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ROUSSEAU: Des leçons de l'Histoire ?

Publié le 10/05/2005

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rousseau
« Il s'en faut bien que les faits décrits dans l'histoire soient la peinture exacte des mêmes faits tels qu'ils sont arrivés : ils changent de forme dans la tête de l'historien, ils se moulent sur ses intérêts, ils prennent la teinte de ses préjugés. Qui est-ce qui sait mettre exactement le lecteur au lieu de la scène pour voir un événement tel qu'il s'est passé ? L'ignorance ou la partialité déguise tout. Sans altérer même un trait historique, en étendant ou resserrant des circonstances qui s'y rapportent, que de faces différentes on peut lui donner ! Mettez un même objet à divers points de vue, à peine paraîtra-t-il le même, et pourtant rien n'aura changé que l'oeil du spectateur. Suffit-il, pour l'honneur de la vérité, de me dire un fait véritable en me le faisant voir tout autrement qu'il n'est arrivé ? Combien de fois un arbre de plus ou de moins, un rocher à droite ou à gauche, un tourbillon de poussière élevé par le vent ont décidé de l'événement d'un combat sans que personne s'en soit aperçu ! Cela empêche-t-il que l'historien ne vous dise la cause de la défaite ou de la victoire avec autant d'assurance que s'il eût été partout ? Or que m'importent les faits en eux-mêmes, quand la rai-son m'en reste inconnue ? » ROUSSEAU

  •   Analyse du sujet : Un sujet à la limite de la question de cours. Il interroge sur la finalité de l'État en proposant une solution : la liberté. Au-delà d'une simple réponse affirmative (ou négative ; mais en ce cas déterminez avec rigueur quelle autre finalité peut être proposée), demandez-vous quels présupposés, quelle conception de l'État rendent possible une telle solution.

• Comment faire confiance à l'histoire alors que l'historien ne rapporte finalement que son point de vue des événements ? « que m'importent les faits en eux-mêmes, quand la raison m'en reste 'inconnue ? «.  L'histoire ne peut donc prétendre à l'objectivité. L'historien interprète les faits  selon sa subjectivité.  • Rousseau démontre ainsi sa thèse :  — L'histoire n'est pas la reconstitution fidèle du passé car « les faits changent de forme dans la tête de l'historien « .  — C'est pourquoi l'histoire ne peut prétendre à la vérité.  — Il faut donc s'en méfier.

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« « Le mouvement est contradiction ; par exemple, le simple changement mécanique de lieu lui-même nepeut s'accomplir que parce qu'à un seul et même moment, un corps est à la fois dans un lieu et dans unautre lieu, en un seul et même lieu et non en lui.

Et c'est dans la façon que cette contradiction a de seposer continuellement et de se résoudre en même temps que réside précisément le mouvement » [Anti-Dühring, p.

150].Le deuxième emprunt à Hegel est celui de « la loi d'après laquelle de simples changements dans laquantité, parvenus à certain degré, amènent des différences dans la qualité » [Le Capital, I.

I, t.

1, p.302].

Les exemples les plus classiques d'application de cette loi sont le passage de l'eau à l'état solideau-dessous de 0 °C, sous pression atmosphérique normale, ou son passage à l'état gazeux au-dessus de100 °C.

D'autres exemples peuvent être pris en chimie, en physique ou ailleurs.

Dans l'histoire, latransformation des commerçants en capitalistes ou le passage de la manufacture à la grande industrie, oubien encore la nature de la coopération dans le travail, illustrent la permanence de cette loi.Enfin, le troisième emprunt à Hegel est celui de la négation de la négation, constitutif de la contradictionet de son dépassement.

Là aussi, Marx et Engels transfèrent la loi de la seule sphère de la pensée tellequ'elle fonctionne dans la logique de Hegel vers le monde réel.

Engels prend l'exemple simple du cycle d'ungrain d'orge pour illustrer son propos : un grain d'orge qui germe « disparaît en tant que tel, il est nié,remplacé par la plante née de lui, négation du grain.

Mais quelle est la carrière normale de cette plante ?Elle croît, fleurit, se féconde et produit en fin de compte de nouveaux grains d'orge et aussitôt que ceux-ci sont mûrs, la tige dépérit, elle est niée pour sa part.

