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Ronsard, Sonnets pour Hélène, II, XLIII

Publié le 11/09/2011

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ronsard

En effet, le sizain est en rupture totale avec l’huitain en présentant un nouveau tableau, sinistre celui-ci, vision prophétique du poète inspiré par Apollon : il est mort « sous terre « et étant devenu « fantôme sans os «. Le sizain est, en majorité, en rimes masculines se reportant au poète : « os «, « repos «, « dédain « (dédain de la dame pour lui) et « demain « pouvant rappeler cette vision de futur et donc de mort. Les rimes féminines, elles, se reportant à la dame : « accroupie « et « vie « = la jeunesse et la beauté. La volta des vers 9 et 10 tient toute la signification du sonnet et la scène initiant une morale se trouvant dans le dernier tercet.

ronsard

« nombreuses marques pronominales : une alternance je/vous qui crée un lien amoureux entre les deux acteurs.

Lepoète lance une pique de reproche à sa dame : « votre fier dédain ».

Elle a refusé son amour malgré toute sonentreprise et ce sonnet pourrait se présenter comme un fantasme de la part du poète.

Les 2 derniers vers de cesonnet forment une unité représentant le 3e temps : le présent : le temps de l'amour et de la jeunesse.

Ce sont 4verbes à l'impératif présent, non pas des injonctions, mais une invitation à « cueillir les roses de la vie » : c'est doncune invitation au « carpe diem » (« cueille le jour ») nous venant des Odes d'Horace.

C'est encore une nouvelle foisune illusion à l'Antiquité, aux poètes élégiaques et au bonheur amoureux stéréotypé.

L'épicurisme est une philosophieidéale pour les folâtreries amoureuses de Ronsard.

L'adverbe « demain » est important car il renvoie, comme nousl'avons dit auparavant, au tableau du futur où la dame est devenue vieille et où elle regrette les vers de son poètequi est alors mort.

Mais l'amant est mort parce qu'elle avait dédaigné son amour : en effet, dans la théorie del'amour reprise de la philosophie néoplatonicienne et de Pétrarque par Marsile Ficin.

Ce thème a été beaucoup mis enœuvre dans les poésies de la Pléiade.

En effet, l'âme de l'amant va vivre dans celle de sa dame aimée seulement sileur amour est réciproque mais si ce n'est pas le cas, l'âme dédaignée de l'amant meurt « véritablement ».

Cettemort de l'âme est donc mise en scène dans ce sonnet.

Ces 2 derniers vers sont donc un hymne au présent, àl'amour et à la jeunesse car il n'y a pas d'amour sans jeunesse et sans beauté.

C'est donc un plaisir épicurien païenet stéréotypé présenté dans cette fin.

L'invitation : « Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie » : cueillir le jour« carpe diem » mais « les roses de la vie » : thème cher à Ronsard et aux poètes en général : terme banal : il avaitdéjà invité la jeune Cassandre à aller voir « si la rose / qui ce matin avait déclose / n'a point perdu cette vêprée ».La Rose est en cela une personnification de la dame désirée par son éclat et sa beauté.

(Ronsard était par ailleursun lecteur du Roman de la Rose). Pour conclure, ce sonnet temporel, en explorant les 3 âges de la vie : jeunesse et amour au présent et à l'imparfaitcar ce sonnet est une vision exprimée au futur : vieillesse et mort.

C'est un hymne au « carpe diem » à la moraleplutôt plaisante mais présentée à travers un tableau d'abord tranquille, dans un contexte de la Renaissance (tableaude genre flamand) et ensuite sinistre et morbide : la mort aux Enfers, dans un contexte païen antique.

Ronsard saitse mettre en valeur comme un glorieux « miles amoris » même s'il a joué sur l'alternance des marques personnelles(lui // la dame). Grammaire :- leçon de grammaire portant sur les participes présents de ce sonnet.9 participes présents dans ce sonnet : il y a 13 verbes conjugués dans ce sonnet dont 4 verbes d'état : « vousserez » (x2), « j'étais », « je serai ».Le participe présent est une forme du verbe qui a une terminaison en -ant et qui est invariable.

De ce fait, il nefaut pas le confondre avec l'adjectif verbal qui peut lui aussi se finir par –ant mais qui, lui, s'accorde en genre et ennombre avec le nom auquel il est lié.

L'orthographe de certains mots peut nous aider à ne pas confondre le participeprésent avec l'adjectif verbal : par exemple : fatigant(e) // fatiguant.Le participe présent exprime une action qui s'accomplit en même temps que celle exprimée par le verbe principal.Cette action progresse mais reste limitée dans sa durée.

Prenons les participes présents de ce sonnet :- « dévidant et filant » : (dévider = débobiner) sont des participes présents d'action qui peuvent avoir un COD.

Lesparticipes présents peuvent aussi se remplacer par un gérondif = en + verbe-ant.

Le sujet est « vous » renvoyant àHélène.- « chantant » : le verbe principal est « direz » et le sujet « vous » est sous-entendu.

Il est suivi d'un COD : « mesvers ».- « en vous émerveillant » : gérondif « en + -ant » et appartient à un pronominal : « en vous ».

Le sujet esttoujours le « vous » = Hélène.- « oyant » : le sujet est cette fois « servante » et il est suivi d'un COD = « telle nouvelle ».- « sommeillant » : ce participe présent peut faire penser à un adjectif verbal mais il est bien dérivé du verbe« sommeiller ».

Le sujet de « sommeillant » est plus ambiguë : est-ce la servante ou la servante et la dame« vous » ?- « réveillant » : sujet « servante »- « bénissant » : sujet ambiguë : la servante ou Ronsard ? participe présent suivi d'un COD : « votre nom ».- « Regrettant » : sujet « vous » = Hélène et suivi d'un COD « mon amour et votre fier dédain ».Le problème des sujets des participes présents qui sont ambiguës en français pourraient être plus évidents à voirdans les langues anciennes :- en latin comme en grec ancien, le participe présent n'est pas invariable et s'accorde selon les cas et le nombre dusujet.- Par exemple, essayons de traduire « dévidant et filant » en latin : ce serait « evolverens nerensque ».

Pour« oyant » se serait « audientem » car c'est la servante qui a ouï telle nouvelle et elle serait à l'accusatif, COD de« vous n'aurez ».

Sur l'ambiguïté du sujet de « bénissant », si on avait eu en latin « bene dicentem », on aurait suque le sujet est la servante et si on avait eu comme participe présent : « bene dicentis », on aurait su que le sujetétait Ronsard, utilisé comme un génitif.- En grec ancien, on aurait eu une aide supplémentaire car le participe présent au masculin est différent du féminin.. »

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