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Sachant ce qu'est le bien, peut-on faire le mal?

Publié le 20/03/2005

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Transition ·                    Il semble possible de faire le mal tout en sachant ce qu'est le bien : non seulement parce que l'interdit fascine et donc attractif (et en cela, il incline notre volonté plus que le bien), mais aussi parce que rien ne saurait contraindre la volonté (entre bien et mal j'ai absolument la liberté de faire ou ne pas faire). ·                    Cependant, 2 remarques : -          Descartes dit « pourvu que nous pensions que c'est un bien ... « : le délice ou le plaisir évoqués plus haut ont à voir avec le bien. Dès lors, même mauvaises, les actions mentionnées nous paraissent bonnes (preuve : on y prend du plaisir). Bien = condition de l'action. -          Il emploie le verbe « nous retenir «. Il s'agit donc de lutter contre le bien connu et l'évidence ; ces dernières sont donc en premier lieu ce qui nous déterminent à agir. ·                    Conséquence : ne sommes-nous pas toujours déterminés au bien ? N'est-il pas impossible qu'en sachant ce qui est bien notre volonté se porte sur ce qui est mal et est connu comme tel ? Faire le mal, n'est-ce pas se tromper sur ce qui est bien plutôt qu'une volonté de ce qui est contraire au bien ?   2-      Sachant ce qu'est le bien il est impossible de faire le mal   a)      nul n'est méchant volontairement Pour Socrate tout mal commis relève d'une erreur et non d'une faute : est mal ce qui a été fait involontairement et non sciemment.

■ Mots clés

• savoir : connaître, avoir conscience de cette connaissance. • bien : au sens général, ce qui est avantageux ou utile à une fin donnée. On peut distinguer : - le bien physique (plaisir, bonheur * douleur) ; - le bien moral, concept normatif fondamental, conforme à l'idéal moral ; - le souverain bien : le bien suprême qui procure un contentement de tout l'être. • mal : tout ce qui fait souffrir ou nuit, tout ce qui affecte physiquement ou moralement un individu. Le mal s'oppose au bien. Il peut signifier : - l'imperfection, - le péché, - la méchanceté.

■ Problématique

Le mal est-il relatif à la méconnaissance de ce qui est bien ? Peut-on choisir de faire le mal pour le mal ?

« · Conséquence : ne sommes-nous pas toujours déterminés au bien ? N'est-il pas impossible qu'en sachant ce qui est bien notre volonté se porte sur ce qui est mal et est connu comme tel ? Faire le mal, n'est-ce pas se tromper sur ce qui est bien plutôt qu'une volonté de ce qui est contraire au bien ? 2- SACHANT CE QU 'EST LE BIEN IL EST IMPOSSIBLE DE FAIRE LE MAL a) nul n'est méchant volontairement Pour Socrate tout mal commis relève d'une erreur et non d'une faute : est mal ce qui a été fait involontairement et non sciemment.

Pourquoi ? Celui qui fait le mal ignore le bien : s'il le connaissait, il ne pourrait nullement ne pas le vouloir.

Or il arrive que ce que nous prenions pour un bien ne l'est pas en réalité et nous nous trouvons alors à faire le mal.

Le bien voulu n'est qu'apparent et donc, n'est pas connu (l'apparence s'adresse à l'opinion et à l'imagination, non à l'intelligence) . Ainsi, c'est bien par ignorance que nous commettons de mauvaises actions.

Exemple : la lâcheté : le lâche s'imagineque la fuite face au danger est un bien ; or, sur l'instant et de son point de vue, il semble bon de fuir, mais, en soi , ou pour son armée, la fuite est un mal, car le bien réel = courage. C'est dans le « Gorgias » de Platon que l'on trouve exposé le paradoxe socratique : « Nul n'est méchant volontairement ».

Cette thèse surprenante de prime abord doit être reliée aux deux autres : « Commettre l'injustice est pire que la subir » ; « Quand on est coupable il est pire de n'être pas puni que de l'être ».

L'injustice est un vice, une maladie de l'âme, c'est pourquoi, nul ne peut vraiment la vouloir (on ne peut vouloir être malade), et lapunition, qui est comparable à la médecine, est bénéfique à celui qui la subit.L'attitude commune face à la justice est résumée par Polos dans « Gorgias » et Glaucon au livre 2 de la « République ».

Les hommes souhaiteraient être tout-puissants et pouvoir commettre n'importe quelle injustice pour satisfaire leurs désirs.

Il vaut donc mieux, selon eux, commettre l'injustice que la subir.

Cependant, commesubir l'injustice cause plus de dommage que la commettre de bien, les hommes se sont mis d'accord pour faire deslois en vue de leur commune conservation.

