Devoir de Philosophie

La recherche de la sagesse et de l'épanouissement peut-elle être indépendante de la connaissance du monde ?

Publié le 17/02/2004

Extrait du document

Davantage que l'art grec, l'art égyptien est un art profondément religieux, art qui confirme le point de vue de Hegel selon lequel: « C'est la vérité divine que l'art offre à la contemplation intuitive et au sentiment, et c'est cette vérité qui constitue le centre du monde de l'art tout entier [... ]» Ce qui, soit dit en passant, permet de comprendre que de la mort des dieux devra résulter la mort de l'art en général. Comme le dit Panofsky, l'art égyptien n'est pas imitation, mais reconstruction. Puisque c'est l'eïdos du défunt qui est mystiquement reconstitué, tout réalisme, tout souci du détail serait superflu. Ce sont les attributs essentiels et immortels d'un grand personnage qu'il s'agit de rendre présents ; et par rapport à cette exaltation de l'éternel, le plaisir du spectateur est absolument négligeable. À la différence des canons immuables qui régissent dans l'art égyptien la figuration du corps humain, les canons mis en oeuvre dans l'art grec ont considérablement évolué. Ils devaient concilier trois exigences, celle, géométrique et normative, des proportions idéales du corps ou encore celle de l'harmonie des parties entre elles, et vis-à-vis du tout; celle ensuite du réalisme, c'est-à-dire d'une fidélité relative à l'individuel, et aux variations anatomiques empiriques; celle enfin esthétique de la satisfaction visuelle du spectateur. Par rapport à l'exigence initialement normative qui fut celle d'un Polyclète, qui cherchait une beauté pure et quasi mathématique, ce fut le réalisme et même le naturalisme qui finirent par l'emporter. L'art de l'apparence illusoire l'emportait sur l'art de la copie. Pourtant la « mimèsis » des apparences resta longtemps tempérée par la recherche d'un modèle idéal, troisième voie que Platon n'avait pas imaginée.

« le monde, d'en admirer la beauté.

La vie active est conçue comme coupée de la vie spéculative, seule digne non seulement des hommes, mais des dieux. Descartes subvertit la tradition.

D'une part, il cherche des « connaissances qui soient fort utiles à la vie », d'autre part la science cartésienne ne contemple plus les choses de la nature, mais construit des objets de connaissance.

Avec le cartésianisme, un idéal d'action, de maîtrise s'introduit au coeur même de l'activité deconnaître.La science antique & la philosophie chrétienne étaient désintéressées ; Descartes veut, lui, une « philosophie pratique ».

« Ce qui n'est pas seulement à désirer pour l'invention d'une infinité d'artifices qui feraient qu'onjouirait sans aucune peine des fruits de la terre et de toutes les commodités qui s'y trouvent, mais principalement aussi pour la conservation de la santé [...] » La nature ne se contemple plus, elle se domine.

Elle ne chante plus les louanges de Dieu, elle est offerte àl'homme pour qu'il l'exploite et s'en rende « comme maître & possesseur ».Or, non seulement la compréhension de la science se voit transformée, mais dans un même mouvement, celle de la technique.

Si la science peut devenir pratique (et non plus seulement spéculative), c'est qu'elle peut s'appliquer dans une technique.

La technique n'est plus un art, un savoir-faire, une routine, elle devient une science appliquée.D'une part, il s'agit de connaître les éléments « aussi distinctement que nous connaissons les métiers de nosartisans ».

Puis « de les employer de même façon à tous les usages auxquels ils sont propres ».

Il n'est pasindifférent que l'activité artisanale devienne le modèle de la connaissance.

On connaît comme on agit ou on transforme, et dans un même but.

La nature désenchantée n'est plus qu'un matériau offert à l'action de l'homme, dans son propre intérêt.

Connaître et fabriquer vont de pair.D'autre part, il s'agit « d'inventer une infinité d'artifices » pour jouir sans aucune peine de ce que fournit la nature.

La salut de l'homme provient de sa capacité à maîtriser et même dominer techniquement, artificiellement la nature. Ce projet d'une science intéressée, qui doive nous rendre apte à dominer et exploiter techniquement unenature désenchantée est encore le nôtre.Or la formule de Descartes est aussi précise que glacée ; il faut nous rendre « comme maître et possesseur de la nature ».

