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Les relations humaines se réduisent-elles a un échange ?

Publié le 14/11/2005

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Lorsque le sens commun aborde la notion de relations humaines, il trouve en elles une base, un fondement social : l'échange. C'est en effet toujours un échange qui caractérise, au fond, toutes les actions humaines produites en société. Une parole adressée à autrui caractérise l'attente d'une compréhension, voire d'une parole en retour de la part de cet autre. Même un acte qui semble, de prime abord, n'attendre rien en retour peut-être compris comme échange autistique : le chasseur solitaire qui tue, pour sa consommation, un animal échange bien du loisir et des munitions contre de la nourriture. En consultant le dictionnaire, l'échange y est caractérisé comme moyen, pour les groupes sociaux, d'établir et de maintenir des relations entre eux et semble donc être le fondement de tout agir humain inscrit dans toute société. Le mariage, la parenté, le don sont des exemples, parmi tant d'autres des relations d'échange social. L'échange peut également se définir comme acte économique, comme cession de biens ou de services en vue de contreparties. Mais alors, toutes les relations humaines doivent-elle être comprises comme actes intéressés ? N'est-ce pas réducteur de penser ainsi les relations humaines ?

« même (cf.

Fondements de la métaphysique des mœurs mais également Critique de la raison pratique ).

L'échange ne serait l'essence de relations qu'intéressées et donc impropres moralement.

L'acte moralement pur sera celui,désintéressé, d'une « volonté bonne ».

Mais de l'aveu même de Kant, celle-ci ne s'apprend ni ne s'acquiert ; elle estle fait (et Kant dit lui-même qu'il n'en a encore jamais constaté chez ses semblables tant les hommes sont faits« d'un bois courbe ») d'exceptions, de volontés humaines semblables au plus pur des diamants (cf.

Fondements de la métaphysique des mœurs ).

La maxime de toute action pure, désintéressée dans sa relation à autrui est ainsi exprimée par Kant : « Agis toujours de telle sorte que tu traites l'humanité en toi et chez lesautres comme une fin et jamais comme un moyen. » Le devoir est une loi de la raison. «Agis de telle sorte que tu traites l'humanité aussi bien dans ta personne quedans la personne de tout autre toujours en même temps comme une fin etjamais simplement comme un moyen.» Kant, Fondements de la métaphysiquedes moeurs (1785). • L'impératif catégorique de Kant est distinct du commandement christiquequant à son fondement.

En effet le commandement d'amour du Christ vient del'extérieur et est fondé sur un commandement antérieur qui prescritl'obéissance inconditionnelle au Christ.

L'impératif kantien vient, lui, de laraison.

C'est en nous-mêmes que nous le trouvons, comme une structure denotre propre esprit, qui fonde notre moralité.• Que ce soit un «impératif» ne signifie pas que nous soyons contraints ànous y plier, mais il est en nous comme une règle selon laquelle nous pouvonsmesurer si nos actions sont morales ou non (d'où la «mauvaise conscience»).• Il se distingue aussi par sa portée.

En effet, traiter les autres «comme une fin» ne signifie pas nécessairement les «aimer».

C'est à la fois moins exigeant, car il s'agit «seulement» de lesrespecter, en reconnaissant en eux la dignité humaine.

Mais c'est aussi plus exigeant, car il faut maintenir le respectmême quand on n'aime pas! C'est là que le «devoir» est ressenti comme tel. La relation d'amitié est aujourd'hui généralement définie comme une sympathie durable entre deux êtres.

Mais ellen'est pas sans rappeler que l'échange est toujours présent dans celle-ci et pas nécessairement réducteur.

Elleimplique souvent un partage de valeurs morales communes.

Une relation d'amitié peut prendre alors différentesformes ; de l'entraide, l'écoute réciproque, à l'échange de conseils, au soutien, en passant par le partage de loisirs.Edgar Morin rappelle ici que l'échange, loin d'être la valeur décadente de l'amour en général, en est le moteurmême : « [...] L'amour fait communiquer et unit ce qui sinon ne se rencontrerait jamais; la communication fait aimer cequi sinon ne se rencontrerait jamais » (tome 1 de La méthode : La nature de la nature). Conclusion Les relations humaines, si elles peuvent se réduire à la notion d'échange, ne doivent cependant pas s'appuyer sur une définition réductrice et fallacieuse de cette notion. L'échange amoureux, amical, économique, culturel, social est plus qu'un simple échange, il est le moteur même de ce qui fait notre spécificité humaine : sentiment de proximité, sympathie, conscience de notre lien,indépassable, avec autrui.

Reste à penser la possibilité problématique de la relation purement désintéressée.Est-elle vraiment pensable ?. »

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