Rohmer, et critique ma nuit chez maud

Rohmer et ses œuvres.

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  • Rohmer aimait Balzac. Et cela se ressent en lui tout du moins dans ses films. De par une volonté de réalisme : les décors naturels sont de rigueur pour la plupart de ses œuvres, sauf pour quelques films historiques ou leurs utilité a atteindre le réalisme n'est plus, de part le fait que l'époque ne permet plus de l'atteinte. Suivant ses films il utilise le décor artificiel, paradoxalement, dans un soucis de réalisme pour les temps les plus éloignés. D'où la nécessité pour lui de s'en remettre a des archives actuelles, comme la littérature. En nous transmettant l’imaginaire d'hommes du passé, elle nous met en contact avec la réalité qui l’a suscité. Ce qui explique par exemple l'univers onirique dans Les amours d'Astrée et de Celadon. Attention a ne pas dire que Rohmer etait un naturaliste, car il ne cherchait pas le réel a tout prix !

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  • Rohmer etait un réactionnaire artistique; après la révolution involontaire provoquée par Marcel Duchamp, et l'arrivée de l’abstrait, celui ci pense que tout les arts anciens ont perdus la foi, mais que le cinéma par son principe, est protégé des dérives du subjectif. Il prône un retour a l'art classique («L'art est beauté »), il est donc possible de le qualifier de réactionnaire par le biais de la modernité. Cela peut expliquer le rapport particulier qu'il entretien avec la musique; lorsque elle est écoutée il faut ne faire que ça. Rohmer n'aime pas la musique de film en le sens qu'elle guide les émotions du spectateur au sujet de ce qui se passe sous ses yeux.

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  • Autre point commun avec Balzac : le rapport au mariage (Ma nuit chez Maud) ou plus largement la question de la solitude. Le cinema permettant un rapport de sois a sois, Rohmer pose la question « Qu'est ce que je suis dans la solitude ? ». Les personnages déambulent dans l'espace qu'il a créé, presque systématiquement un désert émotionnel.

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  • Rohmer plaçait souvent ses personnages au moment de la métamorphose (on retrouve l'influence de Murnau), celui ou la chrysalide devient papillon.

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  • Rohmer comme Renoir intègrent le hasard dans leurs films même s'ils se différencient en une beauté apaisée du monde pour Rohmer.

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  • Le temps et le lieu jouent un rôle primordial chez Rohmer : dans Conte d'été, l'été renvoit a une idée de vacances, de liberté. Dans Pauline a la plage, la plage renvoie au jeux physique, amoureux. On peut citer Ma nuit chez Maud, l'hiver renvoit a la foix, en l'autre en dieu. Le primtemps l'éveil, et l'automne un basculement vers la mort.

     

Ma nuit chez Maud

Comment les personnes vivent leurs croyances et leurs contradictions ? C'est par le biais de discussions entre Jean-Louis, catholique, et son ami Vidal, marxiste, que Rohmer nous montre cette coexistence des convictions. Maud en tant qu'athée et n'ayant donc ni foi religieuse ni politique, sera porteuse de la foi sociale; c'est pourquoi elle joue l'arbitre des débats philosophiques et amoureux, d'autant plus qu'elle est une femme. La confrontation est exposée dans le film par un gros plan sur une page de Pascal, puis par un plan fixe sur le sermon du prêtre, mettant ainsi en opposition dans une sorte de champ contre champ, les deux univers qui entre en contradiction. Le noir et blanc est peut être même choisis dans ce but.

Maud, divorcée, n'en n'est pas moins belle; susceptible de faire vaciller Jean-Louis dans sa certitude que l’amour ne va pas sans la fidélité sexuelle. C'est pourquoi Vidal part; il aime Maud mais s'en va, pour laisser Jean-Louis et Maud faire l’amour, et pour avoir raison. Ce qui sépare les êtres ne sont donc pas tant les croyances que la confrontation de chacun à la souffrance et au doute de celles ci. Jean-Louis refusera le corps pour conserver son amour intact. Mais le calcul des probabilités si cher à Jean-Louis, amoureux des mathématiques, ne tient pas compte du hasard ainsi aucune route ne peut être tracée a l'avance.

La foi de chacun dépasse son objet, Rohmer ne fait donc pas un cour théorique par le biais d'une dialectique et ne plaque pas des idées derrière ses personnages, mais montre bel et bien des hommes. La morale n'a pas sa place dans, le plus grand film que ce soit du point de vue esthétique ou intellectuel pour moi, d’Éric Rohmer.