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Les rapports de la politique et de la morale ?

Publié le 18/02/2004

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morale
.. Ils craignent moins d'offenser celui qui se fait aimer que celui qui se fait craindre» (Ibid., chap. XVII). 2° On trouverait des conceptions analogues chez tous les défenseurs des régimes autoritaires et de la «raison d'État ». C'est ainsi que, pour le philosophe anglais HoBBES, théoricien du despotisme dans son Léviathan (1650), c'est la volonté seule du souverain qui décide du juste et de l'injuste : le bien est ce qu'il décrète, le mal ce qu'il interdit. 3° De nos jours enfin, les mêmes affirmations se retrouvent chez tous les partisans de l'absolutisme ou du totalitarisme, quelles que soient par ailleurs les tendances politiques auxquelles ils se rattachent. C'est ainsi qu'en France l'école dite du «nationalisme intégral» avait choisi la formule « par tous les moyens » comme la maxime de son action. « L'infaillible moyen, écrivait Ch. MAURRAS (La Démocratie religieuse, p. 245), d'égarer quiconque s'aventure dans l'activité politique, c'est d'évoquer inopinément le concept de la pure morale au moment même où l'on ne doit étudier que des rapports de faits et leurs combinaisons.
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« La vision marxienne du communisme Selon Marx, le travail, libéré de l'aliénation issue de la propriétéprivée des moyens de production, donnera naissance à une sociétésans classe.

En effet, le prolétariat constitué en classe dominantedétruit par la violence l'ancien régime de production et anéantit parlà même les conditions de l'antagonisme des classes.

En mettant finà celui-ci, il détruit aussi sa propre domination comme classe[Manifeste..., p.

69-701.

Les détracteurs de Marx, et en premierlieu Proudhon, ont vu, dans cette proposition d'une sociétécommuniste sans classe, la fin de l'histoire.

Prenant appui sur lamaxime du Manifeste selon laquelle « l'histoire de toute sociétéjusqu'à nos jours n'a été que l'histoire des luttes de classes », cesdétracteurs avançaient qu'une société sans classe était unesociété sans histoire.

Marx, au contraire, considère que l'histoirecontinue dans le communisme, au-delà de l'antagonisme de classesqui est détruit.

Tous les textes de Marx et d'Engels s'accordent surce point, des textes philosophiques de jeunesse au Capital, auManifeste ou aux textes plus sociologiques d'Engels : «Dans sonprincipe, le communisme se situe au-dessus de l'antagonisme entrebourgeoisie et prolétariat ; il le reconnaît dans sa signification historique pour le temps présent, mais ne le considère pas comme justifié pour l'avenir ; il veutprécisément abolircet antagonisme » [La Situation de la classe laborieuse en Angleterre, p.

359].La fin de l'antagonisme de classes, avec l'abolition de la propriété privée et de toutes les aliénations quilui sont liées, signifie « le retour de l'homme hors de la religion, de la famille, de l'État, etc., à sonexistence humaine, c'est-à-dire sociale » [Manuscrits de 1844, p.

88].

C'est l'occasion pour Marx dedéfinir la place de l'homme dans la société et dans la nature et de développer sa conception de l'individuen tant qu'être social [ibid., p.

88-89].

En même temps, le communisme n'est défini que par antithèse : «Il n'est pas en tant que tel le but du développement humain, la forme de la société humaine » [ibid., p.99].

Plus encore, écrivent Marx et Engels, il « n'est pour nous ni un état qui doit être créé, ni un idéal surlequel la réalité devra se régler.» [L'idéologie allemande].

Dans la société communiste pourront émerger denouvelles tensions ou de nouvelles contradictions, évidemment fort éloignées de celles que nousconnaissons dans le régime de propriété privée des moyens de production. B.

— Discussion .

Quelles que soient leurs différences d'inspiration, toutes ces doctrines reposent sur un prétendu «réalisme », d'allure tantôt positiviste (Maurras), tantôt explicitement matérialiste (Hobbes, Lénine),qui prétend ne connaître que des rapports de faits.

— 1° Elles méconnaissent ainsi une réalité fondamentale, àsavoir que la vie sociale est faite non seulement de réalités matérielles, de rapports de forces, de conflitsd'intérêts, mais aussi et peut-être surtout du culte de certaines valeurs (sujets 114-117, 119-121, etc.),parmi lesquelles les valeurs morales tiennent une place éminente.

— 2° Elles aboutissent ainsi, en réduisant cequi doit être à ce qui se fait (c'est déjà très net chez Machiavel), à nier toute morale.

Machiavel prend commeprétexte que les hommes sont méchants et lâches ; Hobbes pose en principe qu'à l'état de nature «l'hommeest un loup pour l'homme ».

« Si cette raison était bonne, objecte Paul JANET, elle vaudrait contre la moraleprivée tout aussi bien que contre la morale publique.

Faut-il donc en conclure que les hommes doivent sedispenser de toute vertu, parce qu'ils ne peuvent atteindre qu'à une vertu imparfaite? Ainsi des politiques :accordons-leur que l'honnêteté parfaite est impossible ; il n'en est pas moins vrai que cette honnêteté parfaiteest la loi obligatoire de leurs actions.

Autrement, c'est faire de l'exception la règle, ou plutôt c'est détruiretoute règle.» — 3° Tout aussi dangereuse est la maxime que «le salut du peuple est la loi suprême ».«Admettez un instant, dit JANET, cette raison mystérieuse du salut public, aussitôt tout est permis ; car il esttoujours possible d'affirmer que telle action, telle mesure est nécessaire au salut du peuple.» Il en va du «machiavélisme populaire » comme du « machiavélisme princier ».

« Quelques-uns ne voient dans lemachiavélisme que l'art de tromper ; et, dans leur mépris pour les mensonges des cours, ils sont pleinsd'indulgence pour les fureurs des multitudes.

Mais le machiavélisme n'est pas seulement cette finesse puérile etfrivole qui se sert de la parole pour cacher la pensée : c'est une politique cauteleuse et violente selon lebesoin, tantôt couverte et tantôt déclarée, et qui emploie aussi volontiers le fer et la cruauté que la fraude etla trahison ; elle peut donc convenir aux peuples comme aux cours ; et, dans ce sens, le terrorisme lui-mêmeest machiavélisme». II.

La politique absorbée dans la morale. A l'opposé des doctrines qui nient la morale au profit de la politique, se trouveraient celles qui méconnaissent laspécificité propre de la politique et prétendent l'absorber dans la morale. A.

— On peut considérer la doctrine de PLATON, surtout dans la République, comme l'expression de cette façonde voir.

Selon Platon, en effet, la fin de l'État est de faire régner la vertu et, par suite, le gouvernement doit. »

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