« Comme », car Dieu seul est véritablement maître & possesseur.

Cependant, l'homme est icidécrit comme un sujet qui a tous les droits sur une nature qui lui appartient (« possesseur »), et qui peut enfaire ce que bon lui semble dans son propre intérêt (« maître »).Pour qu'un tel projet soit possible, il faut avoir vidé la nature de toute forme de vie qui pourrait limiter l'action de l'homme , et poser des bornes à ses désirs de domination & d'exploitation.

C'est ce qu'a fait la métaphysique cartésienne, en établissant une différence radicale de nature entre corps & esprit.

Ce qui relèvedu corps n'est qu'une matière inerte, régie par les lois de la mécanique.

De même en assimilant les animaux à des machines, Descartes vide la notion de vie de tout contenu.

Précisons enfin que l'époque de Descartes est celle où Harvey découvre la circulation sanguine, où le corps commence à être désacralisé, et les tabous touchant la dissection, à tomber. Car ce qu'il y a de tout à fait remarquable dans le texte, c'est que le projet de domination technicienne de la nature ne concerne pas que la nature extérieure et l'exploitation des ressources naturelles.

La « philosophie pratique » est utile « principalement aussi pour la conservation de la santé ».

Le corps humain lui aussi, dans ce qu'il a de naturel, est objet de science, et même objet principal de la science.

« S'il est possible de trouver quelque moyen qui rende les hommes plus sages et plus habiles qu'ils n'ont été jusqu'ici, je crois que c'estdans la médecine qu'on doit le chercher.

» La véritable libération des hommes ne viendrait pas selon Descartes de la politique, mais de la technique et de la médecine.

Nous deviendrons « plus sages & plus habiles », nous vivrons mieux, en nous rendant « commemaîtres & possesseurs de la nature ».

La science n'a pas d'autre but. L'art est aussi le signe du progrès humainLes grands chefs-d'oeuvre mettent en lumière les capacités de l'homme à créer.

L'art signe même la présence de la culture humaine.

Culture s'entendant comme tout ce qui s'ajoute à la nature.

Le développement de l'art est donc aussi le signe du progrès humain.

La diversité des oeuvres, l'originalité et l'intemporalité des créations artistiques traduisent au fond la liberté de l'homme.

Proudhon dira que "L'art c'est la liberté même." PROUST : Les gens de goût nous disent aujourd'hui que Renoir est un grand peintre du 18e siècle.

Mais en disant cela ils oublient le Temps et qu'il en a fallu beaucoup, même en plein 19e, pour que Renoir fûtsalué grand artiste.

Pour réussir à être ainsi reconnus, le peintre original, l'artiste original procèdent à la façon des oculistes.

Le traitement par leur peinture, par le prose, n'est pas toujours agréable.

Quand ilest terminé, le praticien nous dit Maintenant regardez ! Et voici que le monde (qui n'a pas été créé unefois, mais aussi souvent qu'un artiste original est survenu) nous apparaît entièrement différent del'ancien, mais parfaitement clair.

Des femmes passent dans la rue, différentes de celles d'autrefois, puisque ce sont des Renoir, ces Renoir où nous nous refusions jadis à voir des femmes.

Les voituresaussi sont des Renoir, et l'eau, et le ciel : nous avons envie de nous promener dans la forêt pareille à celle qui le premier jour nous semblait tout excepté une forêt, et par exemple une tapisserie aux nuancesnombreuses mais où manquaient justement les nuances propres aux forêts.

Tel est l'univers nouveau etpérissable qui vient d'être créé.

Il durera jusqu'à la prochaine catastrophe géologique que déchaîneront un nouveau peintre ou un nouvel écrivain originaux.[...] Et j'arrivais à me demander s'il y avait quelque vérité en cette distinction que nous faisons toujoursentre l'art, qui n'est pas plus avancé qu'au temps d'Homère, et la science aux progrès continus.

Peut- être l'art ressemblait-il au contraire en cela à la science, chaque nouvel écrivain original me semblait en. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles