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Un savoir sur l'homme peut-il être séparé d'un pouvoir sur les hommes ? (Pistes de réflexion seulement)

Publié le 24/03/2004

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32.« Et cette descriptibilité nouvelle est d'autant plus marquée que l'encadrement disciplinaire est strict : l'enfant, le malade, le fou, le condamné deviendront de plus en plus facilement à partir du XVIIIe siècle et selon une pente qui est celle des mécanismes de discipline, l'objet de descriptions individuelles et de récits biographiques. Cette mise en écriture des écritures réelles... fonctionne comme procédure d'objectivation et d'assujettissement » Surveiller et Punir, p. 193.* Réponse de C. Canguilhem à un psychopédagogue d'Amiens : « Le philosophe peut aussi s'adresser au psychologue sous la forme - une fois n'est pas coutume - d'un conseil d'orientation, et dire : quand on sort de la Sorbonne par la rue Saint-Jacques, on peut monter ou descendre ; si l'on va en montant, on se rapproche du Panthéon qui est le conservatoire de quelques grands hommes, mais si l'on va vu descendant on se dirige sûrement vers la Préfecture de Police » Cahier pour l'analyse, n° 1 et 2, p. 93. plan indicatif1. Le pouvoir (une certaine forme de pouvoir) comme condition de possibilité de savoir.

« se livre à son activité. b) La médiation des méthodesDans cette perspective, la mise au point de démarches méthodologiques est significative.

Elles se caractérisent pardes procédures d'investigation, de contrôle, de vérification, voire d'expérimentation qui assurent, autant quepossible, une rigueur scientifique.

Il faut lire, ici, ce qu'écrivait un autre grand précurseur des sciences humaines,Max Weber dans Le Savant et le Politique, sur la neutralité axiologique du sociologue.

A la différence de l'hommepolitique, le savant, ne s'occupe que des jugements de faits, il étudie une cohérence, des procédures logiques, maisil ne porte pas de jugements de valeurs.

Il fait donc abstraction de ses préférences.

La constitution d'un systèmede concepts a donc pour fonction, entre autres, de fournir une médiation objective aux chercheurs. c) Les limites de l'objectivitéIl peut donc sembler que les sciences humaines constituent un ensemble de connaissances désintéressées, quifournissent une compréhension de l'homme, mais n'interviennent pas dans la conduite des affaires.

Le sociologue ditce qui est, mais ne préjuge pas de ce qui devrait advenir.

Pourtant, on sent bien que la frontière n'est pasclairement tracée : comprendre un processus social ne peut qu'inciter à vouloir agir sur lui, pour l'infléchir vers ceque l'on pense être son fonctionnement optimal.

Repérer des heurts, des dysfonctionnements peut conduire à latentation de proposer des correctifs.

L'exemple des sociologues, des économistes est tout à fait éclairantaujourd'hui.

Ils interviennent fréquemment dans la vie sociale et deviennent, à bien des égards, des hommes depouvoir. 2 - Le pouvoir savant a) La technocratieLa connaissance sur l'homme que fournissent les sciences humaines se trouve utilisée, aujourd'hui, à des fins dedomination sur les individus.

La figure la plus connue de cette alliance entre le savoir et le pouvoir est sans doutecelle du technocrate.

Dès le début du XIXe siècle, corrélativement à l'essor de la société industrielle, sedéveloppent des théories qui tendent à confondre la connaissance et le pouvoir politique.

Saint-Simon par exemple,propose un système politique fondé sur le pouvoir des plus compétents.

Avec le positivisme, l'idée d'ungouvernement des plus efficaces prendra corps, et, avec le développement des savoirs sur l'homme, donneranaissance à cette figure originale du monde moderne : le technocrate, celui qui aspire au gouvernement parce qu'ilest le plus compétent.

On trouvera une analyse détaillée des rapports savoir-pouvoir dans l'ouvrage de F.

Châteletet E.

Pisier-Kouchner : Les conceptions politiques du XXe siècle, dans le chapitre intitulé L'Etat savant. b) Le savoir au service du pouvoirIl est certain, en effet, que le développement de certains savoirs sur l'homme, intervient aujourd'hui dans lefonctionnement du pouvoir.

Le phénomène économique est exemplaire à cet égard, mais d'autres domaines de larecherche exercent de manière plus diffuse une influence.

Ainsi, les techniques publicitaires bénéficient des apportsde la psychologie et de la psychanalyse.

Même des pratiques comme la torture tirent profit de découvertesmédicales.

On ne peut que renvoyer, pour des analyses plus détaillées, à des ouvrages qui illustrent l'apport destechnologies nouvelles aux mécanismes de domination et d'assujettissement : Le système totalitaire de H.

Arendtou, dans le domaine romanesque, le célèbre 1984 de G.

Orwell.

La tyrannie contemporaine tire, des recherchesscientifiques, les moyens d'une efficacité accrue, que ce soit pour la propagande, l'endoctrinement, ou lestechniques de contrôle. c) Vers une conjonction des deux notionsIl faut se demander alors si l'objectif désintéressé, affiché par les sciences humaines, n'est pas un leurre ou uneméconnaissance.

Il y a quelques années, un praticien de la géographie écrivait : « la géographie, ça sert d'abord àfaire la guerre ».

On pourrait étendre cette remarque à d'autres disciplines.

L'usage de pratiques sociologiques, aussianodines en apparence que le sondage, deviennent des outils politiques redoutables.

De là une question qui se pose: la distinction entre le savant et le politique a-t-elle un fondement, ou n'est-elle qu'un effet d'illusion ? 3 - Circularité du pouvoir et du savoir a) « L'archéologie » du savoirNous sommes redevables aux analyses de Michel Foucault de la première approche systématique du statut dessciences humaines dans le champ de nos connaissances.

En étudiant la genèse de ce type de disciplines, il a pufaire apparaître la réciproque implication de l'une et l'autre sphère : les mécanismes de pouvoir, et la possibilité denouveaux savoirs. b) Circularité des deux sphèresDans une étude sur la Naissance de la prison qui s'intitule Surveiller et punir, M.

Foucault montre que ledéveloppement au XIXe siècle, de ce qu'il appelle des « disciplines », c'est-à-dire des méthodes de dressage desindividus, a permis une surveillance plus étroite, maïs aussi la naissance de nouvelles formes de connaissances surles individus ainsi surveillés : « L'hôpital d'abord, puis l'école, plus tard encore l'atelier n'ont pas été simplement misen ordre par les disciplines ; ils sont devenus, grâce à elles, des appareils tels que tout mécanisme d'objectivationpeut y valoir comme instrument d'assujettissement, et toute croissance de pouvoir y donne lieu à desconnaissances possibles ; c'est à partir de ce lien, propre aux systèmes technologiques, qu'ont pu se former dansl'élément disciplinaire la médecine clinique, la psychiatrie, la psychologie de l'enfant, la psychopédagogie, la. »

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