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Le respect des règles de la logique limite-t-il la liberté de penser ?

Publié le 13/02/2004

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Dans tous ces cas, il y a limitation de la liberté. » Kant, Qu'est-ce que les Lumières ? 1784. « L'État qui enlève aux hommes la possibilité de communiquer publiquement leurs pensées leur ôte en même temps la liberté de penser. » Kant, Qu'est-ce que s'orienter dans la pensée?, 1786.Pour Kant en effet, nous pensons d'autant plus librement que nous avons accès à la pensée des autres et que nous pouvons publiquement leur faire part de nos propres pensées. Où il n'y a pas de liberté d'expression, il n'y a pas de liberté de penser. « Non seulement cette liberté [de juger] peut être accordée sans danger pour la piété et la paix de l'État, mais même on ne pourrait la supprimer sans détruire la paix de l'État et la piété. » Spinoza, Traité théologico-politique, 1670.

On ne peut penser n'importe quoi, n'importe comment. S'il veut rendre compte adéquatement de la réalité, l'esprit doit obéir aux règles de la logique. La cohérence et la rigueur sont les clés d'une pensée juste. Mais, l'esprit ne se réduit pas à la logique. C'est en sachant s'affranchir des régles que l'esprit devient vraiment fécond. Que l'on songe aux puissances de l'imagination.

« [On ne peut pas penser n'importe quoi, n'importe comment.

Pour ne pas se détacher de la réalité, l'esprit est tenu à la cohérence et à la rigueur.

Il est soumis nécessairement aux règles de la logique.] L'esprit doit suivre des règlesCeux qui cherchent le droit chemin de la vérité ne doivent s'occuper d'aucun objet dont ils ne puissent avoirune certitude égale à celle des démonstrations de l'arithmétique et de la géométrie», dit Descartes dans lesRègles pour la direction de l'esprit.

Pour penser droitement, l'esprit doit se soumettre à des règles sans quoi ilrisque l'erreur.

Mais quelles sont ces règles de la méthode cartésienne ?La vérité est une notion si claire et si évidente qu'il est impossible de l'ignorer.

Elle est même une idée innée,car il est impossible d'apprendre ce qu'elle est.

On ne peut en effet être en accord ou en désaccord aveccelui qui nous en propose une définition, si au préalable on ne sait s'il dit vrai ou faux.

Il faut donc savoir,antérieurement à toute définition, ce qu'est la vérité pour acquiescer ou non à la définition qu'on lui suppose.Traditionnellement, on peut donc admettre la définition scolastique de la vérité comme adéquation de l'espritet de la chose (adaequatio rei et intellectus), mais il est impossible de fournir des règles logiques qui nous enmontrent la nature propre.

La vérité est par conséquent un accord, une correspondance, un juste rapport,une adéquation, qui se donnent dans l'évidence, la clarté, et la simplicité.

La seule règle de nos vérités est la"lumière naturelle" que nous avons tous en partage : "Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée[...] la puissance de bien juger, et distinguer le vrai d'avec le faux, qui est proprement ce qu'on nomme le bonsens, ou la raison est naturellement égale en tous les hommes." Mais si nul ne se plaint de son jugement,rares sont ceux qui se servent correctement de cette lumière naturelle.

Ceci explique que beaucoups'enferrent dans les mêmes erreurs, et souvent pour les mêmes raisons : la première règle de la méthode nousrappelle qu'il ne faut s'en tenir qu'à la seule et simple évidence, et qu'il faut éviter avec soin la prévention etla précipitation.

Nombreux sont ceux qui préjugent, par impatience ou légèreté d'esprit, au lieu de prendre letemps de considérer avec clarté, distinction et évidence, les données du problème qu'il faut juger.

Ladécouverte de la vérité est à la portée de tous, puisque nous disposons tous du même instrument universelqu'est la raison, mais il convient de s'y employer avec patience et persévérance.

Nous devrions nous fier à laseule lumière naturelle ou intuitus mentis, et nous méfier plus souvent de nos instincts ou impulsions naturellesqui, si elles visent naturellement notre propre conservation, nous mènent souvent bien loin du droit chemin. Les règles de la méthode Le problème de la vérité semble donc se réduire à une question deméthode.

Si la faculté ne fait défaut chez personne, la lumière naturelleou la raison étant identique en chacun, son application doit être réglée.La logique, la géométrie et l'algèbre, trois sciences vraies, peuventservir de modèle pour établir une méthode universelle permettant des'acheminer sans peine sur la voie de la vérité, à la condition de lesdébarrasser de leur superflu et de leurs défauts.

La logique est en effetembarrassée de nombreux syllogismes qui ne nous apprennent rien quel'on ne sache déjà.

Le syllogisme explique ou développe laconnaissance, mais ne l'étend d'aucune manière.

La géométrie, limitée àla considération des figures dans l'espace, "exerce l'entendement enfatiguant beaucoup l'imagination".

Enfin l'algèbre, outre qu'elle traite de"matières fort abstraites qui ne semblent d'aucun usage", est tropdépendante des règles et des chiffres pour ne pas être parfois confuseet obscure.

Il suffit de tirer de ces trois disciplines un petit nombre derègles pour établir une méthode universelle de la vérité qui servira entous les cas, à la condition qu'on s'attache à les respecterscrupuleusement.

La première règle est celle de l'évidence : "nerecevoir jamais aucune chose pour vraie que je ne la connusseévidemment être telle".

Pour cela il faut éviter la précipitation et laprévention.

La précipitation est une impatience qui nous fait juger ou conclure trop tôt ; et la prévention estun parti pris ou un préjugé qui fait obstacle à la considération rationnelle d'un problème, ou encore unedisposition d'esprit affective ou sentimentale qui nous pousse sans raison d'un côté plutôt que de l'autre,avant même que nous ayons soigneusement examiné la question.

Cette première règle revient à n'admettreque ce qui se présente "si clairement et si distinctement à mon esprit que je n'eusse aucune occasion de lemettre en doute".

La deuxième règle est une règle de division ou d'analyse.

Pour chaque problème donné, ilconvient de le diviser en ses parties élémentaires.

La difficulté apparente se résorbe lorsque la complexité est. »

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