Devoir de Philosophie

Les résistants à Freud

Publié le 27/02/2004

Extrait du document

freud
Au contraire dit Sartre la psychanalyse existentielle rejette le postulat de l'inconscient et affirme que pour elle " le fait psychique est coextensif à la conscience " (p 630). Mais la conscience ne s'identifie pas, selon une longue tradition rationaliste, à la connaissance : il y a donc du conscient non connu qui se manifeste notamment dans la vie affective et émotive et dans les conduites par rapport à autrui. Sartre reprend la thèse phénoménologique de la conscience comme acte de visée du monde non pas comme chose mais comme signification et introduit l'idée de cogito préréflexif comme condition du cogito cartésien. La critique de la psychanalyse s'articule autour de deux thèses fondamentales: d'une part le mécanisme de censure est contradictoire puisqu'il suppose que ce qui est refoulé, l'inconscient et ses contenus est tout d'abord connu par la conscience, d'autre part la conception freudienne de la sexualité, de la libido comme énergie sexuelle est un pur biologisme ou naturalisme qui replace donc l'homme dans la nature et l'instinct. A cet inconscient obscur en nous Sartre substitue la mauvaise foi comme conduite de fuite et de négation et oppose au déterminisme psychique la liberté, en situation, dans un monde aliéné, comme choix et projet. " L'homme est obscur en lui-même; cela est à savoir. Seulement il faut éviter ici plusieurs erreurs que fonde le terme d'inconscient. La plus grave de ces erreurs est de croire que l'inconscient est un autre Moi; un Moi qui a ses préjugés, ses passions et ses ruses, une sorte de mauvais ange, diabolique conseiller. Contre quoi il faut comprendre qu'il n'y a point de pensées en nous sinon par l'unique sujet, Je. Cette remarque est d'ordre moral.
freud

« un esclave reçu en héritage et dont il faut s'arranger.

L'inconscient est une méprise sur le Moi, c'est une idolâtrie ducorps.

On a peur de son inconscient; là se trouve logée la faute capitale.

Un autre Moi me conduit qui me connaît etque je connais mal.

L'hérédité est un fantôme du même genre.

"Voilà mon père.

qui se réveille; voilà celui qui meconduit.

Je suis par lui possédé..." En somme, il n'y a pas d'inconvénient à employer couramment le terme d'inconscient: c'est un abrégé dumécanisme.

Mais, si on le grossit, alors commence l'erreur; et bien pis, c'est une faute." Alain, Eléments dephilosophie (p.

147-148, 1959) Inconscient et liberté. Alain: l'inconscient, une idolâtrie du corps Pour Alain, l'existence d'un inconscient échappant totalement à la conscience est une absurdité, car commentrendre conscient quelque chose qui ne l'est pas ? II n'y a donc pas, comme le pense Freud, un autre moi appeléinconscient.

L inconscient, c'est le corps, c'est-à-dire quelque chose de physiologique, de nerveux.

On idolâtre doncle corps lorsqu'on juxtapose un second moi au moi conscient. Alain , professeur de philosophie, journaliste, écrivain se consacre à la diffusion d'une pensée rationaliste qui réfute les courants à la mode au profit de la « grande philosophie » traditionnelle, représentée, selon lui, par Platon , Descartes , Hegel , Comte .

Il considère la philosophie comme un instrument de libération où l'esprit maîtrise l'imagination et les désordres de la passion.

Cette victoire de la raison, qui est toujours à recommencer, passe par lasoumission du corps et le rejet des inerties « qui, si on n'y prend garde, prennent le masque de la pensée. » Aussi Alain refuse-t-il, chaque fois qu'il a à s'exprimer sur ce point, la croyance à l'inconscient.

Dans « Eléments de philosophie », il écrit : « L'inconscient est une méprise sur le moi, c'est une idolâtrie du corps.

On a peur de l'inconscient ; là se trouve logée la faute capitale.

Un autre moi me conduit qui me connaît et que jeconnais mal.

L'hérédité est un fantôme du même genre. » (Livre II, chapitre XVI). Ici la formule est empreinte d'une certaine réserve, mais souvent la dénonciation est beaucoup plusviolente.

Ainsi, dans son « Histoire de mes pensées », il écrit : « J'allais ainsi contre le plus fort préjugé des temps modernes ; et de toute façon je devais être jugé sévèrement par tous les docteurs, du moment que jen'adorais pas à quatre pattes l'inconscient, le subconscient, le seuil de conscience, et d'autres articles de laphilosophie simiesque .

» En tout cas, elle est de principe : « Dans les disputes sur l'inconscient, où, contre toutes les autorités établies et reconnues, je ne cède js un pouce de terrain » (« Sentiments, Passions et Signes »). Ce n'est certes pas, on s'en doute qu‘ Alain ignore tout de Freud (pour l'inconscient psychique), ou de Darwin (Pour les lois de l'hérédité).

« Qu'un mécanisme semblable à l'instinct des bêtes nous fasse souvent parler et agir, et par suite penser, cela est connu et hors de discussion » (« Sentiments, Passions et Signes »).

On ne peut pas dire non plus qu' Alain n'ait pas un moment essayé de comprendre cette doctrine : « Ne cherchez jamais à quoi pense un foi, mais plutôt observez comment un dérangement mécanique produit des signes qui n'ont pas desens […].

Je pensais à ces choses comme je lisais la « Psychanalyse de Freud ; ce n'est qu'un art de deviner ce quin'est point » (« Propos », « Signes ambigus », 17 juillet 1922). Ou encore dans un « Propos » antérieur : « Cette idée de l'inconscient, tant vantée et si bien vendue, je n'en fais rien ; […] quand j'ai voulu en user, afin de me mettre à la mode, elle n'a rien saisi de l'homme, ni rienéclairé » (« Fantômes », 23 septembre 1921). Il s'agit, pour Alain , de quelque chose de plus qu'une simple question de mots.

Il estime qu'on ne peut aucunement, à partir des doctrines sur l'inconscient ou l'hérédité, fonder une quelconque morale : « Le public comme les auteurs n'ont point coutume de dire conscience morale ; ils disent conscience, et tout est dit », ou encore, « J'étais aidé par la langue commune, qui n'admet point d'autre sens du mot conscience que celui qui implique le jugement moral. » ( Alain , « Histoire de mes pensées « ).

Au contraire, lorsque Freud parle d'inconscient, il le fait en référence à la conscience psychologique, et pas du tout par rapport à la consciencemorale. Certes la conscience est toujours double, car la conscience oppose toujours ce qui devrait être à ce quiest.

« La conscience suppose une séparation de moi d'avec moi, en même temps qu'une reprise de ce qu'on juge insuffisant, qu'il faut pourtant sauver. » Il s'agit là, comme le dit Alain , d'une « conception héroïque de la morale », qui explique parfaitement que l'inconscient ne soit alors conçu que comme « une conscience subalterne, errante et séparé », à proprement parler comme quelque chose d'inintéressant, sinon d'impossible. Ce qui est en jeu, pour Alain , c'est un conflit sans cesse recommencé entre les passions (l'inconscient) et la raison (le conscient), ou, plus simplement encore, entre le corps et l'esprit.

Les partisans de l'inconscientestiment sans doute que les signes qui viennent du corps sont des pensées qui méritent d'être interprétées ; pourles tenants du rationalisme, il n'y a de pensées véritables qu'en liaison avec une extrême attention.

Une « pensée qui n'est point formée en pleine attention » n'est pas une pensée du tout. La fabrique de notre corps peut produire des suites de paroles et de gestes par le simple jeu de l'excitationet de la fatigue.

Et parce que je suis homme (et d'emblée crédule), je suis porté à croire que « tous mes. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles