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La religion exclut-elle l'usage de la raison ?

Publié le 20/03/2004

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religion

Et enfin, le « croire en « manifeste une conviction, une confiance absolue. Dans une perspective rationaliste, on peut dire que :

  • L'opinion est subjectivement et objectivement insuffisante.
  • La foi est subjectivement suffisante et objectivement insuffisante.
  • La science est subjectivement et objectivement suffisante. Dans cette perspective, il y aurait une insuffisance de la foi par rapport à la science. D'où, la nécessité pour le rationalisme de tenter de prouver (par des arguments rationnels) l'existence de Dieu. Qu'est-ce qui distingue la religion de la philosophie ? Si philosophie et religion convergent sur quelques points (interrogation sur l'au-delà du sensible, immortalité de l'âme, destin de l'humanité et finalité de l'existence), elles ne se fondent pas sur les mêmes sources. LA religion admet une Révélation, la philosophie soumet toute affirmation à la critique rationnelle. Aussi, ne faut-il pas confondre le révélé et l'avéré.

■ Mots clés • religion : étymologiquement, ce mot a une triple origine : - il vient du latin religio qui désignait des nœuds de paille servant à fixer entre elles les poutres des ponts. Le pontifex, chef suprême de la religion chez les Romains, était le « bâtisseur de ponts « ; - il vient du latin relegere qui signifie « recueillir, récolter scrupuleusement « ; - le christianisme a associé religio et relegere, « relier « : la religion est un lien qui relie l'homme à Dieu. • exclure : éliminer, bannir, supprimer. • raison : entendement, bon sens ; vient du latin ratio qui signifie « calcul «. La raison est la faculté de raisonner, de former des idées et de les agencer logiquement. C'est la faculté de connaître rationnellement   foi, croyance).

  • La philosophie doit, selon Feuerbach, entreprendre la « critique de la déraison pure «, c'est-à-dire du christianisme ; en cela, il s'oppose à Kant, qui envisage la possibilité d'une religion rationnelle. Si la Critique de la raison pure a bien montré qu'aucune preuve de l'existence de Dieu n'était recevable, Kant y explique également que l'existence de Dieu est un postulat nécessaire de la raison pratique. Le devoir en effet semble aller à rencontre de notre bonheur personnel : dans ce monde, il n'est pas possible de penser le juste rapport entre bonheur et vertu. Pour que le devoir lui-même ne sombre pas dans l'absurde, il faut alors nécessairement postuler l'existence d'un Dieu juste et bon qui garantira ailleurs et plus tard la correspondance du bonheur et de la moralité. Cette « religion dans les simples limites de la raison « n'est pas la religion des prêtres : pas de culte, pas de clergé, ni même de prières, c'est une pure exigence de la raison pratique qui pose que Dieu existe, même si la raison théorique ne pourra jamais le démontrer.
religion

« Je crois parce quec'est absurde.

SaintAugustin Cette phrase définit la foi.

Nous n'avons nulle preuve del'existence de Dieu.

Croire en Dieu (ou n'y pas croire) relèved'un choix d'existence mais qui reste infondable en raison. Dans une perspective fidéiste, au contraire, on ne peut accéder à une vérité religieuse que par la seule foi sansaucun recours à la raison : celle-ci éloigne de Dieu.

Aussi , le croyant doit totalement s'abandonner aux seulesprincipes de la Révélation .

« La foi est différente de la preuve : l'un est humaine, l'autre est un don de Dieu »(Pascal). Pour Kierkegaard il n'y a pas non plus de démonstration possible de Dieu.

Onne prouve pas une existence, on l 'éprouve.

Se convertir c'est se détourner de la raison.

Il faut croire sans raisons ni preuves: « C'est donc sur la foiobjective qu'on spécule.

Qu'est-ce que cela veut dire la foi objective ? Celaveut dire une somme de propositions [...] La foi objective, c'est comme si lechristianisme était annoncé comme un petit système, pas si bonnaturellement que celui de Hegel, c'est comme si le Christ [...] avait étéprofesseur et que les Apôtres aient constitué une petite société savante.

» Le paradigme de la foi est le drame d'Abraham qui reçut de Dieu l'ordred'immoler son fils Isaac sur une montagne de Moriyya (« Crainte &Tremblement »).

Scandale absolu.

Injustifiable par la théologie rationnelle, cartoute tentative de justification fait de Dieu un donneur de leçon soumettantla foi à l'épreuve, et d'Abraham un ratiocineur spéculant sur les intentionsdivines.

Le sens de la foi est d'être une obéissance sans condition, envers etcontre les certitudes de l'homme éthique et au-delà de toute supputation.L'Absolu est étranger à tout compromis entre foi et raison, foi et monde :Dieu est étranger à tout ce qui est mondain.

