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ROUSSEAU: Le premier et le plus grand intérêt public est toujours la justice

Publié le 28/04/2005

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Le premier et le plus grand intérêt public est toujours la justice. Tous veulent que les conditions soient égales pour tous, et la justice n'est que cette égalité. Le citoyen ne veut que les lois et que l'observation des lois. Chaque particulier dans le peuple sait bien que, s'il y a des exceptions, elles ne seront pas en sa faveur. Ainsi tous craignent les exceptions, et qui craint les exceptions aime la loi. Chez les chefs c'est tout autre chose, [...] ils cherchent des préférences partout. S'ils veulent des lois, ce n'est pas pour leur obéir, c'est pour en être les arbitres. Ils veulent des lois pour se mettre à leur place et pour se faire craindre en leur nom. Tout les favorise dans ce projet. Ils se servent des droits qu'ils ont pour usurper sans risque ceux qu'ils n'ont pas. ROUSSEAU

Dans ce texte, Rousseau traite de la justice et des lois en remarquant l'opposition existant entre ce que le peuple cherche au travers des lois et ce que les gouvernants en attendent. Tandis que le premier veut l'égalité, les seconds ne songent qu'à renforcer leurs privilèges.  Dans un premier temps, il montre comment justice et égalité sont indissociables, puis il se livre à une critique sévère des princes qui veulent que la loi ne s'exerce qu'à leur profit.

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« l'organisation de la vie sociale.

La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen à laquelle nous nous référions endébutant cette réflexion n'associe-t-elle pas, en effet, la liberté à l'égalité? Peut-on concevoir l'égalité sans laliberté? L'égalité à laquelle fait référence la déclaration de 1789 est expressément définie comme une égalité « dedroits », c'est-à-dire une position identique des citoyens au regard de la loi.

Mais en ajoutant dans la phrase qui suitla proclamation de l'égalité des droits la mention: « Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilitécommune », les auteurs de la Déclaration des droits de l'homme ne semblent pas avoir souhaité la construction d'unordre social strictement égalitaire au sens d'une égalité mathématique.Imaginons des individus placés à égalité de droits : cela signifie que chacun a l'égal accès aux charges ou auxrichesses que son travail peut lui procurer.

Aussi, sous l'effet du travail, du mérite ou de la chance de chacun, denouvelles inégalités - de faits et non plus de droits - tendront à voir le jour.

Ainsi verra-t-on surgir une difficulté queles sociétés modernes ont beaucoup de peine à résoudre: la contradiction entre l'égalité et la liberté.Si l'on place les individus en situation d'égalité de droits mais avec la liberté de concourir librement entre eux, nedébouchera-t-on pas sur de nouvelles et profondes inégalités de faits ? Mais si, au nom de l'égalité, on choisit defreiner la capacité d'initiative des individus, cela n'aura-t-il pas pour effet de ruiner la liberté ? Entre un égalitarismenégateur de la liberté et un libéralisme créateur d'inégalités, la voie peut s'avérer étroite.Aussi convient-il, afin de résoudre cette difficulté, de pondérer les deux principes d'égalité et de liberté par untroisième qui est celui de l'équité.

C'est Aristote, dans Éthique à Nicomaque, qui introduit cette notion importante: «Car cequi fait que tout n'est pas compris dans la loi, c'est qu'il y a des cas particuliers pour lesquels il est impossibled'établir une loi: en sorte qu'il faut avoir recours au décret.

Car, de ce qui est indéterminé la règle doit être elle-même indéterminée, comme cette règle de plomb, dont les constructeurs de Lesbos font usage: s'adaptant à laforme de la pierre, elle ne demeure pas rigide; de même les décrets s'adaptent aux faits.

On voit ainsi ce que c'estque l'équitable — que l'équitable est juste — et à quelle sorte de juste il est supérieur.

» [Conclusion]L'égalité, si elle s'avère essentielle à la fondation du droit, ne doit pas pour autant rentrer en contradiction avecl'autre principe fondateur de tout État de droit, la liberté.

C'est le principe de l'équité qui peut tenter de résoudrel'éventuelle contradiction entre égalité et liberté.

ROUSSEAU (Jean-Jacques). Né à Genève en 1712, mort à Ermenonville en 1778. Il n'est pas dans notre propos de résumer la vie de Rousseau, sou séjour aux Charmettes chez Mme de Warens, àMontmorency chez Mme d'Épinay, ses travaux de musique, sa persécution par les catholiques comme par lesprotestants, son voyage en Angleterre après sa fuite de Suisse ou l'hospitalité du marquis de Girardin à Ermenonville.Non plus que la mise à l'Assistance Publique des cinq enfants qu'il eut de Thérèse Levasseur, ou sa brouille avecGrimm et Diderot.

Jean-Jacques Rousseau fut seul, chassé de partout, et c'est en méditant sur son existencemalheureuse, qu'il a pu énoncer sa doctrine de philosophe.

Sa philosophie n'est pas un système, mais une vision dela condition humaine.

— Contrairement aux Encyclopédistes, l'homme, pour Rousseau, est naturellement bon etjuste.

Il fut heureux lorsqu'il vivait sans réfléchir, au milieu de la nature, uniquement préoccupé des soins matérielsde la vie quotidienne.

Puis, il a cherché à paraître, à dominer.

Il a inventé la propriété.

Sont venus l'inquiétuded'esprit, le goût du luxe, l'ambition, l'inégalité, les vices, la philosophie.

La société a corrompu l'homme, en l'élevant àla moralité.

La vie idéale n'est pas le retour à l'état de nature ; mais elle doit se rapprocher le plus possible de la vienaturelle.

C'est le coeur qui fournit à l'homme la preuve des vérités morales et religieuses, qui lui permet de goûteraux plaisirs de la générosité, de la bienfaisance, de l'amitié.

L'enfant, naturellement bon, doit être éduqué de façon«négative».

Il faut laisser libre cours à son propre développement.

Rousseau prône les vertus de l'intuition et del'émotion.

— Le fondement de toute société, c'est le contrat social, par lequel chaque contractant renonce à sapropre liberté au profit de la communauté, et se soumet à la volonté générale.

Rousseau pose ainsi le principe de lasouveraineté populaire.

Tant en littérature qu'en philosophie ou en politique (la Révolution française le revendiqua),l'influence de Rousseau fut considérable.

Il a véritablement transformé la sensibilité humaine.. »

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