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Y a-t-il une rupture entre l'homme et l'animal ?

Publié le 27/02/2004

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C'est ce qu'il est juste de reconnaître. La critique fine et acérée a pénétré au coeur même du mécanisme et l'a définitivement usé. I. Critique de l'évolution spencérienne. L'essence de l'évolution, dit M. Bergson, est de dérouler les réalités dans un ordre de succession, qui ne leur permet d'exister que les unes après les autres, et où le temps entre, par suite, comme facteur de capitale importance. Or, l'évolué, le tout fait présente justement des caractères opposés. Ici, le réel ne se déroule plus, comme dans la succession, il s'enroule, pour ainsi dire z lui-même, et ses parties, au lieu de se développer progressivement dans la durée, sont données toutes à la fois, dans un ordre très différent de la succession, qui est celui de la coexistence dans l'espace. Confondre ces deux ordres : la succession et la coexistence, dont l'un est la négation de l'autre, telle fut, selon Bergson, l'erreur capitale de Spencer et des évolutionnistes en général. Spencer se proposait de retracer l'histoire de l'Univers à travers le temps.

« C'est au second chapitre du premier livre de la « Politique » que l'on retrouve en substance la formule d'Aristote.

On traduit souvent malen disant : l'homme est un « animal social », se méprenant sur le sens du mot « politique », qui désigne l'appartenance de l'individu à la « polis », la cité, qui est une forme spécifique de la vie politique, particulière au monde grec. En disant de l'homme qu'il est l'animal politique au suprême degré, et enjustifiant sa position, Aristote, à la fois se fait l'écho de la traditiongrecque, reprend la conception classique de la « cité » et se démarquedes thèses de son maître Platon . Aristote veut montrer que la cité, la « polis », est le lieu spécifiquement humain, celui où seul peut s'accomplir la véritable nature de l'homme :la « polis » permet non seulement de vivre mais de « bien vivre ».

Il affirme de même que la cité est une réalité naturelle antérieure àl'individu : thèse extrêmement surprenante pour un moderne, et queHobbes & Rousseau voudront réfuter, puisqu'elle signifie que l'individu n'a pas d'existence autonome et indépendante, mais appartientnaturellement à une communauté politique qui lui est « supérieure ». Enfin Aristote tente de différencier les rapports d'autorité qui se font jour dans la famille, le village, l'Etat, et enfin la cité proprement dite. La cité est la communauté politique au suprême degré et comme elle est spécifiquement humaine, « L'homme est animal politique au suprême degré ».

En effet la communauté originaire est la famille : c'est l'association minimale qui permet la simple survie, la reproduction « biologique » de l'individu et de l'espèce.

Composée du père, de la mère, des enfants et des esclaves, elle répond à des impératifs vitaux minimaux, à une sphère« économique » comme disent les Grecs.

« D'autre part, la première communauté formée en vue de la satisfaction de besoins qui ne sont pas purement quotidiens est le village. » Il faut comprendre que famille et village sont régis par le besoin, par la nécessité naturelle de la vie, et nesont pas propres à l'humanité. Le cas de la « polis » est différent.

« Ainsi, formée au début pour satisfaire les besoins vitaux, elle existe pour permettre de bien vivre.

» Dans la « polis » se réalise tout autre chose que la simple satisfaction des besoins : sa fonction initiale (satisfaire les besoins vitaux) découvre autre chose de beaucoup plus important : non plusle vivre mais le bien vivre.

Non plus la simple vie biologique mais l'accès à la vie proprement humaine, quidépasse la sphère économique pour atteindre la sphère morale. « Car c'est le caractère propre de l'homme par rapport aux autres animaux d'être le seul à avoir le sentimentdu bien et du mal, du juste et de l'injuste, et des autres notions morales, et c'est la communauté de cessentiments qui engendre famille et cité. » Seule la cité, la « polis », transcende les simples nécessités vitales et animales et permet à l'homme d'accéder à sa pleine humanité.

Elle naît de la mise en commun de ce qui est spécifiquement humain : la raison et lessentiments moraux.

Ainsi les modernes ont-ils tort de parler « d'animal social » : ce qu'Aristote désigne est moins l'appartenance à une communauté quelconque, ou encore régie par des intérêts « économiques », que l'accès à une sphère autre, seulement politique, et qui permet à l'homme de s'épanouir en tant qu'homme, deviser le bonheur, d'entretenir avec les autres hommes des liens libres, libérés de tout enjeu vital. Plus étranges peuvent paraître les deux autres thèses, liées, d'Aristote, affirmant que la cité est une réaliténaturelle, et surtout, qu'elle est antérieure par nature à l'individu.

Cela signifie que l'homme n'est pasautosuffisant : il n'est qu'une partie d'un tout : la cité, comme la mai est partie du corps.

Pas plus que la mainn'existe réellement sans le corps, l'individu humain n'existe sans la cité.

C'est d'elle qu'il reçoit son humanité,son développement, son statut moral. « Mais l'homme qui est dans l'incapacité d'être membre d'une communauté, ou qui n'en éprouve nullement lebesoin, parce qu'il se suffit à lui-même, ne fait en rien partie de la cité et par conséquent est ou une brute,ou un dieu » Ne pas appartenir à la « polis », lei d'humanité, c'est être soit infra-humain, soit supra-humain. L'exposé d'Aristote reprend la conception classique de la cité au sens grec.

La cité n'est pas un Etat (formebarbare pour les Grecs), elle n'est pas liée à un territoire (comme aujourd'hui où la citoyenneté se définitd'abord par référence au sol, à la « patrie »).

La cité est une communauté d'hommes, vivant sous les mêmes mois et adorant les mêmes dieux.

L'idéal grec est celui d'un groupe d'hommes pouvant tous se connaîtrepersonnellement.

L'idéal politique est donc celui d'une communauté d'hommes libres (non asservis par le travailet les nécessités vitales, disposant de loisirs) et unis par la « philia ». Quand les contemporains parlent « d'animal social », ou quand Marx déclare que l'homme est « animal. »

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