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Religion, révélation et raison ?

Publié le 27/03/2004

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religion

Un reflet d'un monde à l'envers, ne serait-il pas à l'endroit ? A partir de là, Marx, dans une expression toute romantique, et avec une accumulation presque baroque des termes, entreprend de particulariser les mille et un aspects de la religion. Toujours par rapport au monde, en marquant son aspect théorique (au sens d'abstrait) : « La religion c'est la théorie générale de ce monde « (à l'envers). Cette théorie n'est pas quelque chose de concret, une simple manière de voir (théorie veut dire aussi contempler, observer...), sans le plein du réel, seulement un vide : le vide de la conscience, définie déjà comme écart. Et Marx de dévaloriser la religion : non pas une encyclopédie, mais seulement un abrégé (« compendium «) ; non pas une logique sous une forme noble, mais seulement sous une forme populaire ; un point d'honneur chevaleresque, mais seulement spiritualiste (et sans doute déjà démodé). Les termes employés pour définir la  religion (enthousiasme, sanction morale) expriment a contrario (à l'envers) le monde qu'elle reflète : sans enthousiasme, sans morale, sans honneur. Monde pénible, dont il faut se consoler, monde injustifiable, qu'il faut pourtant justifier. D'où l'énoncé, non seulement de la définition de la religion, mais de sa fonction sociale,, tout entière tournée vers la réhabilitation d'un monde catastrophique. De même qu'il faut aller au fond des choses pour mener la critique irréligieuse, il faut aller au fond des choses, pour comprendre la fonction de la religion.

La "révélation" est de nature événementielle, elle porte sur une origine, un événement fondateur, et permet l'élaboration d'un récit, d'une histoire. Que cette histoire soit factuelle ou mythique le problème théorique est celui de la liberté de l'homme au sein d'un devenir dont il n'est pas le principe.

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« contre la déité.

Si le remords devenu péché, faute est fortifié par l'existence de Dieu, il n'en demeure pas moinsque la primauté, le fondement appartient bien au « tribunal » de la conscience avant celui du « Jugement dernier ». ¨ Pour synthétiser et en termes pascaliens, on peut dire, que la morale sans la religion, et comme le droit (raison) sans la force.

Et que la religion sans la morale est la force sans le droit (raison). Dans la préface de la première édition de la « Religion dans les limites de la simple raison », Kant affirme que la morale n'a nullement besoin de la religion : « La morale, qui est fondée sur le concept de l'homme en tant qu'être libre, s'obligeant pour cela même, par sa raison, à des lois inconditionnées, n'a besoin ni de l'Idée d'un Etre différent,supérieur à lui pour qu'il connaisse son devoir, ni d'un autre mobile que la loi même, pour qu'il l'observe. » Toutefois il existe entre la morale et la religion un rapport étroit, et nous avons vu dans la « Critique de la Raison Pratique » que l'idée de Dieu, si elle n'était pas nécessaire pour fonder la morale, se trouvait du moins fondée par elle. Les marques de la véritable Eglise sont : l'universalité, la pureté.

Elle doit être purgée de l'imbécillité de lasuperstition et de la folie du fanatisme » Toutefois, étant donné la faiblesse humaine , la pure foi religieuse ne suffit pas à donner une Eglise.

Les hommesn'arrivent pas à se persuader qu'il faut agir par devoir et que cela seul constitue l'obéissance à Dieu ; ils veulentservir Dieu comme on sert un grand seigneur dans le monde.

Si bien qu'une « religion culturelle » s'ajoute à la religion purement morale. Cependant les croyances de l'Eglise statutaire précèdent ordinairement la vraie foi, puisqu'elles servent à larépandre.

Et cela ne va pas sans danger.

Il est à craindre en effet que ces croyances ne finissent par se substituerà la vrai foi.

Aussi est-il nécessaire d'interpréter celles-ci au moyen de celle-là, de chercher la conformité de la foihistorique à la raison pratique.

