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Rêver est-ce s'abstenir de penser ?

Publié le 27/02/2004

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une lumière se leva pour tous les physiciens. Ils comprirent que la raison ne perçoit que ce qu'elle produit elle-même d'après ses propres plans, qu'elle doit prendre les devants [...] et forcer la nature à répondre à ses questions [...] car sinon les observations, faites au hasard, sans plan tracé d'avance, ne se rattacheraient pas à une loi nécessaire, ce que la raison pourtant recherche et exige. » Reste à montrer grâce à un exemple pourquoi Bachelard déclare que l'esprit scientifique « juge son passé en le condamnant ». Bachelard affirme : « Il n'y a pas de transition entre le système de Newton et le système d'Einstein. On ne va du premier au second en amassant des connaissances [...]  Il faut au contraire un effort de nouveauté totale. » Pour Bachelard en effet, les idées et connaissances héritées finissent par former une sorte « d'inconscient » scientifique, qui produit l'impression que tel ou tel axiome, tel ou tel concept sont évidents et vont de soi. Or, « Toute vérité nouvelle naît malgré l'évidence, toute expérience nouvelle malgré l'évidence immédiate.

« « ...

Devant le réel le plus complexe, si nous étions livrés à nous-mêmes c'est du côtédu pittoresque, du pouvoir évocateur que nous chercherions la connaissance; le mondeserait notre représentation.

Par contre si nous étions livrés tout entiers à la société, c'estdu côté du général, de l'utile, du convenu que nous chercherions la connaissance; le mondeserait notre convention.

En fait la vérité scientifique est une prédiction, mieux uneprédication.

Nous appelons les esprits à la convergence en annonçant la nouvellescientifique, en transmettant du même coup une pensée et une expérience, liant la pensée àl'expérience dans une vérification: le monde scientifique est donc notre vérification.

Au-dessus du sujet, au delà de l'objet immédiat la science moderne se fonde sur le projet.

Dansla pensée scientifique la méditation de l'objet par le sujet prend toujours la forme du projet. [...] Déjà l'observation a besoin d'un corps de précautions qui conduisent à réfléchiravant de regarder, qui réforment du moins la première vision de sorte que ce n'est jamais lapremière observation qui est la bonne.

L'observation scientifique est toujours uneobservation polémique; elle confirme ou infirme une thèse antérieure. Naturellement dès qu'on passe de l'observation à l'expérimentation, le caractèrepolémique de la connaissance devient plus net encore.

Alors il faut que le phénomène soittrié, filtré, épuré, coulé dans le moule des instruments...

Or les instruments ne sont que desthéories matérialisées.

Il en sort des phénomènes qui portent de toute part la marquethéorique..

» Gaston BACHELARD Bachelard a contribué à donner à l'épistémologie française ses lettres de noblesse, en particulier en déclarant dès les premières pages de « La formation de l'esprit scientifique » (1938) : « C'est en terme d'obstacle qu'il faut poser le problème de la connaissance scientifique. » Bachelard s ‘est battu contre deux idées fausses portant sur les sciences, répandues dans le public.

D'une part, celle qui veut que le savant arrive pour ainsi dire l'esprit « vierge » devant les phénomènes à étudier, d'autre part celle qui voit le développement des sciences commeune simple accumulation de connaissance, un progrès linéaire. En affirmant cette citation, il souhaite montrer les difficultés inhérentes à l'acte même de connaître.

Les obstacles à une connaissancescientifique ne viennent pas d'abord de la complexité des phénomènes àétudier, mais des préjugés, des habitude de savoir, des héritages noninterrogés.

« Quand il se présente à la culture scientifique, l'esprit n'est jamais jeune.

Il est même très vieux, car il a l'âge de ses préjugés.

» La première bataille à livrer pour accéder à la connaissance scientifique estdonc une bataille contre soi-même, contre le sens commun auquel le savantadhère spontanément.

C'est une bataille contre l'opinion : « L'opinion pense mal, elle ne pense pas, elle traduit des besoins en connaissance.

» Ainsi les travaux de Bachelard peuvent-ils être compris comme une « psychanalyse de la connaissance ». Mais il va plus loin : « En fait on connaît toujours contre une connaissance antérieure, en détruisant des connaissances mal faites, en surmontant ce qui, dans l'esprit même fait obstacle à la spiritualisation. » Non seulement nous avons à nous défendre des préjugés communs, mais aussi des connaissances scientifiques antérieures.

Bachelard a su se rendre très attentif aux périodes de crise et de révolution scientifique, celles où l'on passe d'une théorie à une autre, d'un système à un autre, d'une méthode à une autre.

Si « La Formation de l'esprit scientifique » est consacrée aux obstacles premiers et naturels de la connaissance scientifique, « Le Nouvel Esprit Scientifique » s'interroge sur les révolutions scientifiques contemporaines.

La relativité Einstein ienne, la naissance de la mécanique ondulatoire, l'émergence des mathématiques axiomatiques sont le résultats d'efforts pour penser « contre une connaissance antérieure », mais cette dernière prend alors moins l'aspect de nos préjugés naturels que de notre héritage scientifique, qu'il faut reconsidérer et réformer. Or, en prenant un exemple peu Bachelard ien, on aimerait illustrer le propos de l'auteur : « Il y a rupture et non pas continuité entre l'observation et l'expérimentation. » En effet, si la science moderne prend naissance avec l'apparition de l'expérimentation, la croyance en l'observation, en l'expérience première et en ses prétendus faits estl'obstacle premier et majeur à la connaissance rationnelle. L'exemple le plus célèbre et le plus célébré reste le dispositif expérimental par lequel Galiléé , à l'aube du XVII ième, parvint à établir correctement la loi de la chute des corps.

Pour étudier cette chute des corps, Galilée ne se fie pas à l'observation commune, mais construit un dispositif, sélectionne les paramètres décisifs pour la loi qu'il veutétablir, et invente le moyen de mesurer leurs variations réciproques.

Il s'agit simplement de faire rouler des boules. »

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