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est-il raisonnable de lutter contre le temps ?

Publié le 31/08/2005

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temps

3-      Le temps est-il un ennemi (= essentiellement destructeur) ?   Que le temps soit fuite ou passage, nul ne saurait le nier. Pourtant, il y a dans ce passage, comme le montre Aristote (I-1) engendrement, génération. L'intérêt de la pensée bergsonienne est précisément d'avoir mis l'accent sur cet aspect souvent ignoré de l'écoulement du temps. Pour Bergson, non seulement le temps est subjectif, mais il est aussi créateur. En effet, les début de l'évolution créatrice explique que nous avons tendance à découper le temps en parties extérieures et imperméable les unes aux autres de telle sorte que le temps peut être divisé selon un avant et un après. Un tel découpage est pratique au sens d'utile à l'action. Mais pour  Bergson, cette géométrisation du temps élude l'essentiel : la durée. La durée se caractérise par une interpénétration mutuelle de chaque instant, coexistence des parties retenues par la conscience. Ce faisant, le temps n'est pas d'emblée une entité mathématique pouvant être soumis à une mesure objective.

Analyse du sujet :

Ø  Est « raisonnable «, ce qu’on peut ramener ou rapporter à la raison. Toutefois, ce qui n’est pas raisonnable n’est pas strictement irrationnel, terme qui désigne ce qui échappe à la raison en s’y opposant.

Ø  Il s’agira donc d’étudier une conduite qui n’est pas a priori rationnelle, au sens de produit par la raison ou saisissable par elle,  mais qui n’est pas pour autant absolument irrationnelle : l’enjeu du sujet engage un examen du bon sens.

Ø  « Lutter contre le temps « = expression qui présuppose que le temps est dangereux ou qu’il s’inscrit d’emblée dans un rapport conflictuel avec l’homme. Une question à se poser : quel est le caractère propre au temps faisant qu’il faudrait lutter contre lui, le tenir pour un adversaire ? Quelle menace fait-il planer sur nous ?

Ø  De plus, à supposer que le temps doive être combattu, il faudra aussi et surtout se demander de quels moyens nous disposons, (de quelles armes pour ainsi dire), afin de lutter contre lui ?

Ø  Enfin, l’examen de ces armes devra permettre de trancher la question : sont-elles suffisamment puissante pour que la lutte contre le temps ait un sens, c’est-à-dire ait suffisamment de chance d’aboutir pour ne pas faire de ce combat une cause perdue d’avance (auquel cas, lutter n’est pas raisonnable, mais c’est folie, vanité, ou au moins absence de bon sens).

Problématique : De fait, l’existence humaine a pu se développer en mettant en œuvre un certains nombre de moyens pour lutter contre l’effet destructeur du temps (médecine pour ralentir le vieillissement et l’usure de l’organisme, connaissance scientifique et techniques permettant de prévoir des phénomènes et d’agir sur eux …). Cependant ces efforts sont sous tendus par un idéal qui semble impossible : la quête de l’immortalité ou du parfait ; ainsi, il est loisible de se demander s’il est raisonnable de lutter contre le temps. Mais, tenir pour déraisonnable toute tentative pour préserver la vie et la maintenir à l’abri des destructions dues au temps, n’est-ce pas là tout autant une attitude déraisonnable pour autant que le fatalisme engendre l’inaction et la résignation ?  Le temps est-il quelque chose hors de nous ou bien n’est-il pas subjectif de sorte que lutter contre le temps reviendrait davantage à lutter contre nous-mêmes et la pensée que nous avons du temps ? Enfin, le temps est-il essentiellement destructeur ou est-il aussi porteur de nouveautés de sorte qu’il n’y aurait pas nécessairement à lutter contre lui, mais au contraire, tout lieu de nous réjouir de notre finitude ?

 

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« 2- IL EST RAISONNABLE , ET MÊME SOUHAITABLE , DE LUTTER CONTRE LE TEMPS a) contre le fatalisme Mais avant d'examiner en quoi consiste ce travail personnel et intime nous permettant de lutter contre une représentation tragique du temps, il convient d'abord de remarquer en quoi il est nécessaire de faire droit à l'idéed'une lutte du temps comme raisonnable.

En effet, si le temps était absolument hors de notre pouvoir, si, vraiment,il est impossible d'agir sur lui, quel sens y a-t-il encore à vouloir ou espérer dans l'avenir ? Si ce qui doit arriverarrive ( = fatalisme, doctrine selon laquelle tout est réglé d'avance par les dieux qui décident à notre place de notredestin), autant ne rien faire.

Voilà pourquoi il semble nécessaire de ne pas faire de la lutte contre le temps uneconduite déraisonnable et absolument vaine.

b) le temps est subjectif : lutter contre lui ou contre la pensée de la mort ? C'est souvent dans la vieillesse, à l'approche de la mort que la volonté de lutter contre le temps est à son comble : en effet le temps ici se fait meurtrier : le néant est ce qui attend chacun. Aussi, le moyen le plus raisonnable pour lutter contre le temps semble être la réflexion d'Epicure selon laquelle la mort n'est rien pour nous : l'angoissante idée du néant, de nous même n'existant plus, n'a pas à être sourced'angoisse puisque ne plus être = ne plus penser ni même sentir.

La mort n'étant réellement rien, la recommandationd'Epicure est célèbre : « carpe diem », dit-il, « cueille le jour ! » Transition :Le temps n'est destructeur, non pas en lui-même, mais parce que nous l'éprouvons comme tel.

Lutter contre letemps est donc une attitude raisonnable pour autant qu'elle nous délivre de l'angoisse de mourir, de la peur dunéant.Finalement, à la pensée selon laquelle le temps est destructeur, non pas par essence, mais parce que nous lepercevons ainsi, ne faut-il pas aller plus loin et montrer que la manière la plus efficace et complète de lutter contrele temps ( = abolir totalement cette pensée d'un temps corrupteur et effrayant) est encore de se concentrerexclusivement sur son aspect créateur ? 3- LE TEMPS EST -IL UN ENNEMI (= ESSENTIELLEMENT DESTRUCTEUR ) ? Que le temps soit fuite ou passage, nul ne saurait le nier.

Pourtant, il y a dans ce passage, comme le montre Aristote (I-1) engendrement , génération. L'intérêt de la pensée bergsonienne est précisément d'avoir mis l'accent sur cet aspect souvent ignoré de l'écoulement du temps.

Pour Bergson, non seulement le temps est subjectif, mais il est aussi créateur.

En effet, lesdébut de l'évolution créatrice explique que nous avons tendance à découper le temps en parties extérieures et imperméable les unes aux autres de telle sorte que le temps peut être divisé selon un avant et un après.

Un teldécoupage est pratique au sens d'utile à l'action.

Mais pour Bergson, cette géométrisation du temps éludel'essentiel : la durée.

La durée se caractérise par une interpénétration mutuelle de chaque instant, coexistence desparties retenues par la conscience.

Ce faisant, le temps n'est pas d'emblée une entité mathématique pouvant êtresoumis à une mesure objective. Cette subjectivité essentielle du temps et le fait que le temps est indissociable d'une histoire personnelle, individuelle, permet à Bergson d'argumenter en faveur d'un temps créateur : rien ne se reproduit jamais deux fois àl'identique contrairement au postulat de la science et au principe de causalité qui soutient le prévisibilité desphénomènes (une cause donnée, l'effet s'ensuit nécessairement, partout et toujours).

Pour moi, chaque chose estpourvue d'une originalité qui en fait tout l'intérêt.

(la répétition du même n'engendre-t-elle pas l'ennui ?) Conclusion : Lutter contre le temps = vouloir le retour du même, le prévisible, le confort.

Cet aspect est évidemment constructeur d'une certaine adaptation de l'homme à son milieu : la division géométrique en instants, ledécoupage mathématique du temps, permet de prévoir et d'agir sur son milieu.

Cependant, il ne faut pas en tirerargument pour refuser le devenir : le changement, le mouvement, la nouveauté sont ce sans quoi vivre serait sansattrait.

Ainsi la question de savoir s'il est raisonnable de lutter contre le temps dépend fortement du but que l'onassigne à une telle lutte : restreinte à la sphère pratique, ou à la question de la « survie », cette lutte estraisonnable et même souhaitable ; sur le plan existentiel, en revanche, si elle est subordonnée à une quête de lapermanence et de la prévisibilité, elle est absurde : le temps n'est pas un ennemi, mais il est essentiellementcréateur.. »

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