Devoir de Philosophie

Le raisonnable se confond-il avec le rationnel ?

Publié le 28/02/2004

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Mais la forme de l'acte peut différer. L'un d'eux par exemple n'agit conformément au devoir que par intérêt pour conserver une nombreuse clientèle. L'autre ne se contente pas d'agir confor­mément au devoir, il agit par pur respect pour la loi morale. C'est ce dernier seul qui agit moralement, c'est-à-dire dans une bonne intention. Pour Kant le contenu matériel de l'acte n'est pas ce qui détermine le jugement moral. Ainsi «ce qui fait que la bonne volonté est telle ce ne sont pas ses oeuvres ou ses suc­cès». Il n'y a que l'intention qui compte, et alors même que la bonne intention «dans son plus grand effort n'aboutirait à rien, elle n'en brillerait pas moins, ainsi qu'un joyau, de son éclat à elle comme quelque chose qui a en soi sa valeur tout entière». 2° LE RIGORISME DE L'IMPÉRATIF CATÉGORIQUE A partir de là nous comprenons qu'un impératif hypothétique (celui qui est soumis à une condition) n'est pas un impératif moral (par exemple : ne vole pas si tu ne veux pas aller en pri­son). L'impératif moral est toujours catégorique, c'est-à-dire sans condition (ne mens pas, aime ton prochain comme toi-même !) Par là l'impératif catégorique est universel et ne sau­rait changer avec les circonstances. Il reste à se demander comment il se fait que la conscience morale qui se confond avec notre raison s'exprime sous la forme d'un impératif, d'un ordre brutal.
ÉLÉMENTS DE RÉFLEXION  • « Vocabulaire de la philosophie « de Lalande. - Raison : « A. Faculté de raisonner discursivement, de combiner des concepts et des propositions. B. Faculté « de bien juger « c'est-à-dire de discerner le bien et le mal, le vrai et le faux. D. Système de principes a priori dont la vérité ne dépend pas de l'expérience, qui peuvent être logiquement formulés, et dont nous avons une connaissance réfléchie. E. Faculté de connaître d'une vue directe le réel et l'absolu, par opposition à ce qui est apparent ou accidentel. « - Raisonnable : « qui possède la raison définie aux sens A, B, D ou E «. - Rationnel : « Qui appartient à la raison, ou qui lui est conforme, en particulier aux sens B et D. • Identité du rationnel et du raisonnable ? En quoi ? En quel(s) sens ? • Différence(s) entre le rationnel et le raisonnable ? En quoi ? En quel(s) sens ? • L'un est-il la « partie « de l'autre ? • Rapports du rationnel et du raisonnable dans l'oeuvre de Kant. • Comment rendre compte des usages « populaires « de ces termes, et singulièrement de « raisonnable « ?  INDICATIONS DE LECTURE  • Logique de la philosophie de Eric Weil (Vrin). • La Critique de la Raison Pratique de Kant. • La Philosophie pratique de Kant de Victor Delbos (P.U.F.).


« * Troisième moment du texteInterprétation de ce qui précède : raisonnement inductif conduisant à l'hypothèse de l'existence d'une raisonuniverselle, seule capable d'expliquer une certitude accessible à tout homme « qui rentre en lui-même ». * Quatrième moment du texteExemple servant à illustrer la distinction entre la raison universelle et la pseudo-raison d'un homme passionné.Cet exemple, à fonction critique, permet de récuser l'invocation de certains faits pour démentir l'existenced'une raison universelle (qu'un insensé puisse préférer la vie de son cheval à celle de son cocher ne peutcontredire à celle-ci). 2.

Tout d'abord, il faut remarquer l'opposition des deux verbes : avoir, et être.

La possession se distinguenettement de la disposition interne de l'être, par quoi justement un être se définit essentiellement.

On peut,occasionnellement, ou plus durablement, avoir ses raisons, mais lorsqu'on est raisonnable, on manifeste ainsiune propriété de l'être lui-même.

La disposition à l'action raisonnable peu certes rester virtuelle, ou ne semanifester que de temps à autre ; elle n'en figure pas moins dans l'être.

En revanche, les raisons que l'on sedonne, et que l'on a, d'agir de telle ou telle façon, restent en quelque sorte extérieures à l'être lui-même.

Enfait, le mot raison n'a plus du tout le même sens lorsqu'il est au pluriel, et qu'il recouvre, de façon plus oumoins nette, les motifs, voire les mobiles personnels, qu'a un individu d'agir ou de penser comme il le fait.L'adjectif possessif « ses » est ici un élément de relativisation, au regard duquel on soulignera l'exigenced'objectivité qui est évoquée dans l'expression « agir conformément à la raison ».

Avoir ses raisons, c'est doncavoir ses motifs personnels, qui peuvent coïncider, ou non, avec des raisons « objectives » (relevant de laraison), mais ne sont pas a priori acceptables comme tels.

Être raisonnable, c'est penser et/ou agirconformément aux exigences de la raison, celle-ci étant dotée d'un minimum d'existence objective en tant quefaculté de distinguer le vrai et le faux, ou idéal de rationalité dans la conduite de la pensée et de l'action.

Direque l'on a « ses raisons » est donc très équivoque ; on peut toujours s'illusionner sur ses propres motifs, etleur conférer une valeur d'objectivité qu'ils n'ont pas effectivement.

Le sentiment d'« avoir raison », toutsimplement, se substitue à la conscience des raisons que l'on peut avoir, et l'intolérance n'est pas loin si l'onconfond les deux.

On peut aussi avoir de « bonnes raisons », ou de « mauvaises raisons », de faire ceci oucela.

Les premières seront appréciées par rapport à une exigence de vérité et d'authenticité, auxquelles lessecondes ne satisfont pas. 3.

Malebranche évoque ici deux genres de vérités.

Celles qui concernent la connaissance, entendue commedécouverte des relations objectives, existant indépendamment de mon esprit (deux plus deux = quatre), etcelles qui concernent les valeurs, c'est-à-dire les principes qui déterminent l'évaluation des actes et desévénements.

Si l'idée de vérité dans ce domaine est souvent discutée et contestée, elle n'en est pas moinsaffirmée ici comme correspondant à la nature raisonnable de l'homme, notamment à sa faculté d'évaluertoutes choses par rapport aux exigences d'un ordre proprement humain : de ce point de vue, il sembletotalement impensable d'imaginer une hiérarchie des valeurs qui conduirait à préférer la vie d'un animal à celled'un homme.

Il y a donc ici une vérité dont le fondement réside dans la considération de ce qu'est la raisonuniverselle, inscrite selon Malebranche en tout homme, et qui fait de l'homme lui-même une valeur. La morale est rationnelle donc universelle (Kant)Kant, comme tous les grands penseurs du «siècle des lumières », est unhumaniste.

Il ne saurait admettre que la morale se réduise àl'obéissance à un principe extérieur à la personne humaine, que ceprincipe soit un Dieu transcendant qui nous donnerait des ordres sans les justifier ou qu'il soit un État autoritaire qui opprimerait ses sujets sous prétexte de les diriger.

La morale kantienne exclut l'idée que nouspuissions être régis par un autre que nous-même.

Elle exclutl'hétéronomie.

C'est la personne humaine elle-même qui est la mesure et la source du devoir.

L'homme est le créateur des valeurs morales, ildirige lui-même sa conduite sans quoi l'agent moral n'agirait pas maisserait agi.

Telle est l'exigence kantienne d'autonomie. Mais Kant n'est pas seulement un philosophe humaniste du XVII Ie siècle.

Il est aussi le fils d'une mère piétiste (le piétisme est un luthéranisme fervent et très austère).

Élevé dans l'idée que la naturehumaine est corrompue par le péché, Kant se méfie des passions, de lasensibilité, des tendances sponta nées.

La morale du sentiment telle qu'il l'a découverte chez les moralistes anglais de son époque et chez Rousseau l'inquiète.

La morale de l'intérêt lui eût fait horreur.

D'un mot,s'il se refuse à fonder les valeurs sur un principe extérieur à la personnehumaine, il ne veut pas davantage les subordonner à la nature, aux tendances, à la sensibilité.

Le principe du devoir sera pour Kant la pure raison.

Comme chez Rousseau (qu'il a lu attentivement), c'est la conscience qui sera pour Kant la source des valeurs.

Mais il ne s'agit plus d'une conscience ins tinctive et sentimentale, la conscience morale selon Kant n'est rien d'autre que la raison elle- même.. »

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