Kant distingue la religion révélée et la religion naturelle.

Dans la première, je reconnais comme devoir ce que je sais être un commandement divin ; dans la seconde, au contraire, je reconnaiscomme commandement divin ce que je sais être un devoir : « il faut que la raison humaine universelle, l'élément de la religion naturelle, soit reconnue et honorée dans la dogmatique chrétienne comme le suprême principe souverain,mais que la doctrine de la révélation sur laquelle on fonde une Eglise, et à laquelle des savants sont nécessaires enqualité d'exégètes et de conservateurs, soit aimée et cultivée comme simple moyen, hautement estimable d'ailleurs,pour rendre la première de ces doctrines accessibles même à l'intelligence des ignorants et pour lui donner del'extension et de la persistance ». Le faux culte intervient dès que la foi statutaire n'est plus subordonnée à la foi naturelle, à la loi morale, dès qu'ellen'est plus un simple véhicule de celle-ci, mais qu'elle devient une fin en soi.

La lettre supplante alors l'esprit, lespratiques extérieures se substituent à la vrai foi.

Le prêtre cesse d'être un serviteur, un ministre de l'Eglise, pourdevenir un fonctionnaire.

On tombe alors dans la superstition religieuse : « la folie de croire que, par les religieux du culte, on peut faire quelque chose pour sa justification devant Dieu, c'est la superstition religieuse .

» A cette corruption de la vraie foi, le remède est de prendre la conscience pour « guide en matière de foi ».

Ce n'estpas la prière qui sauvera l'homme ; elle n'est qu'un moyen de ranimer en nous l'intention morale, et nullement unmoyen de grâce.

Ce n'est pas non plus la fréquentation de l'église, simple moyen d'édification pour chacun enparticulier, et devoir des fidèles en tant que membres d'une Eglise visible.

Ce n'est pas davantage la consécrationpar le baptême ou la communion.

Encore une fois, l'homme ne doit pas compter sur un secours extérieur, parceque : « ce qui doit nous être imputé à titre de bonne conduite morale ne devrait pas s'effectuer grâce à une influence étrangère, mais uniquement par l'usage le meilleur possible de nos propres forces ». Ainsi apparaît à nouveau le primat de la raison pratique, législatrice souveraine, à laquelle la religion même estsubordonnée.

L'homme est seul avec sa conscience et il n'y a pas de favoris du ciel.

Nous avons tous les mêmesarmes pour un même combat, et chacun fait son propre salut. Kant était fortement attaché aux principes religieux qu'il avait reçus de sa mère, et c'est pour tenter d'accorder ces principes aux thèses de son rationalisme moral qu'il écrivit la « Religion dans les limites de la simple raison ». Le christianisme n'est raisonnable que dans la mesure où il est moral et le principe moral qu'il contient n'est pasthéologique.

A la question : à quelles conditions une religion est-elle possible, le philosophe critique répond enarguant du fait rationnel du devoir.

En ce point, il n'y a aucune ambiguïté : inféoder la conduite éthique à descommandements divins serait restaurer une hétéronomie qui ruine la liberté.

L'éthique est autosuffisante.

C'estl'éthique qui exige qu'on postule l'existence d'un Dieu susceptible de rendre possible la réalisation du Souverain Bien.La morale conduit à la religion qui ne la fonde pas La religion n'est, en ce qu'elle est raisonnable, que l'Idée d'unlégislateur moral suprême supposé.

La religion représente tous les devoirs comme des ordres divins.

Mais nos devoirsne sont précisément pas des ordres divins.

La religion relève de l'ordre régulateur du « Comme si ». 3.

La critique de la religion comme aliénationC'est la religion qui, par essence, entretient les illusions et les mystifications.

En projetant dans l'au-delà lapossibilité du bonheur, elle rend impossible l'idée d'un bonheur ici-bas (Feuerbach).

La religion console l'homme de samisère sociale, mais elle entretient l'aliénation : la religion est l'opium du peuple (Marx).. »

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