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ROUSSEAU: Jetez les yeux sur toutes les nations du monde

Publié le 27/02/2008

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Jetez les yeux sur toutes les nations du monde, parcourez toutes les histoires. Parmi tant de cultes inhumains et bizarres, parmi cette prodigieuse diversité de moeurs et de caractères, vous trouverez partout les mêmes idées de justice et d'honnêteté, partout les mêmes notions de bien et de mal. L'ancien paganisme enfanta des dieux abominables, qu'on eût punis ici-bas comme des scélérats, et qui n'offraient pour tableau du bonheur suprême que des forfaits à commettre et des passions à contenter. Mais le vice, armé d'une autorité sacrée, descendait en vain du séjour éternel, l'instinct moral le repoussait du coeur des humains. En célébrant les débauches de Jupiter, on admirait la continence de Xénocrate ; la chaste Lucrèce adorait l'impudique Vénus ; l'intrépide Romain sacrifiait à la Peur ; il invoquait le dieu qui mutila son père et mourait sans murmure de la main du sien. Les plus méprisables divinités furent servies par les plus grands hommes. La sainte voix de la nature, plus forte que celle des dieux, se faisait respecter sur la terre, et semblait reléguer dans le ciel le crime avec les coupables. Il est donc au fond des âmes un principe inné de justice et de vertu, sur lequel, malgré nos propres maximes, nous jugeons nos actions et celles d'autrui comme bonnes ou mauvaises, et c'est à ce principe que je donne le nom de conscience (...). Mon dessein n'est pas d'entrer ici dans des discussions métaphysiques qui passent ma portée et la vôtre, et qui, dans le fond, ne mènent à rien. Je vous ai déjà dit que je ne voulais pas philosopher avec vous, mais vous aider à consulter votre coeur. Quant tous les philosophes du monde prouveraient que j'ai tort, si vous sentez que j'ai raison, je n'en veux pas davantage. Il ne faut pour cela que vous faire distinguer nos idées acquises de nos sentiments naturels ; car nous sentons avant de connaître ; et comme nous n'apprenons point à vouloir notre bien et à fuir notre mal, mais que nous tenons cette volonté de la nature, de même l'amour du bon et la haine du mauvais nous sont aussi naturels que l'amour de nous-mêmes. Les actes de la conscience ne sont pas des jugements, mais des sentiments. Quoique toutes nos idées nous viennent du dehors, les sentiments qui les apprécient sont au-dedans de nous, et c'est par eux seuls que nous connaissons la convenance ou disconvenance qui existe entre nous et les choses que nous devons respecter ou fuir. (...) Conscience ! conscience ! instinct divin, immortelle et céleste voix ; guide assuré d'un être ignorant et borné, mais intelligent et libre ; juge infaillible du bien et du mal, qui rends l'homme semblable à Dieu, c'est toi qui fais l'excellence de sa nature et la moralité de ses actions ; sans toi je ne sens rien en moi qui m'élève au-dessus des bêtes, que le triste privilège de m'égarer d'erreurs en erreurs à l'aide d'un entendement sans règle et d'une raison sans principe.ROUSSEAU

·         Thème. Le thème abordé ici est celui de la conscience morale. Ce texte nous donne explicitement une définition de ce qu’est la conscience, en tant qu’elle est morale. En effet, souvenons nous que Rousseau ne parle pas de conscience morale, mais qu’il en pose tout de même la définition. C’est notre analyse qui la qualifie ainsi.

·         Thèse. Selon Rousseau, la conscience morale est la même pour tous les hommes. Il n’y a, ni dans le temps, ni dans l’espace, aucune conscience différente ou variante. Tous les hommes sont donc pourvus de la même conscience.

·         Enjeux.

o   Le premier enjeu touche à ce qui fait réellement de nous des hommes. Il s’agit ici de poser le principe de ce qu’est la conscience en tant que purement humaine, comme marque même de l’humanité. Mais cela incluse aussi la possibilité que l’homme soit déterminé par sa conscience.

o   Et justement, l’autre enjeu sera ici de réussir à démontrer que la conscience n’emprisonne pas l’homme. Au contraire, elle met en avant sa propre liberté. Comme fondement de ce qu’il est, la conscience donne à l’homme la capacité à être véritablement libre et intelligent.

·         Notion. Bien entendu, la notion principale de ce texte est la conscience. Nous devrons, pour approcher véritablement l’essence du texte et ne pas nous tromper dans notre analyse, déterminer que cette conscience est morale, uniquement.

o   La conscience se comprend en premier lieu comme sensation, perception du monde extérieur. C’est une reconnaissance par nous même de ce qui nous entoure. De là, nous pouvons aboutir à un premier état de conscience, la conscience de soi.

o   Mais la conscience dont nous parle Rousseau ici, n’est pas conscience des objets extérieurs, mais de leur statut. C’est une conscience du bien et du mal .C’est pour cela que nous la distinguons, en précisant qu’il s’agit d’une conscience morale.

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« l'homme aux dieux, pour autant que les actes de ces derniers soient jugés mauvais.· L'auteur distingue ainsi une autorité divine et une aptitude naturelle.

Nous noterons, d'ailleurs, qu'il ne parle pasd'autorité naturelle .Seuls les dieux commandes.

Et les anciens les écoutaient, dans la mesure où cela ne rentraitpas en contradiction avec un instinct, finalement plus fort, mais aussi moins autoritaire, en eux.· Il existe donc, selon Rousseau, une voix naturelle en nous, qui peut aller jusqu'à s'opposer aux discours divins, etl'emporter sur eux.

La conscience morale est une voix.· Il faut s'arrêter ici quelques instants sur cette stipulation.

La conscience n'est pas ici ce qui éclaire, ce qui montrece qui est, mais c'est une voix.

Il y a donc un véritable intérêt, pour nous, lecteurs de ce texte, de parler deconscience morale.

La voix nous donne une information, ce que fait, comme nous allons le voir, la conscience chezRousseau.· C'est donc une conscience que nous avons des choses qui nous permet de ne pas suivre les vices affichés par lesdieux de l'antiquité.

Cette conscience est d'autant plus prégnante qu'elle est morale, strictement, conscience dubien et du mal.

2.

(lignes 12 à 24) Comment Rousseau définit-il la conscience ? · La conscience est posée comme innée par Rousseau.

C'est un principe naturel commun à l'ensemble des hommes.Elle est donnée à l'homme avant même toute expérience.

Mais elle a en plus un caractère universelle : en effet, entant qu'innée, elle est nécessairement présente en chaque homme.· La conscience est aussi ce qui permet de juger.

Rousseau est d'ailleurs catégorique sur ce point : la consciencen'est pas un jugement.

Elle permet le jugement.

Elle donne à l'homme la connaissance du bien et du mal, elle luipermet de juger chaque action, qu'il s'agisse des sienne ou de celles de tout autre.· Il s'agit donc ici d'un sentiment.

La conscience est un sentiment, elle permet de sentir si une chose que l'hommeperçoit est bonne ou non.

Rousseau va alors jusqu'à dire que la conscience est l'instinct humain.· Pour l'auteur, d'ailleurs, il n'y a pas de discussions possibles.

Non qu'il affirme religieusement la véracité de sesdires, mais au contraire, que, la conscience étant un sentiment, tout discours philosophique pouvant s'opposer àl'idée d'innéité n'empêchera le fait que nous ayons tout de même le sentiment de comprendre ce qui est bon et cequi ne l'est pas.· La conscience, du fait même qu'il s'agit d'un instinct, est antérieur à toute expérience .Elle est prête à recevoirl'expérience de l'homme.

Mais, si la conscience précède la connaissance même, nous dicte-elle alors tout ? Qu'est-elle donc pour nous ? 3.

(lignes 24 à 30) La conscience est ce qui fait de l'homme un homme.

Mais en plus de cela, bien qu'innée etdéterminée en lui, elle permet d'en faire un être libre.

· Nous avons pu constater que la connaissance de des dieux et leur respect n'empêchais pas les anciens deconsidérer certaines des actions commis par leurs divinités comme mauvaises, et, de ce fait, sujettes à caution deleur part.· La première marque de la conscience se trouvait ainsi donnée : une capacité à s'opposer à l'autorité quelquequ'elle soit, même celle des dieux .La conscience permet à l'homme de juger par lui-même et pour lui-même en ayantconnaissance de ce qui est bon et de ce qui ne l'est pas.· Le problème qui se pose avec la définition de la conscience par Rousseau, c'est celui de la liberté de l'homme.

S'ilest déterminé par sa conscience, comment l'homme peut-il encore se définir comme un être libre ?· La réponse nous est elle aussi fournie par l'auteur .La conscience est, nous l'avons vu, une voix, un instinctnaturel.

Mais, mieux encore, elle est pour Rousseau ce qui fait de l'homme un être libre et intelligent.

La consciencene nous enferme pas, elle nous libère.· Car en effet, la conscience ne juge pas.

Elle permet le jugement, mais ne juge pas elle-même .L'homme parviens àconnaitre par elle, mais peut toujours être maitre de ses choix.

Libre, il l'est, car par sa conscience morale, il sait oùest le bien, où est le mal.

Conclusion.Rousseau, dans cette profession de foi du vicaire savoyard, met en avant sa conception de ce qu'est la conscience.Montrant qu'elle existe de tout temps et en tous lieux, il avance l'idée que la conscience, que nous nommonsmorale, est innée, naturelle.

Mais, malgré ce fait, le genevois nous démontre que, loin d'enfermer l'homme dans unedétermination, la conscience libère l'homme, en tant que voix pour lui.. »

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