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Roosevelt vu par André Maurois

Publié le 11/04/2011

Extrait du document

roosevelt

   « Sa maladie l'identifiait, de manière mystique, à un peuple qui souffrait. Le courage avec lequel il oubliait son infirmité était déjà un exemple. Après tant de faces pincées s ou renfrognées, ce généreux visage apaisait, promettait, charmait. Quand il avait dit : My friends... il avait prononcé les mots d'un tel son, avec une telle douceur et une telle force, que tous avaient compris que c'était vrai et qu'il allait essayer de faire pour eux i ce que les autres n'avaient pas fait.    Qu'y avait-il derrière ce masque souriant, derrière ce voile d'humour, de grâce et de bonne humeur dont il aimait à s'envelopper? Il n'était pas facile de le savoir, car Roosevelt maintenait délibérément une impression d'aisance et n'avouait presque jamais l'ennui, ni l'exaspération. Robert Sherwood, auteur dramatique, excellent juge d'hommes et qui connaissait bien le président, dont il écrivit parfois les discours, avouait n'avoir pu pénétrer dans ce qu'il appelait « his heavily forested interior... « son intérieur tapissé d'épaisses forêts «. Le président savait, à volonté, tourner le bouton qui illuminait son visage du fameux sourire. Au-delà, on pouvait imaginer des réticences, de très adroites manœuvres et une force qui pouvait être impitoyable, mais tout cela demeurait bien caché sous une courtoisie conventionnelle. Il avait beaucoup d'amis, peu d'intimes, et ceux-là même n'étaient pas admis à la région la plus secrète. Les hommes dont il aimait à s'entourer étaient ceux qui ne cherchaient pas à violer le sanctuaire.    Ses réactions étaient imprévisibles. Ses collaborateurs les plus directs ne savaient pas de quel côté il pencherait. Sur toute question, il demandait des plans à deux ou trois d'entre eux, puis lisait, comparait, et prenait ses décisions avec une rapidité qui l parfois les épouvantait...

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