Devoir de Philosophie

Sagesse et bonheur ?

Publié le 10/02/2004

Extrait du document

Se délivrer de tout cela, c'est déjà être heureux, de même qu'il faut penser que le plaisir se trouve déjà dans l'absence de souffrance. Nous voyons qu'Epicure redéfinit le plaisir (et corrélativement le bonheur) à l'encontre de la pensée commune, qui n'aperçoit de plaisir que dans un excitation positive des sens ou de l'esprit. Nous voyons aussi quelle est la vraie nature de l'hédonisme d'Epicure et quel monumental contresens a fait la tradition en en faisant « une morale de pourceaux libidineux se vautrant dans la luxure », alors qu'il s'agit avant tout d'une ascèse, d'une maîtrise des désirs, assez semblable à ce que peuvent pratiquer certains religieux, ermites ou ascètes, même si c'est dans de tout autres buts.   LE STOÏCISME OU L'AMOUR DU DESTIN. Nous pouvons reprendre l'analyse en partant, à l'instar des stoïciens, de trois affirmations de base peu contestables : le bonheur serait d'avoir tout ce que je désire ; la liberté, de faire tout ce que je veux ; l'homme, esclave de ses désirs, n'a ni bonheur, ni liberté. La folie des désirs. Mais pourquoi en va-t-il ainsi ? C'est qu'avoir tout ce que je désire et faire tout ce que je veux ne sont pas en mon pouvoir. Obtenir tout cela ne dépend pas de moi, mais de circonstances extérieures, de la coopération d'autrui, de la chance, bref de l'ensemble de la nature. Par exemple, être aimé ne se commande pas.

« heureux », recommande Épictète dans ses Entretiens. La source de tout bien et de tout mal que nous pouvons éprouver résidestrictement dans notre propre volonté.

Nul autre que soi n'est maître de cequi nous importe réellement, et nous n'avons pas à nous soucier des chosessur lesquelles nous n'avons aucune prise et où d'autres sont les maîtres.

Lesobstacles ou les contraintes que nous rencontrons sont hors de nous, tandisqu'en nous résident certaines choses, qui nous sont absolument propres,libres de toute contrainte et de tout obstacle, et sur lesquelles nul ne peutagir.

Il s'agit dès lors de veiller sur ce bien propre, et de ne pas désirer celuides autres ; d'être fidèle et constant à soi-même, ce que nul ne peut nousempêcher de faire.

Si chacun est ainsi l'artisan de son propre bonheur,chacun est aussi l'artisan de son propre malheur en s'échappant de soi-mêmeet en abandonnant son bien propre, pour tenter de posséder le bien d'autrui.Le malheur réside donc dans l'hétéronomie : lorsque nous recevons del'extérieur une loi à laquelle nous obéissons et nous soumettons.

Nul ne nousoblige à croire ce quel'on peut dire de nous, en bien ou en mal : car dans un cas nous devenonsdépendants de la versatilité du jugement d'autrui, dans l'autre nous finissonspar donner plus de raison à autrui qu'à nous-mêmes.

Enfin, à l'égard desopinions communes comme des théories des philosophes, ou même de nospropres opinions, il faut savoir garder une distance identique à celle qui estrequise dans l'habileté du jeu, c'est-à-dire qu'il faut savoir cesser de jouer en temps voulu.

Dans toutes les affaires importantes de la vie, nul ne nous oblige en effet que notre propre volonté. Pas de sagesse sans bonheur La recommandation d'Épictète l'atteste : la sagesse stoïcienne n'est pas, comme on se la représente parfois, lacapacité à endurer calmement le malheur mais, au contraire, un art d'être heureux.

Être sage, c'est vivre heureux :telle est d'ailleurs l'idée commune à toute la philosophie morale grecque.

Comme le remarque Aristote,.

tout le mondes'accorde à voir « dans le fait de bien vivre et de réussir à être heureux » le Bien suprême.Certes, dans l'idée qu'ils se font du bonheur, les philosophes divergent.

Il existe pourtant, dans la pensée grecque,des invariants de l'idée de bonheur.cette nature, et connaître en particulier que l'homme est un être raisonnable, c'est pouvoir déterminer ce quiconvient le mieux à son plein accomplissement, et donc c'est pouvoir être heureux.

C'est pourquoi presque tous lesphilosophes de l'Antiquité ont affirme que le bonheur consiste non pas dans la démesure des plaisirs, mais dans uneexistence selon la raison.Du temps de Platon et d'Aristote, où la cité grecque est florissante et prestigieuse, elle apparaît comme le lieupossible de la réalisation de la nature de l'homme.

L'éthique est alors inséparable d'une politique, et l'homme juste etheureux ne l'est vraiment que dans la cité elle-même juste et heureuse (par exemple, la « cité belle » [callipolis] quedécrit Platon dans sa République) .Mais la décadence progressive des cités, à la fin du V siècle avant J.-C., conduira plutôt les philosophes à chercherailleurs que dans la cité le lieu de réalisation du bonheur : soit dans une communauté plus réduite, le groupe d'amis(épicurisme) ; soit au contraire dans un accord avec l'ordre de l'univers, faisant du sage le citoyen du monde(stoïcisme). Difficultés Épicure et l'hédonisme Du grec hedonè, « plaisir », l'hédonisme affirme que le bonheur consiste dans le plaisir.

Telle était, par exemple, lathèse que défendait l'école des Cyrénaïques, fondée par Aristippe de Cyrène vers 390 av.

J.-C.Était-ce aussi celle d'Épicure ? Certes, l'épicurisme fait également du plaisir la règle de la vie heureuse.

Mais ilproscrit les plaisirs non naturels et non nécessaires pour ne garder que la simplicité rustique des plaisirs purs quiaccompagnent la vie vertueuse (et même quasi ascétique !) du sage : boire de l'eau de source quand on a soif,discuter entre amis...

C'est donc avec réserve qu'on doit parler, à propos d'Épicure, d'« hédonisme ».

L'épicurismene doit pas, en tout cas, se confondre avec une philosophie de la jouissance, ou, par exemple, avec l'hédonisme desCyrénaïques. L'épicurisme et le bonheur.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles