Devoir de Philosophie

RIMBAUD: Les Illuminations (Fiche de lecture)

Publié le 21/11/2010

Extrait du document

rimbaud

«Oh ! nos os sont revêtus d'un nouveau corps amoureux.«

Dans les trois poèmes qui sont rassemblés sous le titre de «Vies«, le «voyant« se fait prophète :

«Je vous indiquerai les richesses inouïes.«

et se déclare «un inventeur bien autrement méritant que tous ceux qui ont précédé«. «Je suis dévoué à un trouble nouveau« proclame-t-il.

rimbaud

« «Oh ! nos os sont revêtus d'un nouveau corps amoureux.» Dans les trois poèmes qui sont rassemblés sous le titre de «Vies», le «voyant» se fait prophète : «Je vous indiquerai les richesses inouïes.» et se déclare «un inventeur bien autrement méritant que tous ceux qui ont précédé».

«Je suis dévoué à un troublenouveau» proclame-t-il. Et il est vrai que cette soif d'inconnu, ce désir de «révolution» s'accompagne d'une menace, qui est la destructionde l'ordre ancien, prélude à l'avènement de ce que nous ignorons.

(cf.

la fin de «Après le déluge»).

Il faut «enterrerdans l'ombre l'arbre du bien et du mal», c'est-à-dire la religion, et «déporter les honnêtetés tyranniques», cettehypocrisie sociale dont sa mère fut pour Rimbaud le symbole.

Alors pourra retentir «la nouvelle harmonie» appeléedans le poème «A une raison». «QUEL ENNUI, LA VIE !» Mais l'exaltation ne suffit pas à dissiper l'angoisse.

Là sans doute réside la profonde «modernité» de Rimbaud : que le«dérèglement de tous les sens» n'empêche pas la conscience d'un manque.

Le thème baudelairien de l'ennui sesuperpose à celui du renouveau et finit par le vaincre.

Le Prince meurt «à un âge ordinaire», cruel retour à la banalité après tant d'excès et tant de sang versé («Conte»).

L'amour lui-même ne suffit pas : «Quel ennui, l'heure du "cher corps" et "cher coeur"». («Enfance») Le dernier poème des Illuminations, intitulé «Génie», comme en écho à celui que rencontre le Prince du «Conte», prédit «le chant clair des malheurs nouveaux !» Cette paradoxale association de l'espoir et du malheur, de l'impatience d'un futurdifférent et de l'amertume que l'on sait inévitable, caractérise le désenchantementde l'âme moderne.

Le final des Illuminations laisse présager la fuite en Abyssinie et le silence dans lequel s'enfermera le poète devenu négociant.

L'ennui, pourtant, l'ypoursuivra; ses lettres retentissent toutes du même cri : quel ennui, la vie ! 3.

«L'ALCHIMIE DU VERBE» DES VISIONS INCONNUES Pour fracasser cet ennui essentiel, il ne reste que la poésie.

Comme un levier, elle renverse les apparences en unchaos d'images qui fait se rejoindre la terre et le ciel. «La douceur fleurie des étoiles et du ciel et du reste descend en face du talus, comme un panier contre notreface, et fait d'abîme fleurant et bleu là-dessous.» («Mystique») Mais cette douceur parfumée n'est qu'un bref répit.

Le bouleversement opéré par la force poétique déchaîne «lamusique, virement des gouffres et choc des glaçons aux astres» («Barbare»).

De ce tournoiement émergent deslambeaux de sens que le poète arrache au néant en unissant dans un même souffle le concret et l'abstrait. Si l'on considère l'un des plus beaux textes des Illuminations, «Les Ponts», on discerne sous la description «impressionniste» de la ville (Londres, sans doute) un véritable «art poétique» qui métamorphose «les ciels gris» del'ennui en «cristal» du rêve.

Le «bizarre dessin» des ponts tout en angles brisés et en lignes obliques, imitel'apparente incohérence de ces poèmes où les images se succèdent, se superposent, se «chevauchent» et serépètent comme les «figures se renouvelant dans les autres circuits éclairés du canal...» qui apparaissent dans lepoème.

Le paysage se transforme en une portée musicale: «Des accords mineurs se croisent, et filent, des cordes montent des berges.» Le poète devient, comme il le dit dans «Alchimie du verbe» (Une saison en enfer), «un opéra fabuleux».

Il brasse dans une symphonie cosmique toutes les réalités, «airs populaires», «bouts de concerts seigneuriaux», «hymnespublics».

Il assemble les fragments épars du monde, de la boue des villes à l'or des «palais-promontoires»(«Promontoire»), de la foule anonyme au destin de chacun. AU-DELÀ DU RÉEL La fin du poème désigne l'échec que pressent Rimbaud.

Le fleuve «large comme un bras de mer» divise la ville, et lesponts qui joignaient les deux rives sont bien «légers», si fragiles.

La prose zigzagante s'anéantit dans cette béance,image du vide sur lequel l'artiste bâtit son oeuvre.

Car au-delà de la force de son «impulsion créatrice» («JeunesseIV») le «voyant» est doué d'une lucidité destructrice, symbolisée ici par le «rayon blanc» qui efface aussi bien laréalité que ses simulacres, «cette comédie».. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles