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Rousseau et la morale

Publié le 11/01/2004

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Les coupables qui se disent forcés au crime sont aussi menteurs que méchants : comment ne voient-ils point que la faiblesse dont ils se plaignent est leur propre ouvrage ; que leur première dépravation vient de leur volonté ; qu'à force de vouloir céder à leurs tentations, ils leur cèdent enfin malgré eux et les rendent irrésistibles ? Sans doute il ne dépend plus d'eux de n'être pas méchants et faibles, mais il dépendit d'eux de ne pas le devenir. O que nous resterions aisément maîtres de nous et de nos passions, même durant cette vie, si, lorsque nos habitudes ne sont point encore acquises, lorsque notre esprit commence à s'ouvrir, nous savions l'occuper des objets qu'il doit connaître pour apprécier ceux qu'il ne connaît pas ; si nous voulions sincèrement nous éclairer, non pour briller aux yeux des autres, mais pour être bons et sages selon notre nature, pour nous rendre heureux en pratiquant nos devoirs ! Cette étude nous paraît ennuyeuse et pénible, parce que nous n'y songeons que déjà corrompus par le vice, déjà livrés à nos passions. Nous fixons nos jugements et notre estime avant de connaître le bien et le mal ; et puis, rapportant tout à cette fausse mesure, nous ne donnons à rien sa juste valeur.

Ce texte de JEAN-JACQUES ROUSSEAU a pour thème les notions de passion et de volonté. Son problème est le suivant : à quelles conditions l'homme peut-il se rendre maître de lui-même et par là même heureux ?    La thèse du texte consiste à répondre à cette question en ces termes :    L'homme peut devenir heureux et maître de soi par une éducation qui lui présente constamment les valeurs qui sont bonnes selon sa nature, et non celles que la société impose au nom de l'amour propre -le désir de "briller aux yeux des autres"-.    L'enjeu en est le suivant :    Existe-t-il une possibilité pour l'homme aliéné aux fausses valeurs de la vie sociale, pour retrouver la vérité des valeurs qui seules pourraient faire son bien au double sens du terme, c'est-à-dire le rendre moral et le rendre heureux.    L'argument principal du texte repose sur la notion d'habitude : c'est l'habitude qui nous endurcit dans le mal, c'est grâce à elle qu'on endurcira l'homme dans le bien.  

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« état final, en tout cas, soumis à une évolution, voire à un progrès. La volonté humaine, constate ROUSSEAU, n'a pas ou peu de prise sur l'être du sujet, mais elle en a, en revanche,sur le devenir, dans la mesure où elle intervient et agit dès l'origine du devenir.

Voilà pourquoi il faut ici insister sur larépétition du terme "dépendre". 2 - Deuxième partie du texte Deux termes majeurs sont à repérer : "habitudes" et "nature". Ces termes sont en opposition : la nature, c'est l'origine ; en elle, les habitudes ne sont pas encore à l'oeuvre, letemps n'altère pas la nature de l'homme. Les habitudes vont lui donner tout au long de sa vie temporelle et historique, une consistance, une réalité sociale etnon plus seulement naturelle.Le principe de l'éducation rousseauiste peut alors être compris : habituer l'homme, "sa vie durant" et dès l'enfance,à connaître les "objets" bons. Mais où les trouver ? Dans sa propre nature, qui fournit à celui qui prend la peine de la connaître et de la respecter,les normes de l'action bonne et du bonheur. Cependant, il faut remarquer que ROUSSEAU ne soutient pas une thèse eudemoniste : il ne dit pas que le fait d'êtreheureux constitue en soi une action bonne. Il ne dit pas non plus le contraire : être vertueux, ce n'est pas identique au fait d'être heureux. Il y a plutôt une coïncidence parfaite entre les deux ordres : c'est en moi-même que je trouve les principesuniversels de la morale, ils sont le coeur de mon être naturel et les suivre, c'est du même coup m'épanouirauthentiquement. 3 - Troisième partie du texte Etude des conséquences de la dégénérescence de notre être sous l'effet de l'habitude du mal. L'homme est aliéné à lui-même ; ses "passions", toutes dérivées de l'amour propre, le coupent de tout contact avecsa vraie nature. Ses "jugements" ne sont donc pas simplement faux : ils sont avant tout faussés, car l'homme a perdu la "mesure" dubien et du "mal", qui se trouve justement au fond de son être. Les jugements de valeur que l'homme porte sur la réalité qui l'entoure sont normés par une valeur démesurée :l'extrême importance que l'homme accorde aux apparences sociales, et d'abord à sa propre apparence "aux yeux desautres". L'homme croit faire son propre bonheur, quand il ne fait qu'obéir aux exigences des autres.

Il croit faire le bien,quand il ne fait que suivre les règles de conduite intéressées qui caractérisent le milieu social. IV - FAUSSES PISTES - Il fallait éviter de se laisser entraîner par la rhétorique parfois psychologique du début du texte : "dépravation","tentation", "faiblesse". Ce texte, comme toujours chez ROUSSEAU, cache sous une langue littéraire très souple une armature conceptuelletrès rigoureuse.

Il est question dans ce texte de la possibilité de redresser le genre humain par une éducationadéquate. - Il fallait éviter également de reprocher à ROUSSEAU une entreprise moralisatrice : au bout du compte, comme il lesouligne dans ce texte, et comme KANT le reformulera après lui, tout dépend de la "volonté" que l'individu trouve enlui-même : ce que ROUSSEAU appelle la "conscience" dans la Profession de foi du vicaire savoyard . V - LE POINT DE VUE DU CORRECTEUR On pouvait mettre ce texte en perspective en évoquant le problème, fort aigu depuis une décennie, posé parl'éducation publique.Ne pouvait-on pas opposer à ROUSSEAU la force irrésistible de la pression sociale sur les individus, dans certainesconditions de vie concentrées (banlieues défavorisées) ?Un regard sociologique sur le problème de l'éducation est en réalité indispensable à une juste compréhension des. »

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