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REFUSER LA NATURE HUMAINE ?

Publié le 15/03/2004

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Mais, ajoute Lévi-Strauss, « si tous ces phénomènes plaident par leur présence, ils sont plus éloquents encore -et dans un tout autre sens, par leur pauvreté ». De plus, et c'est là sans doute la caractéristique la plus importante, « la vie sociale des singes ne se prête à la formulation d'aucune norme ». A partir de cette constatation, Lévi-Strauss indique ce qui lui semble être le critère de la culture : « Partout où la règle se manifeste, nous savons avec certitude être à l'étage de la culture. » Mais les règles institutionnelles qui fondent la culture sont particulières et varient d'une société à l'autre. On peut donc affirmer que l'universel, ce qui est commun à tous les hommes, et la marque de leur nature. C'est donc ce double critère de la norme (règle) et de l'universalité qui permet -dans certain cas- de séparer les éléments naturels des éléments culturels chez l'homme : « Posons donc que tout ce qui est universel chez l'homme relève de la nature et se caractérise par la spontanéité, que tout ce qui est astreint à une norme appartient à la culture et présente les attributs du relatif et du particulier. » Mais ce double critère posé, nous nous trouvons confrontés avec un fait unique en son genre : la prohibition de l'inceste. Celle-ci, en tant qu'institution relève de la règle et donc de la culture. Mais, en même temps, elle est un phénomène universel et semble donc relever de la nature. Une contradiction donc, un mystère redoutable : « La prohibition de l'inceste possède, à la fois, l'universalité des tendances et des instincts, et le caractère coercitif des lois et des institutions.

« [On peut considérer qu'il existe une «essence» ou une «nature humaine».

C'est-à-dire un ensemble depropriétés spécifiques, fixes et universelles, qui définissent l'homme en soi.

Cette essence se réalise dans les existences individuelles.] L'essence précède l'existenceL'essentialisme est une position qui affirme l'existence d'une nature humaine (nature prise au sens d'essence).Ainsi, pour le spiritualisme chrétien classique, toute existence présuppose une essence.

La Nature, l'homme nepeuvent se comprendre que lorsqu'on remonte à un être transcendant.

Dieu a pensé l'homme à la manière d'unébéniste qui conçoit la table avant de la construire et cette pensée divine de l'homme, c'est la nature oul'essence humaine.

La création, c'est l'existence donnée à cette pensée.

L'essence, chez l'homme, est doncpréalable à l'existence.

En Dieu seul, l'existence est inséparable de l'existence.

Il est dans la nature de Dieud'exister.

Dieu est sa propre cause.

Il est celui qui a créé et qui donc explique, fonde et justifie l'homme et lemonde.Cette idée que l'essence précède l'existence ou que l'homme avant de naître a une nature ou une essencetoute fixée n'est pas l'apanage exclusif des spiritualistes chrétiens.

On la retrouve, dit Sartre, chez lesphilosophes athées du XVIII ième siècle : « Dans l'athéisme des philosophes, la notion de Dieu est supprimée,mais non pas pour autant l'idée que l'essence précède l'existence.

Cette idée nous la retrouvons un peupartout : chez Diderot, chez Voltaire et même chez Kant.

» Pour les philosophes, dit Sartre, « l'homme estpossesseur d'une nature humaine ; cette nature humaine, qui est le concept humain, se retrouve chez tousles hommes, ce qui signifie que chaque homme est un exemple particulier du concept universel, l'homme.

» («L'existentialisme est un humanisme.

») Il y a des propriétés exclusivement humainesAvec le rationalisme classique, on peut considérer que l'homme a des qualités spécifiques (le langage, lafabrication d'outils par exemple) et que l'ensemble de ces propriétés constitue sa nature Lévi-Strauss écrit:«Ce qui est constant chez tous les hommes échappe nécessairement au domaine des coutumes, destechniques et des institutions.» (Structures élémentaires de la parenté).Où finit la nature ? Où commence la culture ?Dans « Les structures élémentaires de la parenté », Lévi-Strauss a tenté de répondre à cette doublequestion.La première méthode, dit-il, et la plus simple pour repérer ce qui est naturel en l'homme, consisterait à l'isolerun enfant nouveau-né, et à observer pendant les premiers jours de sa naissance.

Mais une telle approches'avère peu certaine parce qu'un enfant né est déjà un enfant conditionné.

Une partie du biologique à lanaissance est déjà fortement socialisé.

En particulier les conditions de vie de la mère pendant la périodeprécédant l'accouchement constituent des conditions sociales pouvant influer sur le développement del'enfant.

On ne peut donc espérer trouver chez l'homme l'illustration de comportement préculturel.La deuxième méthode consisterait à recréer ce qui est préculturel en l'animal.

Observons les insectes.

Queconstatons-nous ? Que les conduites essentielles à la survivance de l'individu et de l'espèce sont transmiseshéréditairement.

Les instincts, l'équipement anatomique sont tout.

Nulle trace de ce qu'on pourrait appeler «le modèle culturel universel » (langage, outil, institutions sociales, et système de valeurs esthétiques, moralesou religieuses).Tournons-nous alors vers les mammifères supérieurs.

Nous constatons qu'il n'existe, au niveau du langage, desoutils, des institutions, des valeurs que de pauvres esquisses, de simples ébauches.

Même les grands singes,dit Lévi-Strauss, sont décourageants à cet égard : « Aucun obstacle anatomique n'interdit au singe d'articulerles sons du langage, et même des ensembles syllabiques, on ne peut qu'être frappé davantage par sa totaleincapacité d'attribuer aux sons émis ou entendus le caractères de signes .

» Les recherches poursuivies cesdernières décennies montret, dit Lévi-Strauss que « dans certaines limites le chimpanzé peut utiliser des outilsélémentaires et éventuellement en improviser », que « des relations temporaires de solidarité et desubordination peuvent apparaître et se défaire au sein d'un groupe donné » et enfin qu' « on peut se plaire àreconnaître dans certaines attitudes singulières l'esquisse de formes désintéressées d'activité ou decontemplation ».

Mais, ajoute Lévi-Strauss, « si tous ces phénomènes plaident par leur présence, ils sont pluséloquents encore –et dans un tout autre sens, par leur pauvreté ».

De plus, et c'est là sans doute lacaractéristique la plus importante, « la vie sociale des singes ne se prête à la formulation d'aucune norme ».A partir de cette constatation, Lévi-Strauss indique ce qui lui semble être le critère de la culture : « Partoutoù la règle se manifeste, nous savons avec certitude être à l'étage de la culture.

» Mais les règlesinstitutionnelles qui fondent la culture sont particulières et varient d'une société à l'autre.

On peut doncaffirmer que l'universel, ce qui est commun à tous les hommes, et la marque de leur nature.

C'est donc cedouble critère de la norme (règle) et de l'universalité qui permet –dans certain cas- de séparer les éléments. »

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