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ROUSSEAU et la dépendance

Publié le 27/04/2005

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Il y a deux sortes de dépendances : celle des choses, qui est de la nature ; celle des hommes, qui est de la société. La dépendance des choses, n'ayant aucune moralité, ne nuit point à la liberté, et n'engendre point de vices : la dépendance des hommes étant désordonnée les engendre tous, et c'est par elle que le maître et l'esclave se dépravent mutuellement. S'il y a quelque moyen de remédier à ce mal dans la société, c'est de substituer la loi à l'homme, et d'armer les volontés générales d'une force réelle, supérieure à l'action de toute volonté particulière. Si les lois des nations pouvaient avoir, comme celles de la nature, une inflexibilité que jamais aucune force humaine ne pût vaincre, la dépendance des hommes redeviendrait alors celle des choses ; on réunirait dans la république tous les avantages de l'état naturel à ceux de l'état civil ; on joindrait à la liberté, qui maintient l'homme exempt de vices, la moralité, qui l'élève à la vertu. ROUSSEAU

Thématique générale    • Un texte très typé de Jean-Jacques Rousseau, tiré du livre II de l'Émile. On peut dégager, par une analyse thématique attentive, la problématique implicite qui le sous-tend, et dont les implications sont très riches, notamment concernant le statut du droit (cf. plus loin), la fonction de l'État et les conditions d'une véritable liberté dans le cadre de la société.    • Un texte à resituer dans le cadre d'une certaine tradition de philosophie politique, qui a coutume de justifier l'existence de la société par la nécessité d'une maîtrise collective de la nature. La distinction critique de deux types de dépendances (nature, société) vise surtout ceux qui voudraient faire des rapports de domination entre les hommes la rançon obligée de la maîtrise de la nature. En soutenant une thèse paradoxale (la faiblesse de l'homme face à la nature n'altère pas sa liberté), Rousseau veut surtout remettre en question toutes les justifications de l'inégalité et de l'abus de pouvoir. Il assigne en même temps une fonction très importante à la législation, définie comme facteur d'égalité et de moralité.    Analyse du texte    Thèse générale : la maîtrise sociale de la nature doit s'assortir d'une organisation très rigoureuse, destinée à éviter toute « dépendance particulière «. Développement thématique de cette thèse  • Distinction principielle : dépendance des choses - dépendance de la société.  • Caractérisation de cette distinction.  • Solution proposée par Rousseau pour concilier société et liberté (force de la loi - analogie entre lois sociales et lois naturelles).  • Conséquences d'une telle solution (réunion des avantages de la liberté naturelle et de l'état civil.

L'ensemble du texte procède à la mise en place et à l'explication d'une distinction qui a pour Rousseau une valeur normative décisive.    • Premier moment du texte : mise en place de la distinction.    La mise en place de la distinction entre deux types de dépendance (celle des choses, celle des hommes) correspond à deux types de phénomènes différents : ceux de la nature et ceux de la société.  

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« à deux types de phénomènes différents : ceux de la nature et ceux de la société. Deuxième moment du texte : développement de l'opposition ainsi établie et de ses caractères.• Caractérisation de la « dépendance des choses ».

Caractérisation négative, dans la mesure où il s'agit de montrerqu'une telle dépendance exclut les inconvénients de la vie sociale (elle est donc bonne, pour Rousseau).• Caractérisation de la « dépendance des hommes » comme règne de la force arbitraire, sans normes («désordonnée »).• Exemple, représentatif de toutes les formes d'exploitation ou d'assujettissement de l'homme par l'homme, illustrantla caractérisation qui précède le maître et l'esclave. Troisième moment du texte : thèse de Rousseau concernant la conception même de l'ordre social et de la façon dele régler. • Énoncé de la thèse de l'auteur : il faut doter les lois sociales de l'inflexibilité propre aux lois naturelles, afin d'éviterles servitudes particulières.• Explication de la thèse et de son efficacité par rapport à la multiplicité des affrontements particuliers.

Doter la «volonté générale » d'une force absolue.• Explication d'une telle idée sur le plan législatif.

Donner au respect de la loi le caractère d'une soumission à lanature.• Conclusion sur l'intérêt d'une telle solution : concilier les avantages de l'état naturel et ceux de l'état civil. Éléments de réflexion pour le commentaire On peut évaluer la portée du texte en envisageant trois points parmi d'autres.• Impact sociologique.

Tout groupe d'intérêts particuliers trop puissants tend à nuire à la société dans sonensemble.

L'hypothèse d'un intérêt général reste problématique tant que la société est divisée en classes socialesantagonistes (cf..

Marx et Engels).• Illustration des propos de Rousseau dans l'étude du rapport entre égalité et liberté.

« Que nul citoyen ne soitassez opulent pour en pouvoir acheter un autre, et nul assez pauvre pour être contraint de se vendre.

» Cettephrase célèbre de Rousseau définit une des conditions primordiales de la liberté en tant qu'elle implique une certaineégalité qui exclut toute dépendance aliénante.• Dépendance sociale et aliénation : voir Du contrat social, livre premier.

Toute dépendance d'homme à homme(esclavage) repose sur un marché de dupes.

Aliéner sa liberté est un non-sens (Que pourrais-je recevoir enéchange ?).

La seule aliénation légitime est celle qui produit le corps social, dans la mesure où, en un certain sens,elle préserve la liberté. ROUSSEAU (Jean-Jacques). Né à Genève en 1712, mort à Ermenonville en 1778. Il n'est pas dans notre propos de résumer la vie de Rousseau, sou séjour aux Charmettes chez Mme de Warens, àMontmorency chez Mme d'Épinay, ses travaux de musique, sa persécution par les catholiques comme par lesprotestants, son voyage en Angleterre après sa fuite de Suisse ou l'hospitalité du marquis de Girardin à Ermenonville.Non plus que la mise à l'Assistance Publique des cinq enfants qu'il eut de Thérèse Levasseur, ou sa brouille avecGrimm et Diderot.

Jean-Jacques Rousseau fut seul, chassé de partout, et c'est en méditant sur son existencemalheureuse, qu'il a pu énoncer sa doctrine de philosophe.

Sa philosophie n'est pas un système, mais une vision dela condition humaine.

— Contrairement aux Encyclopédistes, l'homme, pour Rousseau, est naturellement bon etjuste.

Il fut heureux lorsqu'il vivait sans réfléchir, au milieu de la nature, uniquement préoccupé des soins matérielsde la vie quotidienne.

Puis, il a cherché à paraître, à dominer.

Il a inventé la propriété.

Sont venus l'inquiétuded'esprit, le goût du luxe, l'ambition, l'inégalité, les vices, la philosophie.

La société a corrompu l'homme, en l'élevant àla moralité.

La vie idéale n'est pas le retour à l'état de nature ; mais elle doit se rapprocher le plus possible de la vienaturelle.

C'est le coeur qui fournit à l'homme la preuve des vérités morales et religieuses, qui lui permet de goûteraux plaisirs de la générosité, de la bienfaisance, de l'amitié.

L'enfant, naturellement bon, doit être éduqué de façon«négative».

Il faut laisser libre cours à son propre développement.

Rousseau prône les vertus de l'intuition et del'émotion.

— Le fondement de toute société, c'est le contrat social, par lequel chaque contractant renonce à sapropre liberté au profit de la communauté, et se soumet à la volonté générale.

Rousseau pose ainsi le principe de lasouveraineté populaire.

Tant en littérature qu'en philosophie ou en politique (la Révolution française le revendiqua),l'influence de Rousseau fut considérable.

Il a véritablement transformé la sensibilité humaine.. »

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