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Rousseau: De l'état de nature à l'état civil

Publié le 05/01/2004

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• Toutefois, l'ordre social ne peut pas plus reposer sur la vertu – sur une disposition naturelle ou acquise à faire le bien et à éviter le mal – qu'il ne se fonde sur le sentiment moral qui, du fond de notre conscience, nous dicterait ce qui est juste et ce qui ne l'est pas. L'ordre social ne peut être fondé sur la religion, en tant qu'elle incite à la vertu, ou sur la morale comprise comme expression d'une conscience infaillible que l'homme porte en lui. Il ne peut être garanti par deux approches qui croient que l'homme peut être bon. • Si tel était le cas, les hommes ne se seraient jamais dotés de lois qui, conventionnelles, distinctes de tout sentiment et de toute foi, communes au groupe et pas seulement aux individus, ont besoin d'être garanties par l'usage éventuel de la force. Sans l'État, dont le rôle est de garantir les lois et le droit, l'ordre, facteur de stabilité sociale, et la liberté ne sont-ils pas compromis ? 

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« individu à faire plus de cas de soi que de tout autre ».

L'amour de soi se contentait du plaisir d'exister ; parl'amour-propre, l'individu cherche à exister aux yeux des autres.

Alors que l'amour de soi est naturel, l'amour-propre est factice et ne naît que de la société des hommes.

Il est la source du sentiment de l'honneur, du désirde vengeance et de la haine. 2.

L'évolution de l'humanité A.

L'état de nature L'homme de l'état de nature est physiquement semblable à nous, plus robuste, il ne se sert que de son corpset n'a pas d'outils.

Il est plus craintif qu'agressif, et plus farouche que craintif.

Solitaire, hormis pour lesexigences de la reproduction de l'espèce, il ne médite pas et n'a pas de langage.

Sans relations morales avec ses semblables, c'est un animal ni bon ni mauvais, parce que ignorant du biencomme du mal.

Parce qu'il se contente d'écouter ses désirs immédiats, il ne les déforme pas en passions et envices sous l'effet de la raison ; le besoin assouvi s'éteint en lui sans s'enflammer dans l'imagination.

C'est que lejeu naturel de l'amour de soi et de la pitié le retient de mal faire.

Les difficultés qu'il rencontre dans cet état déclenchent le perfectionnement qui l'empêche d'y rester : lamultiplication des hommes, signe du bien-être de l'état de nature, le dénature.

C'est que l'adversité développela raison, rend indispensable la société et provoque l'apparition du langage. B.

L'état social primitif La première société, la plus naturelle, est la famille, qui devient déjà une institution contre-nature dès qu'elledéborde les fonctions de procréer et de nourrir les descendants jusqu'à leur sevrage.

Elle accompagne lasédentarisation, les premiers développements du langage et les premiers sentiments.

La réflexion déploie la connaissance de soi et, avec elle, l'orgueil d'une part, et l'honneur d'autre part.

La vieen société fait naître la notion d'un intérêt commun, et les premiers actes d'égoïsme et d'amour-propre.

Cetétat social primitif, qui n'est plus naturel, est celui des peuples primitifs actuels. C.

L'état civil La sédentarisation entraîne le travail, puisqu'elle requiert l'agriculture ; la vie en commun développe le partagedes tâches entre les hommes.

Du travail organisé naissent donc la propriété et la notion de justice ; car c'estmon travail qui me donne un droit sur ce que je cultive.

L'inégalité de la force et de l'ingéniosité fait lespauvres et les riches ; le superflu des plus riches, qui est l'indispensable des plus pauvres, donne naissance auluxe et à l'oisiveté.

Les nouveaux besoins ainsi créés deviennent des chaînes qui attachent les hommes les unsaux autres, en même temps qu'elles les opposent.

La guerre entre les hommes rend nécessaire l'institution des règles de la société civile, lesquelles, figeantl'état de fait, sont favorables aux plus riches.

Un chef est nommé pour maintenir l'ordre, et voici créés lespremiers gouvernements ; pour être plus tranquilles, les hommes consentent à être moins libres.

Lorsque d'unepuissance légitime le chef fait peu à peu une puissance arbitraire, les hommes soumis à la tyrannie de la forceretombent, par excès de corruption, dans un nouvel état de nature bien éloigné de la pureté originelle. 3.

L'égalité A.

Inégalité et égalitéRousseau constate quatre sortes d'inégalités sociales entre les hommes : richesse, noblesse, puissance, méritepersonnel.

La première inégalité sociale qui apparaît est celle du mérite ; toutes les inégalités aboutissent endéfinitive à l'inégalité de richesse.

Il y a bien une inégalité originelle, physique et morale : certains ont plus deforce, de volonté ou d'intelligence.

Elle est instituée par la nature, et ses effets sont inoffensifs hors de lasociété.

Au contraire, l'inégalité sociale est instituée par l'homme, elle est non naturelle.

Fondée sur uneconvention, elle existe de fait ; mais est-elle de droit ?Parce qu'il refuse de faire de l'inégalité naturelle le fondement de l'inégalité` instituée, bien qu'il en fassel'origine*, Rousseau oppose l'inégalité instituée à l'égalité naturelle.

C'est que la supériorité de fait, ou méritepersonnel, ne donne aucune supériorité de droit conventionnel (honneur, richesse ou puissance) ; la naturenous fait plus forts ou plus intelligents les uns que les autres, mais elle donne à chacun la même dignité et lemême droit de n'obéir qu'à soi-même. B.

La propriétéLa richesse quant à elle suppose la propriété ; cette dernière à son tour suppose une convention entre leshommes : que deviendrait en effet une propriété que je serais seul à reconnaître ? La propriété naît donc avecl'état civil ; elle en est l'origine, il en est le fondement : parce que la propriété va naître, des lois deviennentnécessaires pour la garantir ; parce que ces dernières la garantissent, la propriété peut naître.La propriété naît du travail ; elle n'est pas une loi du droit naturel, mais du droit conventionnel.

Parce quetoute inégalité se résout dans la propriété, parce que la richesse est la seule inégalité qui s'accroisse au-delàde la mort des hommes, la propriété permet le développement extrême de l'inégalité ; c'est son institution quifait, selon la conclusion du second Discours, qu' "une poignée de gens regorge de superfluités, tandis que lamultitude affamée manque du nécessaire".. »

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