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Rapports entre la recherche et la création artistique

Publié le 14/10/2011

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A travers la découverte de la musique française que fait Jean-Christophe, s'exprime l'un des problèmes de la création artistique et de son appréhension par le public. Bien des oeuvres musicales ou littéraires contemporaines ne nous paraissent pas posséder la force de celles que nous possédons depuis longtemps.

« Sous la grâce nonchalante et le dilettantisme apparent de ces peti­ tes pièces pour piano, de ces chansons, de cette musique française de chambre, sur laquelle l'art allemand ne daignait pas lever les yeux, et dont Christophe lui-même avait négligé la poétique virtuosité, il commençait à entrevoir la fièvre de renouvellement, l'inquiétude - inconnue de l'autre côté du Rhin -avec laquelle les musiciens fran­ çais cherchaient dans les terrains incultes de leur art les germes qui pouvaient féconder l'avenir.

Tandis que les musiciens allemands s'immobilisaient dans les campements de leurs pères et prétendaient arrêter l'évolution du monde à la barrière de leurs victoires passées, le monde continuait de marcher; et les Français en tête se lançaient à la découverte; ils exploraient les lointains de l'art, les soleils éteints et les soleils qui s'allument, et la Grèce disparue et l'Extrême-Orient rou­ vrant à la lumière, après des siècles de sommeil, ses larges yeux fen­ dus, pleins de rêves immenses.

Dans la musique d'Occident, canali­ sée par le génie d'ordre et de raison classique, ils levaient les écluses des anciens modes; ils faisaient dériver dans leurs bassins de Versail­ les toutes les eaux de l'univers : mélodies et rythmes populaires, gammes exotiques et antiques, genres d'intervalles nouveaux ou renouvelés.

Comme, avant eux, leurs peintres impressionnistes avaient ouvert à l'œil un monde nouveau -Christophes Colombs de la lumière - leurs musiciens s'acharnaient à la conquête de l'univers des sons; ils pénétraient plus avant dans les retraites mystérieuses de l'ouïe; ils découvraient des terres inconnues dans cette mer intérieure.

Plus que probablement, d'ailleurs, ils ne feraient rien de leurs conquê­ tes.

Suivant leur habitude , ils étaient les fourriers du monde .

Christophe admirait l'initiative de cette musique qui renaissait d'hier, et qui déjà marchait à l'avant-garde.

Quelle vaillance il y avait dans cette élégante et menue petite personne! Il devenait indulgent pour les sott ises que naguère il avait relevées en elle.

Seuls, ceux qui ne font rien ne se trompent jamais.

Mais l'erreur qui s'efforce vers la vérité vivante est plus féconde que la vérité morte.

Romain ROLLAND, Jean-Christophe, Albin Michel.

D Résumé Christophe commence à comprendre que l'intérêt de la musique française de chambre réside dans son effort de recherche .

Les. »

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