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ROUSSEAU: Il ne serait pas [...] raisonnable de croire que les Peuples se sont d'abord jetés entre les bras d'un Maître absolu

Publié le 17/04/2009

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Il ne serait pas [...] raisonnable de croire que les Peuples se sont d'abord jetés entre les bras d'un Maître absolu, sans conditions et sans retour, et que le premier moyen de pourvoir à la sûreté commune qu'aient imaginé des hommes fiers et indomptés, a été de se précipiter dans l'esclavage. En effet, pourquoi se sont-ils donné des supérieurs si ce n'est pour les défendre contre l'oppression, et protéger leurs biens, leurs libertés et leurs vies qui sont pour ainsi dire, les éléments constitutifs de leur être ? Or dans les relations d'homme à homme, le pis qui puisse arriver à l'un étant de se voir à la discrétion de l'autre, n'eût-il pas été contre le bon sens de commencer par se dépouiller entre les mains d'un Chef des seules choses pour la conservation desquelles ils avaient besoin de son secours ? Quel équivalent eût-il pu leur offrir pour la concession d'un si beau Droit ; et s'il eût osé l'exiger sous le prétexte de les défendre, n'eût-il pas aussi tôt reçu la réponse [...] ; Que nous fera de plus l'ennemi ? Il est donc incontestable, et c'est la maxime fondamentale de tout le Droit Politique, que les peuples se sont donné des Chefs pour défendre leur liberté et non pour les asservir [...] Les Politiques font sur l'amour de la liberté les mêmes sophismes que les philosophes ont fait sur l'état de nature ; par les choses qu'ils voient ils jugent des choses très différentes qu'ils n'ont pas vues, et ils attribuent aux hommes un penchant naturel à la servitude par la patience avec laquelle ceux qu'ils ont sous les yeux supportent la leur, sans songer qu'il en est de la liberté comme de l'innocence et de la vertu, dont on ne sent le prix qu'autant qu'on en jouit soi-même, et dont le goût se perd sitôt qu'on les a perdues. ROUSSEAU

L'esclavage était un phénomène qui existait encore au 18ème siècle; il avait disparu en Europe occidentale mais subsistait aux Antilles et dans le Nouveau Monde: cf: l'Esprit des Lois de Montesquieu.  Ce passage a un rôle polémique: le pouvoir politique absolu était justifiée comme dérivant d'une servitude elle-même justifiée. Or, il y a là deux moments distincts, séparables dans le concept et séparable, en fait, historiquement. Qu'il s'agisse de l'esclavage domestique ou du rapport d'un despote à son peuple, l'argument est le même: il invoque une infériorité essentielle des hommes qui sont soumis. Ici encore les différences de plus à moins qui font qu'un homme a plus de talents qu'un autre sont tout à fait insuffisantes pour former une institution. Or, il n'y a qu'une seule espèce humaine. Mais Rousseau rappelle que la nature est muable, elle se modèle selon les circonstances et les modes de vie. L'esclavage crée les caractère serviles, qui n'existaient pas sans lui. : "tout homme né dans l'esclavage naît pour l'esclavage". Si des hommes éducables à la liberté sont conditionnés pour la servitude, l'injustice n'en est que plus grande, puisqu'on leur a fait perdre leur qualité d'Homme. Cette opération n'est pas plus fondée en nature que n'importe quelle mutilation!

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« — au moyen d'un total abandon de leur liberté (en acceptant de devenir esclaves de la volonté de leurs maîtres). 2) Critique de cette théorie.

Elle est insensée pour plusieurs raisons :— La vérité est exactement opposée à celle-ci.

En fait, les hommes n'ont établi des pouvoirs que pour garantir leurêtre, en particulier leur liberté.— Elle est contradictoire : des hommes ne peuvent choisir de se soumettre à un pouvoir qui ne leur apporterait pasplus de garantie que l'absence de pouvoir. 3) Règle politique essentielle selon Rousseau : ceux qui gouvernent un État doivent défendre la liberté desgouvernés (c'est-à-dire se comporter en princes politiques qui font respecter les lois choisies par le peuple, et nonse conduire en maîtres qui imposeraient à tous leur volonté particulière, arbitraire et capricieuse). ROUSSEAU (Jean-Jacques). Né à Genève en 1712, mort à Ermenonville en 1778. Il n'est pas dans notre propos de résumer la vie de Rousseau, sou séjour aux Charmettes chez Mme de Warens, àMontmorency chez Mme d'Épinay, ses travaux de musique, sa persécution par les catholiques comme par lesprotestants, son voyage en Angleterre après sa fuite de Suisse ou l'hospitalité du marquis de Girardin à Ermenonville.Non plus que la mise à l'Assistance Publique des cinq enfants qu'il eut de Thérèse Levasseur, ou sa brouille avecGrimm et Diderot.

Jean-Jacques Rousseau fut seul, chassé de partout, et c'est en méditant sur son existencemalheureuse, qu'il a pu énoncer sa doctrine de philosophe.

Sa philosophie n'est pas un système, mais une vision dela condition humaine.

— Contrairement aux Encyclopédistes, l'homme, pour Rousseau, est naturellement bon etjuste.

Il fut heureux lorsqu'il vivait sans réfléchir, au milieu de la nature, uniquement préoccupé des soins matérielsde la vie quotidienne.

Puis, il a cherché à paraître, à dominer.

Il a inventé la propriété.

Sont venus l'inquiétuded'esprit, le goût du luxe, l'ambition, l'inégalité, les vices, la philosophie.

La société a corrompu l'homme, en l'élevant àla moralité.

La vie idéale n'est pas le retour à l'état de nature ; mais elle doit se rapprocher le plus possible de la vienaturelle.

C'est le coeur qui fournit à l'homme la preuve des vérités morales et religieuses, qui lui permet de goûteraux plaisirs de la générosité, de la bienfaisance, de l'amitié.

L'enfant, naturellement bon, doit être éduqué de façon«négative».

Il faut laisser libre cours à son propre développement.

Rousseau prône les vertus de l'intuition et del'émotion.

— Le fondement de toute société, c'est le contrat social, par lequel chaque contractant renonce à sapropre liberté au profit de la communauté, et se soumet à la volonté générale.

Rousseau pose ainsi le principe de lasouveraineté populaire.

Tant en littérature qu'en philosophie ou en politique (la Révolution française le revendiqua),l'influence de Rousseau fut considérable.

Il a véritablement transformé la sensibilité humaine.. »

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