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La mémoire est-elle indispensable à la conscience ?

Publié le 22/01/2004

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Or ils sont notre être, ou plutôt nous sommes «la condensation de l'histoire que nous avons vécue depuis notre naissance». Et cette condensation, nous l'appelons notre «caractère», terme dont la singularité ne doit pas nous faire oublier qu'il désigne l'intégralité de notre histoire passée. Ce à quoi s'oppose cet extrait: On pourrait croire que Bergson anticipe ici l'inconscient dont Freud aura tant de mal à accréditer l'existence. Pourtant l'inconscient freudien n'est pas comparable à celui décrit dans ce texte, car il est «dynamique», composé des désirs refoulés de l'enfance.Alors que, chez Bergson, cet inconscient qui est le document même sur lequel s'inscrivent tous les événements de ma vie, peut passer de lui-même à la conscience, même si l'attention à l'action présente ne l'exige pas, il en va tout autrement chez Freud. L'inconscient dont nous parle la psychanalyse est absolument inaccessible «tel quel», car ilexiste une force qui maintient ses représentations hors du champ de la conscience.Celui qu'évoque Bergson, au contraire, ne doit son caractère qu'au rétrécissement du champ de la conscience aux seules données qui peuvent aider la situation présente et l'action efficace. C'est pourquoi l'inconscient freudien est si mystérieux, car les désirs qui en proviennent se déguisent, revêtent des formes qui les font ressembler à des rébus ou des énigmes.La mémoire cachée dont nous parle Bergson n'offre, en revanche, aucun décryptage, car l'inconscient qu'elle constitue est l'histoire même de notre existence. ¦ BERGSON : toute conscience est mémoire Selon Bergson la mémoire est « coextensive à la conscience », cette dernière ne pouvant à la limite qu'être conscience du passé.

Si l'intelligence humaine n'avait que ses facultés de perception, sens et conscience, elle verrait ses connaissances s'évanouir aussitôt après leur formation et serait semblable au tonneau des Danaïdes oh bien à ce miroir et à ces flots qui reflètent les objets sans en garder aucune trace. Heureusement il n'en est pas ainsi et nous avons une faculté grâce à laquelle le passé ne tombe pas tout entier clans le néant et peut revivre, pour ainsi dire, sous nos yeux. Cette faculté, c'est la mémoire, ce je ne sais quoi, comme dit Fénelon, qui est tour à tour toutes les choses que j'ai connues depuis que je suis au monde «.

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« conscience qui elle reste toujours immédiate et actuelle. Transition : mais dans ce cas, ne peut-on pas en déduire que la mémoire prend le pas sur la conscience ? En effet, la conscience semble alors être dans une dépendance totale vis-à-vis de la mémoire.

Sans elle, elle ne pourrait êtreconsciente que d'une série d'états sans liaison les uns avec les autres. II.

La mémoire comme obstacle et source d'illusion de la conscience A.

Comment faire la part entre ce qui vient de la mémoire et ce qui vient de la conscience ? le fait que la mémoire ne puisse se passer de conscience ne nous montre-t-il pas que la conscience n'est jamais conscience de quelquechose de façon purement transitive, mais que la mémoire y intervient, au risque de déformer la conscience que nousavons du réel ? Hume a beaucoup insisté sur le rôle psychologique de la mémoire, qui modifie notre conscience etpeut devenir source d'illusion.

Ainsi, contre Descartes qui par son cogito pensait avoir démontré de façon méthodique l'existence d'un sujet qui serait une substance pensante, Hume montre au chapitre « de l'identitépersonnelle » du Traité de la nature humaine (tome 1, IV, 6) que le moi n'est qu'une illusion, puisqu'en fait, on n'en a jamais conscience : on ne peut avoir conscience que d'une émotion particulière, ou d'une perception, mais non desoi-même.

C'est donc le fondement même de la doctrine selon laquelle la conscience caractérise le sujet pensant entant que substance qui est remise en question. B.

Cette critique empiriste lui permet également de montrer que la notion de cause n'est due qu'à un état psychologique particulier résultant de la mémoire, mais qu'on ne saurait en aucun cas avoir conscience d'une causeen tant que telle.

C'est la notion d'induction qu'il critique alors : l'induction consiste à conclure, à partir d'une sériede cas particulier, à une loi générale (si je ne vois que des cygnes blancs, je penserais qu'il n'y a que des cygnesblanc).

De la même façon, si je vois le soleil se lever tous les matins, j'en déduirais que cela résulte d'une loinécessaire : le soleil ne pourrait pas ne pas lever.

Mais en réalité, nous dit Hume, rien ne nous garantit le contraire.Comment se fait-il que nous nous sentions légitimés à conclure d'un bon nombre de cas à une loi universelle, alorsqu'avec un seul cas, nous ne le ferions pas ? c'est parce que nous ne sommes pas dans le même état psychologiqueaprès une série d'expériences similaires qu'après une seule expérience.

La mémoire conduit donc à la croyance enune nécessité à l'œuvre dans les phénomènes, ce qui explique que nous ayons conscience d'une causalité, là où enfait nous ne pouvons en avoir conscience (aucune perception ne peut nous offrir en même temps la preuve qu'il estnécessaire que les choses soient telles que nous pensons).

Cela ne veut pas dire que la mémoire n'est pasindispensable à la conscience, mais qu'en tout cas, elle peut être un obstacle à la conscience immédiate, neutre, etobjective d'un événement du monde. C.

De manière très différente, Nietzsche a montré que la mémoire, en tant qu'elle est une conservation du passé, peut être un obstacle à l'appréhension du présent.

Dans la deuxième dissertation de la Généalogie de la morale , il montre que la capacité d'oubli est une fonction essentielle à la vie.

La conscience n'est pas que perception, elleaussi, anticipation et action : c'est par la conscience que nous dessinons les contours de nos actions dans lemonde.

Or, la faculté d'oubli est alors tout à fait essentielle selon Nietzsche, puisque l'oubli seul peut nous permettred'être actif, d'être dirigés vers le futur, et non vers le passé.

La mémoire est donc certes indispensable à laconscience, mais à condition ne pas voir en la mémoire une simple faculté de rétention, mais aussi une faculté desélection : c'est parce que nous avons une capacité d'oublier qui est active (et non passive, par simple absence demémorisation) que l'on peut avoir une conscience, c'est-à-dire agir, vivre dans le présent et nous projeter dans lefutur. Transition : il est donc tout aussi indispensable à la conscience de pouvoir se libérer de la mémoire, d'être conscience du présent, conscience de la nouveauté.

Pourtant, cela n'a rien à voir avec un manque de mémoire telleque la connaissance les amnésiques, ni même avec une mémoire défaillante.

Il semble bien plutôt que mémoire etconscience aient des fonctionnements étroitement liés et corrélés.. »

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