Comme résultat de cette négation de la négation,nous avons derechef le grain d'orge du début, non pas simple, mais en nombre dix, vingt, trente fois plusgrand » [Anti-Dühring, p.

165].Dans l'histoire, les exemples ne manquent pas de négation de la négation conduisant chez Marx et Engelsau concept de dépassement signifiant la transformation d'un extrême en son contraire, c'est-à-direl'avènement d'une nouvelle situation issue de la contradiction précédente.Pour Marx, la négation de la négation est le fondement même de l'inéluctabilité du communisme,expropriant les expropriateurs : dans la phase d'accumulation primitive du capital, les producteursimmédiats (petite propriété privée reposant sur le travail personnel) sont expropriés et dessaisis de leursmoyens de production.

Puis, en raison de la concurrence et du développement des forces productives, lecapital se concentre tandis que la résistance et les luttes de la classe ouvrière se renforcent.

« Lemonopole du capital devient une entrave pour le mode de production qui a grandi et prospéré avec lui etsous ses auspices.

La socialisation du travail et la centralisation de ses ressorts matériels arrivent à unpoint où elles ne peuvent plus tenir dans leur enveloppe capitaliste.

Cette enveloppe se brise en éclats.L'heure de la propriété capitaliste a sonné.

Les expropriateurs sont à leur tour expropriés.

L'appropriationcapitaliste, conforme au mode de production capitaliste, constitue la première négation de cettepropriété, privée qui n'est que le corollaire du travail indépendant et individuel.

Mais la productioncapitaliste engendre elle-même sa propre négation avec la fatalité qui préside aux métamorphoses de lanature.

C'est la négation de la négation » [Le Capital, 1.

I, t.

3, p.

205].La démonstration par la négation de la négation de la nécessité historique de la fin du capitalisme(d'ailleurs annoncée dans le même texte comme plus rapide que sa genèse, en raison du caractèrecollectif de la production) peut laisser perplexe en cette fin de siècle.

Si la loi conserve sa validité,l'application qu'en faitMarx à l'échelle macrohistorique ne tient pas compte des tendances et des capacités que possède lecapitalisme A ri provisoirement ses crises.

Marx avait pourtant fait état de celles-ci, comme à propos dela baisse tendancielle du taux de prolo, en insistant sur le fait qu'il ne s'agissait que d'une tendancepuisque existaient des solutions limitées et provisoires à cette baisse du taux de profit.

Mais surtout,Marx n'a pas envisagé toutes les ressources que pouvait retirer le capitalisme pour sa survie desprocessus de production de plus-values relatives, c'est-à-dire de réduction des prix des marchandisesconduisant à une élévation des niveaux de vie des salariés et au ouatage des contradictions sociales. 2.

« Et pourtant rien n'aura changé que l'oeil du spectateur »Ce qui change, c'est notre regard, le point de vue où nous nous plaçons.

Ce point de vue est toujourssubjectif.

L'historien donne toujours son interprétation, comme l'artiste qui peint un paysage, un pont parexemple.

On peut très bien ne pas le reconnaître parce qu'on ne l'avait jamais vu sous cet angle.

C'est pour-tant le même pont que celui que nous empruntons chaque jour.

Mais il nous apparaît sous un jour inhabituel(c'est d'ailleurs l'une des fonctions de l'artiste : nous faire regarder autrement quelque chose de quotidien). QUESTION 3 Peut-on, et comment, parvenir à une connaissance objective des faits historiques ? • L'histoire, « connaissance du passé humain » (H.I.

Marrou, De la connaissance historique), est régulièrementréécrite par les historiens.

L'interrogation sur les faits semble perpétuelle (découverte de nouveaux documents,de sites, nouvelles idées, points de vue originaux, etc.).

D'ailleurs, les historiens entre eux ne sont pas toujoursd'accord sur l'interprétation des faits.

Doit-on renoncer à toute connaissance objective des faits historiques ?Doit-on renoncer à parler de vérité en histoire ? L'histoire serait-elle inutile ? 1.

L'histoire est l'oeuvre de l'historien. »

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