D'un point de vue objectif, sousl'angle du général et de la morale du stade éthique, fidèle au devoir, laconduite d'Abraham paraît celle d'un meurtrier, même si le meurtre n'est pasaccompli (cf.

formalisme kantien).

D'un point de vue moral, on dira d'Abraham qu'il a voulu tuer Isaac.

D'un point de vue religieux, qu'il a voulu le sacrifier.

Morale et foi ne se superposent pas : lafoi est passion de l'infini et la morale est raison du fini.

Cette exigence du devoir absolu envers Dieu prime sur lamorale et en suspend la validité, ce que Kierkegaard appelle la « suspension téléologique de la morale ».

L'hommequi, comme Abraham, opte pour la foi, par le rapport absolu avec l'Absolu répond à l'ordre divin au risque d'entrer enrupture avec les autres hommes et avec la morale.

Le religieux est le domaine de la solitude.

Celui qui a opté pour lafoi est habité par les mêmes appréhensions qui animèrent Abraham durant son voyage vers la montagne du sacrifice.La foi n'est pas la condition du bien-être et du bonheur mais incertitude, « Crainte et tremblement », conditionterrible du Christ souffrant sa « Passion »...

S'efforcer de devenir chrétien, c'est accepter d'être attisé par latempête.

Toutes les tempêtes.

Au fond de cette solitude, de cette souffrance, nulle voix humaine.

Il n'y a guèreque l'angoisse qui soit une certitude.

La foi est à la fois certitude angoissée et angoisse certaine d'elle-même.

Croireou ne pas croire, telle que la question que pose Kierkegaard.

La foi est décision, incertitude inhérente au choixsubjectif, vérité pour moi : « Il s'agit de trouver une vérité qui soit une pour moi, de trouver l'idée pour laquelle jeveux vivre ou mourir ».

Puisque l'existence est désespérée (le désespoir naît de l'excès ou du manque de possibilitéqui s'offre au moi dans sa confrontation à l'être), la foi est une espérance désespérée envers celui à qui tout estpossible: « Espérant contre toute espérance, il crut...

» dit saint Paul d'Abraham, le Chevalier de la foi (« Epîtresaux romains ») Elle est un mouvement en vertu de l'absurde, car c'est précisément lorsqu'il n'y a plus de raison decroire qu'elle prend tout son sens et sa valeur.

C'est pourquoi la foi ne se prouve pas, elle s'éprouve dans l'épreuvesans que jamais on puisse savoir qu'il s'agit bien d'une épreuve.

L'épreuve n'est rien d'autre que l'existence elle-même.

Et puisqu'il n'y a pas d'existence sans croyance (en général), l'existence authentique est une croyancepassionnée.

L'expérience religieuse est la passion de l'intériorité comprise comme tension irréductible entre doute&foi.

Alors que la théologie rationnelle tentait de surmonter le doute par une dialectique de la raison et de la foi,Kierkegaard place le doute au coeur de l'expérience religieuse en opposant la raison et la foi.

La parole de Dieu elle-même s'évanouit dans le silence de l'intériorité.

La foi ne vit plus de la réitération publique de ses incarnations, elleperd la parole de Dieu elle-même s'évanouit dans le silence de l'intériorité.

La foi ne vit plus de la réitération publiquede ses incarnations, elle perd la parole pour faire place au silence terrible où l'individu ne sait plus distinguer entre lecommandement divin et l'intimité personnelle.

C'est donc dans « la crainte et le tremblement » que la décisionéthique trouvera son fondement.

Fondement sans fond...

abîme de l'intériorité.

Mais le paradoxe ne s'arrête pas là.Car une existence livrée à l'angoisse en recevrait encore la signification.

Kierkegaard rappelle que la foi estespérance.

La révélation chrétienne, distincte du spiritualisme païen, appréhende le sentiment de culpabilité commela conscience d'une faute commise envers Dieu.

Mais le sens du péché est aussi celui de la rédemption.

La foiapporte donc l'heureuse espérance du salut et le sentiment intime de la béatitude.

D'où la « contradiction religieuse: se trouver sur 70000 brasses d'eau et tout de même être heureux en même temps » (« Etapes »).

« Etretranquillement assis dans un bateau par un temps calme n'est pas une image de la foi, mais quand il y a une voied'eau dans le bateau, alors, dans l'enthousiasme, maintenir le bateau en état à l'aide de pompes et pourtant ne paschercher à rentrer dans le port : voilà l'image de la foi.

Si l'image ne peut exprimer la longueur du temps, cela tient àson imperfection, mais la foi dure.

Pendant que l'intelligence, comme un passager désespéré, tend ses bras vers laterre ferme, mais en vain, la foi travaille de toutes ses forces en profondeur : joyeusement et triomphalement elle. »

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