Nous ne sommes donc justes, en vérité, que par peur du châtiment.

Sinous pouvions être injustes en toute impunité, comme Gygès qui possède un anneau le rendant invisible, nous agirions comme lui : nous ne reculerions devant aucune infamie pour nous emparer du pouvoir, devenir tyran.

Bref,nous serions injustes pour satisfaire nos désirs.Platon réfute inlassablement cette thèse, cette hypocrisie qui consiste à ne vouloir que l'apparence de la justice, l'impunité, pour pouvoir accomplir n'importe quelle injustice.Le nerf de l'argument consiste à montrer que, en réalité, « Commettre l'injustice est pire que la subir ».

C'est par une ignorance du bien réel que les hommes souhaitent pouvoir être injustes.

Parce que nous confondons le bienapparent (le plaisir, la satisfaction immédiate des désirs les plus déréglés) avec le bien réel, la santé de l'âme.

Nouscroyons vouloir commettre l'injustice, alors que c'est impossible, que « nul n'est méchant volontairement », parce que nous voulons.

Etre injuste est faire son malheur en croyant se faire plaisir.L'antagonisme entre le point de vue habituel et la position de Socrate est magnifiquement exposé par le débat entre Calliclès et Socrate , dans le « Gorgias ».

Calliclès prétend : « Voici, si l'on veut vivre comme il faut, on doit laisser aller ses propres passions, si grandes soient-elles, et ne pas les réprimer .

» Socrate pense, lui, que l'accès au bonheur, au Bien, « cela veut dire être raisonnable, se dominer, commander aux plaisirs et aux passions qui résident en soi-même ». Pour tenter de réfuter Calliclès , Socrate lui montrera que son idéal de mode de vie ressemble bien à une « passoire ».

L'intempérance consiste à accumuler des plaisirs qui n'ont aucune consistance, à ne pas savoir se mesurer, se satisfaire, mais au contraire à être habité par des désirs tels que pour les combler il faut « s'infliger les plus dures peines ».

L'erreur fondamentale de Calliclès est de confondre l'agréable et le bon, de confondre la démesure des désirs déréglés et irrationnels avec l'équilibre de la satisfaction véritable.C'est que l'injustice est une maladie de l'âme, et plus précisément encore la subversion d'un ordre.

Le magnifiquemythe de l'attelage ailé dans le « Phèdre » décrit d'une façon imagée ce qu'est l'âme.

Elle est comparée à un attelage composé d'un cocher et de deux chevaux.

L'un est blanc, docile, l'autre est noir, à les oreilles poilues et semontre sourd aux injonctions du cocher ; il menace ainsi l'équilibre de l'attelage.

Il y a donnc trois instance dansl'âme.

Le cocher figure la raison, qui a pour tâche de diriger.

Le « cheval blanc » représente le siège de l'honneur, de la colère.

Le « cheval noir » symbolise l'âme concupiscible, siège des désirs, et plus précisément des désirs liés au corps.

Or ces désirs ont pour caractéristiques d'être multiples, tyranniques, de ne rien respecter ( Platon anticipe dans certaines descriptions sur tous les cas cliniques décrits par Freud ). Or, la justice consiste d'abord dans le respect de la hiérarchie naturelle des trois instances, qui doivent s'ordonnersous la conduite de la raison.

Se dominer, être maître de soi, tenir en bride le « cheval noir », c'est faire régner l'ordre.

L'injustice consiste au contraire dans la subversion de cet ordre, dans la prédominance que l'on accorde àl'âme concupiscible.

C'est une maladie, une perversion, qui remet en cause la totalité de l'individu.

Dans cettetyrannie du supérieur par l'inférieur, l'homme devient esclave des désirs sans frein ; c'est pourquoi il estnécessairement malheureux.

Il devient incapable de jugement, d'honneur, et, au lieu d'être maître de soi, il estsoumis à ce qu'il y a de plus bestial en lui.Céder aux passions, au désir, rêver d'être tyran est donc en fait rêver d'être impuissant, confondre ce qui estagréable avec ce qui est bon.

Nul ne peut être véritablement maître des autres sans être d'abord maître de soi.

Leprojet d'hommes comme Calliclès est contradictoire : on ne peut à la fois être soumis à ses propres désirs et libre, être maître et serviteur.Le « Grogias » filait la métaphore des deux tonneaux.

L'homme maître de lui-même, ordonné, est celui qui sait combler ses désirs sans leur céder, accorder au corps ce qu'il faut.

L'homme tyrannique poursuit sans trêve desplaisirs nouveaux, comme on verse du liquide dans un tonneau ; mais ce que ne sait pas cet être de la démesure,. »

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