Romain Rolland et le théâtre
Publié le 07/04/2012
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Pendant une quinzaine d'années, et notamment durant toute la décennie de 1890, le théâtre est la forme d'expression privilégiée de Rolland: «Tous les événements, politiques ou domestiques, dit-il dans ses Mémoires, se muaient en oeuvres dramatiques. « Se succèdent, à un rythme rapide, Saint-Louis, 1895-1896; Aert, 1897-1898; Les Loups, 1898 ; Le Triomphe de la Raison, Danton, 1899; Le Quatorze Juillet, 1901 ; Le Temps viendra, 1903. Inscrivant ces différentes oeuvres dans le contexte historique et les réalités sociales et politiques de son temps, ...
«
de Rolland se déploie suivant les trois grands axes constitutifs de sa pensée et de son action et se définit ainsi comme une forme typique, et non pas marginale, de sa création.
Le cycle de la Révolution enferme vingt années cruciales
de l'histoire de la France : des origines de la Révolution, vers
1774, à son achèvement ou sa proche agonie, en 1797; polarité incarnée dans deux figures, ou plutôt deux vastes et
fugitives Gestalten (figure et fond mêlés) : au Rousseau
visionnaire, «précurseur halluciné», qui traverse comme un
songe menaçant, prophétique, l'espace tendu de Pâques
Fleuries (aristocratie et bourgeoisie se disposent déjà pour
l'affrontement), répond ce Bonaparte qui troue comme une «aile de corbeau», un noir bolide, l'atmosphère hallucinée des
Léonides, dans les montagnes suisses.
Entre ces deux pôles se déploie la dialectique tourmentée de la Révolution.
Le
Quatorze Juillet: les masses font irruption dans l'histoire, le
peuple
se met en marche pour prendre la Bastille, et les
individus - Hoche, Hulin, Marat, Desmoulins, Robes
pierre, etc.- ne peuvent faire mieux que de nommer les forces
et les fins de cette masse en fusion ; Rolland introduit des
chœurs sur la scène et dans la salle et attribue un rôle majeur
à la musique, pour, dit-il,« arriver à ceci :le public contraint de
mêler non seulement sa pensée, mais sa voix à l'action ; le
Peuple devenant auteur lui-même dans la fête du Peuple.
» Avec Danton, la foule, hier créatrice, n'est plus que le cortège
vociférant de la charrette qui conduit à la guillotine; simple spectatrice, désormais, de sa propre histoire, elle est soumise au jeu truqué de ses délégués, bourreaux ou victimes; la
créativité populaire se figeant, se dégradant en agitation, les
discours se déroulent toujours déplacés par rapport aux forces
qui
les suscitent.
Ecrite en pleine affaire Dreyfus, la pièce
peut-être la plus efficace de Rolland, Les Loups, se signalé par
un
mouvement vif et sec, une densité tranchante, et une forte
représentation
de la problématique du procès :faut-il sacrifier
un innocent à
la patrie, qu'en est-il de la justice d'Etat? Le
Triomphe de la Raison, dont le titre fait dérision, offre comme
une dérive de l'histoire : débordement populaire, imitation
sacrilège et bouffonne, délire sanguinaire ressortissent à ce qu'on pourrait nommer le carnavalesque de Rolland, dimension essentielle de son théâtre, qui offre peut-être le
véritable
niveau de pertinence où saisir les «outrances» des
personnages,
l'emphase des situations et le fantastique de.
»
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