixe dans la nature, en proie au doute sursa place et sa fonction dans un univers livré aux lois de la mécanique.

Or,Descartes va entreprendre à la fois de justifier la science nouvelle et révolutionnaire qu'il pratique, et de redéfinir la place de l'homme dans lemonde. Pour accomplir cette tâche, il faut d'abord prendre la mesure des erreurs du passé, des erreurs enracinées en soi-même.

En clair, il faut remettre en cause le pseudo savoir dont on a hérité et commencer par le doute : « Je déracinais cependant de mon esprit toutes les erreurs qui avaient pu s'y glisser auparavant.

Non que j'imitasseen cela les sceptiques, qui ne doutent que pour douter ; car, au contraire, tout mon dessein ne tendait qu'àm'assurer, et à rejeter la terre mouvante & le sable, pour trouver le roc & l'argile.

» (« Discours de la méthode », 3ième partie). Ce qu'on appelle métaphysique est justement la discipline qui recherche les fondements du savoir & des choses, quitente de trouver « les premiers principes & les premières causes ».

Descartes , dans ce temps d'incertitude et de. »

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