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La raison est-elle réductible à la logique ?

Publié le 22/01/2004

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.. La solution serait alors, pour Kant, de s'en tenir aux exigences de l'impératif catégorique : que la maxime qui règle ma volonté puisse être considérée comme loi, et révèle ainsi sa portée universelle. Où la logique retrouve ses droits, dans l'exigence d'universalité - mais Kant remarque par ailleurs qu'au sens strict, il n'y a peut-être jamais eu un comportement purement moral au monde... ce qui semble indiquer que, tout en se préoccupant d'être rationnel, l'homme n'obéit pas à la seule logique. [III. Raison et communication] La conception même de la raison a évolué, comme l'a montré, entre autres, Bachelard (La Philosophie du non), en fonction des progrès de la connaissance scientifique : autrefois « statique », elle est aujourd'hui considérée comme « dynamique », tandis que les systèmes logiques se multiplient et se complexifient. Aux deux valeurs classiques de la vérité (le vrai ou le faux), on adjoint d'autres valeurs (le possible, l'aléatoire). Dès lors, la rationalité elle-même présente, et à l'intérieur d'une même société, des niveaux d'exigence différents : un mathématicien plongé dans la recherche n'est pas rationnel de la même façon qu'un élève de terminale, ou que lorsqu'il prend l'autobus.D'autre part, l'ethnologie n'est plus d'avis de considérer comme «pré-logiques » les mentalités des sociétés « primitives » : lorsque Lévi-Strauss cherche à transposer à l'intention d'un lecteur européen certaines règles de parenté en usage dans ces sociétés, il a besoin d'emprunter ses formules à l'algèbre de Boole... Les rationalités sont donc différentes, mais elles sont exigeantes ou contraignantes de manière équivalente, et l'on ne peut plus admettre, comme on le faisait si volontiers au XIXe siècle, que les « primitifs » pensent « n'importe quoi ou n'importe comment ».Aussi ne peut-on définir la raison que par des exigences très générales, qui ne se ramènent plus nécessairement aux principes « universels » ou « éternels » d'Aristote, ou à la logique classique (puisque cette dernière n'est plus qu'une parmi d'autres) : la raison inclut le respect de règles garantissant la communication entre les sujets.

« ses référents dans le domaine empirique.À considérer la science contemporaine, on doit d'abord constater que la mathématisation y a fait de tels progrèsqu'elle permet désormais, du moins dans certains secteurs, d'anticiper sur les données expérimentales (c'est le casdans la « physique théorique »).

Il n'en reste pas moins que le rationalisme ainsi à l'oeuvre est qualifié par Bachelardd'« appliqué » – ce qui désigne la nécessité d'un va-et-vient et d'un enrichissement réciproque entre la théorielogico-mathématique et l'expérience de plus en plus complexe.À cette complémentarité d'un point de vue logique et de ce qui lui est d'abord étranger dont on peut ainsi constaterl'existence dans la science, on peut ajouter une dimension complémentaire, qui concerne l'existence morale.

Celle-cidésigne un univers qui n'est plus seulement celui de la nature extérieure à l'homme, mais qui concerne l'homme lui-même, dans ses relations avec tous les autres.

Wolff prétend la ramener à l'application d'un strict principe d'identité: serait ainsi moral le comportement dont l'aboutissement ne contredit pas le point de départ.

Mais Kant objectequ'on repère ainsi un caractère de la conduite déjà morale, mais non sa condition de possibilité ou ce qui la fonde.En effet, le critère de Wolff devrait considérer comme moral l'individu qui, ayant déjà une mauvaise réputation, faittout ce qu'il peut pour la maintenir, sinon l'empirer...

La solution serait alors, pour Kant, de s'en tenir aux exigencesde l'impératif catégorique : que la maxime qui règle ma volonté puisse être considérée comme loi, et révèle ainsi saportée universelle.

Où la logique retrouve ses droits, dans l'exigence d'universalité – mais Kant remarque par ailleursqu'au sens strict, il n'y a peut-être jamais eu un comportement purement moral au monde...

ce qui semble indiquerque, tout en se préoccupant d'être rationnel, l'homme n'obéit pas à la seule logique. [III.

Raison et communication] La conception même de la raison a évolué, comme l'a montré, entre autres, Bachelard (La Philosophie du non), enfonction des progrès de la connaissance scientifique : autrefois « statique », elle est aujourd'hui considérée comme« dynamique », tandis que les systèmes logiques se multiplient et se complexifient.

Aux deux valeurs classiques de lavérité (le vrai ou le faux), on adjoint d'autres valeurs (le possible, l'aléatoire).

Dès lors, la rationalité elle-mêmeprésente, et à l'intérieur d'une même société, des niveaux d'exigence différents : un mathématicien plongé dans larecherche n'est pas rationnel de la même façon qu'un élève de terminale, ou que lorsqu'il prend l'autobus.D'autre part, l'ethnologie n'est plus d'avis de considérer comme «pré-logiques » les mentalités des sociétés «primitives » : lorsque Lévi-Strauss cherche à transposer à l'intention d'un lecteur européen certaines règles deparenté en usage dans ces sociétés, il a besoin d'emprunter ses formules à l'algèbre de Boole...

Les rationalités sontdonc différentes, mais elles sont exigeantes ou contraignantes de manière équivalente, et l'on ne peut plusadmettre, comme on le faisait si volontiers au XIXe siècle, que les « primitifs » pensent « n'importe quoi ou n'importecomment ».Aussi ne peut-on définir la raison que par des exigences très générales, qui ne se ramènent plus nécessairement auxprincipes « universels » ou « éternels » d'Aristote, ou à la logique classique (puisque cette dernière n'est plus qu'uneparmi d'autres) : la raison inclut le respect de règles garantissant la communication entre les sujets.

C'estrelativement à cette raison assouplie – mais dont les débats peuvent produire, comme l'espère Habermas, laconcorde – que les relations entre hommes peuvent s'organiser, et que le point de vue moral demeure insistant.Mais ce dernier paraît impossible à réduire à la simple application d'une logique quelle qu'elle soit, dès lors qu'unetelle application ferait de la morale un mécanisme supprimant toute notion de responsabilité, de volonté ou deliberté. [Conclusion] Si la raison n'était qu'une affaire de logique, tous les problèmes de l'humanité devraient pouvoir se résoudre par descalculs.

Cela signifierait que le monde humain aurait acquis une telle « pureté » qu'en auraient disparu, entre autreschoses, les sentiments, les passions, tout ce qui, dans l'homme, renvoie à l'unicité de chaque corps ou de chaquesujet.

Ce peut être une définition du totalitarisme (qui possède sa propre logique, particulièrement désastreuse,puisqu'il ne supporte que la stricte identité à un modèle imposé), mais, par chance, il y a dans la raison elle-mêmeune aspiration suffisante à la liberté pour que le refus d'une telle situation paraisse lui-même parfaitement rationnel.. »

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