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Savoir et souvenir

Publié le 19/03/2004

Extrait du document

Cela nous conduit à rappeler le mot célèbre de Royer-COLLARD : On ne se souvient pas des choses, on ne se souvient jamais que de soimême. Exagération manifeste, sinon erreur fondamentale, pour qui prend cette affirmation à la lettre : il est bien évident que notre souvenir a pour objet des choses plus que nous-même; d'ailleurs que serait le souvenir du nous coupé du reste du monde ? Vérité profonde, au contraire, si l'on comprend que cela seul est perçu, enregistré et conservé par la mémoire qui nous intéresse, se rapporte à nous et, dans ce sens, fait partie de nous...

« et me déclare capable de cette évocation, et la conscience de cette capa­ cité équivaut à une évocation globale dans laquelle se trouvent virtuelle­ ment contenues toutes les évocations particulières possibles.

Aussi ne peut-on pas prétendre se souvenir d'une chose alors qu'on n'y pense point : ce n'est rpas à tous les instants du jour et de la nuit que je me souviens d'une personne très aimée.

Son souvenir ne reste présent en moi que sur le mode du savoir, et c'est seulement quand je me rends présent à lui que je « me souviens ''· Nous venons ainsi d'am(!rcer la comparaison, qui consiste l'essentiel de cet exposé, entre les substantifs « savoir " et cc souvenir "· II.

- LE SAVOIR ET LE SOUVENIR.

Ressemblances.

- Le savoir et le souvenir appartiennent tous deux à l'ordre du connaître et non à l'ordre de l'agir.

Sans doute, on parle du savoir-faire, mais le savoir-faire ne constitue pas un savoir : l'insecte, par exemple, se montre dans certains de ses actes d'une ingéniosité extrême, et cependant il ne possède aucun savoir.

Ajoutons que l'un et l'autre ne constituent qu'une possession précaire : les souvenirs non rappelés s'effacent comme, faute de culture constante, se perd le savoir acquis.

Nous le savons bien, celui que son activité pro­ fessionnelle a éloigné de ses matières d'études serait bien incapable, à cinquante ans, de réussir les épreuves des examens auxquels, trente ans plus tôt il fut brillamment reçu.

Différences.

- Mais, admettrait-on que la plus grande partie ou même la totalité du savoir est acquise, en parlant de 11 savoir u, nous faisons abstraction de la manière dont cette connaissance devint nôtre; nous ne nous référons point à une certaine époque où nous l'acquîmes.

Il est d'ailleurs possible qu'il y ait des savoirs non acquis : qu'il nous suffise d'évoquer PLATON (il expliquait sans doute cette sorte de savoir par la réminiscence, mais la réminiscence n'est pas le souvenir), l'innéisme cartésien, etc.

Du moins est-il incontestable qu'une absence de savoir peut provenir aussi bien du fait qu'on n'a pa·s appris que de la perte des connais­ sances enregistrées; bien souvent nous sommes incapables de déterminer laquelle des deux explications est la bonne.

Or, dans tous ces cas, nous déclarons ne pas savoir.

C'est donc que le mot. »

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