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La raison est-elle seulement affaire de logique ?

Publié le 04/02/2004

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* Par opposition à l'expérience : faculté de fournir des principes a priori (c'est-à-dire indépendants de l'expérience)

* Au sens objectif : principe d'explication, cause (exemple : les raisons d'un phénomène).

* Argument destiné à légitimer un jugement ou une décision (exemple : donner ses raisons).

[Introduction]

Le vocabulaire non spécialisé distingue volontiers, à partir du substantif « raison «, deux adjectifs que l'on ne peut confondre : d'une part le rationnel, de l'autre le raisonnable. D'un enfant, à partir d'un certain âge, on attend par exemple qu'il sache se montrer raisonnable, mais cela ne signifie pas encore que sa pensée devrait être rigoureusement rationnelle.Une telle distinction a-t-elle un sens durable, ou doit-on admettre qu'en fait, et pour peu qu'on s'intéresse à une raison ayant atteint sa maturité, tout ce qui participe de la raison relève de la seule logique ?

 

• La question peut sembler d'abord déroutante, parce que la réponse paraît aller de soi : il suffit de penser à Kant (raison pure et raison pratique) pour deviner que la logique n'est pas le tout de la raison. • Mais précisément, il ne s'agit pas d'opposer classiquement raison spéculative et raison pratique : la question est plus précise puisqu'elle concerne la logique, au sens strict (qu'il faut savoir repérer). • D'où : la logique intervient-elle aussi dans la morale, ou dans les relations entre les hommes ? • Il n'en reste pas moins que le « seulement « semble suggérer qu'il y aurait bien autre chose, dans la raison, que la logique. • Une difficulté supplémentaire : que peut-on nommer, de manière générale, « la raison « ? Est-elle la même pour Platon que pour Bachelard (mais en s'intéressant à son acception ancienne, on peut trouver des éléments à développer) ?

« [III.

Raison et communication] La conception même de la raison a évolué, comme l'a montré, entre autres, Bachelard (La Philosophie du non), enfonction des progrès de la connaissance scientifique : autrefois « statique », elle est aujourd'hui considérée comme« dynamique », tandis que les systèmes logiques se multiplient et se complexifient.

Aux deux valeurs classiques de lavérité (le vrai ou le faux), on adjoint d'autres valeurs (le possible, l'aléatoire).

Dès lors, la rationalité elle-mêmeprésente, et à l'intérieur d'une même société, des niveaux d'exigence différents : un mathématicien plongé dans larecherche n'est pas rationnel de la même façon qu'un élève de terminale, ou que lorsqu'il prend l'autobus.D'autre part, l'ethnologie n'est plus d'avis de considérer comme «pré-logiques » les mentalités des sociétés «primitives » : lorsque Lévi-Strauss cherche à transposer à l'intention d'un lecteur européen certaines règles deparenté en usage dans ces sociétés, il a besoin d'emprunter ses formules à l'algèbre de Boole...

Les rationalités sontdonc différentes, mais elles sont exigeantes ou contraignantes de manière équivalente, et l'on ne peut plusadmettre, comme on le faisait si volontiers au XIXe siècle, que les « primitifs » pensent « n'importe quoi ou n'importecomment ».Aussi ne peut-on définir la raison que par des exigences très générales, qui ne se ramènent plus nécessairement auxprincipes « universels » ou « éternels » d'Aristote, ou à la logique classique (puisque cette dernière n'est plus qu'uneparmi d'autres) : la raison inclut le respect de règles garantissant la communication entre les sujets.

C'estrelativement à cette raison assouplie – mais dont les débats peuvent produire, comme l'espère Habermas, laconcorde – que les relations entre hommes peuvent s'organiser, et que le point de vue moral demeure insistant.Mais ce dernier paraît impossible à réduire à la simple application d'une logique quelle qu'elle soit, dès lors qu'unetelle application ferait de la morale un mécanisme supprimant toute notion de responsabilité, de volonté ou deliberté. [Conclusion] Si la raison n'était qu'une affaire de logique, tous les problèmes de l'humanité devraient pouvoir se résoudre par descalculs.

Cela signifierait que le monde humain aurait acquis une telle « pureté » qu'en auraient disparu, entre autreschoses, les sentiments, les passions, tout ce qui, dans l'homme, renvoie à l'unicité de chaque corps ou de chaquesujet.

Ce peut être une définition du totalitarisme (qui possède sa propre logique, particulièrement désastreuse,puisqu'il ne supporte que la stricte identité à un modèle imposé), mais, par chance, il y a dans la raison elle-mêmeune aspiration suffisante à la liberté pour que le refus d'une telle situation paraisse lui-même parfaitement rationnel.. »

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