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« La recherche du passé » traduit-elle, selon vous, « l'existence [...] d'un regret, d'une nostalgie » ?

Publié le 02/03/2011

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C'est que la fin du XIXe et et le début du XXe siècle, d'abord saisis d'une admiration fervente devant la technique, voient le développement intensif de celle-ci affirmer une société des machines et progrès technologiques, matériels, telle que suspicion et même peur surgissent devant les déséquilibres économiques et sociaux qui s'en suivent. L'homme est frappé d'un déséquilibre moral et spirituel. « Quiconque lutte dans l'unique espoir de biens matériels [...] ne récolte rien qui vaille de vivre «, constate Saint-Exupéry. Cette peur multipliée, surtout depuis la crise, par celle d'un Futur incertain et inquiétant pousse à rêver au rythme de vie d'autrefois. Les folklores et coutumes locales ont presque disparu et comme on ne peut guère obtenir qu'une résurgence plaquée sur l'actuel, on regrette...   

« d'arrêts dans le passé ; il repose sur une urgence : ce ne sont même plus des souvenirs personnels qui sontrecherchés, l'objet est un témoin, un rappel des efforts de l'homme, il devient porteur d'une sorte de reconnaissanceattendrie, évoque le caractère d'un peuple, d'une classe sociale, illustre l'accord intime entre les hommes, leurcivilisation, d'une part, et le résultat de leur créativité et de leurs besoins, d'autre part.

Il faudrait citer les poèmesd'Arthur Rimbaud : Le Buffet ou de Francis James : La Chaise... La recherche du passé dépasse donc bien souvent sensiblerie et sensibilité.

S'il ne se réduit pas à une admirationbéate dénuée d'esprit critique, le respect du passé est constructif : « Les vrais hommes de progrès sont ceux quiont pour point de départ un respect profond du passé », constate Renan.

Notre être est modelé par l'addition defaits, habitudes, mécanismes souvent ancestraux (Freud le met en valeur). Pour ne citer que des exemples littéraires, même les mouvements qui renient vigoureusement ce qui les a précédésn'échappent pas vraiment aux précurseurs.

Le surréalisme, entre autres, s'est prétendu mouvement de révolte et derupture, mais il ranime une tradition qui remonte au Romantisme, ses recherches ont tourmenté la poésie françaisedepuis Baudelaire ; et Nerval, Lautréamont, Rimbaud avaient pressenti cette « poésie pilote » à laquelle Breton, le «pape » du surréalisme, assigne le rôle « d'expérimenter et d'exprimer [...] la vraie vie ». Ainsi, même lorsqu'elle est niée, la dette des hommes envers leurs prédécesseurs est considérable et la recherchedu passé devient tremplin des « bâtisses » du présent (Lavisse).

« Tout ce que nous faisons, tout ce que noussommes est l'aboutissement d'un travail séculaire » (Renan).

Tirer parti de ce qui a été déjà pensé, dit, écrit,devient tremplin de la réflexion personnelle.

Voir Montaigne dans sa « librairie » (= bibliothèque) et ce qu'il écrit à cepropos dans Les Essais.

Certaines écoles revendiquent même cette utilisation de l'héritage culturel.

Exemple : laPléiade, imprégnée de l'Antiquité gréco-romaine.

Autre exemple : le classicisme, tout marqué du respect de latradition antique et de la recherche de toutes les influences pour les assimiler.

Ainsi La Fontaine, Racine, Molière se font-ils gloire de « devoir » à leurprédécesseurs.

« Je prends mon bien où je le trouve » (Molière). De même l'Histoire n'est pas, comme a l'air de le juger P.

Gascar, à identifier uniquement à la connaissance dupassé ; c'est une conception très « XIXe siècle » ; dès les Grecs anciens, l'Histoire étudiait autant le présent que lepassé (Thucydide, ou chez les Romains : Salluste) et cherchait à relier le présent au passé (Hérodote,Xénophon,...).

L'École des Annales et Fernand Braudel montrent bien, à notre époque, que l'Histoire, non contentede reconstituer et reproduire le passé, doit aider les citoyens à rendre intelligibles les problèmes du présent encherchant leur origine dans le passé.

Exemples : Fernand Braudel, La Méditerranée à l'époque de Philippe II ouLucien Febvre, Pour une Histoire à part entière. 4.

Conclusion Ainsi la jouissance nostalgique de rêves de vie d'autrefois n'est guère nécessaire ni profitable.

On risque de laisserdissoudre sa personnalité dans des époques passées ou des stéréotypes surannés, car diviniser certains vestiges dupassé intimide l'action, paralyse dans un aveuglement malsain.

Il ne faut donc pas rendre au passé un cultelénifiant. Cependant il faut s'appuyer sur lui pour comprendre le présent et préparer l'avenir.

Le Passé, l'apport des siècles,la recherche conduite sur ces assises de l'humanité sont riches d'enseignement, permettent par les réflexions ouméditations qu'ils suscitent de « mieux vivre aujourd'hui » (P.

Serrant).. »

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