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Savons-nous qui nous sommes ?

Publié le 27/02/2005

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Si nous considérons que nous ne savons pas qui nous sommes, nous devenons incapables de rendre compte du sentiment que nous avons d’avoir un moi, et dès lors, nous serions poussés à considérer que le terme de moi lui-même n’a pas de raison d’être. Par ailleurs, si le moi pouvait se connaître, nous serions capable d’en donner une définition, or cet exercice semble périlleux et voué à l’échec. Comment rendre raison du fait que le moi est à la fois présent et voilé ? N’existe-t-il pas de biais par lequel le moi pourrait faire retour sur lui-même et se découvrir réellement ?

« pensant.

La certitude de moi-même comme être pensant étant posée, ma conscience peuts'affirmer comme conscience de soi, car le moi fait retour sur soi et se connaît ainsi. - Nous pourrions ainsi considérer avec Descartes que, s'il est tant d'opinions sur nous-mêmes dont nous pouvons douter, nous pouvons cependant être sûrs d'une chose : nous pouvons êtrecertains que nous sommes des « choses qui pensent », c'est-à-dire des êtres doués de raison.Comme cette raison est réflexive et qu'elle constitue notre moi profond, nous pouvons prétendresavoir qui nous sommes.

Nous pouvons nous connaître en tant que « chose qui pense », c'est-à-dire en tant qu'esprit. - Reste à interroger cette évidence cartésienne : la vérité du cogito est-elle si assurée qu'elle résiste à toute critique ? Le Moi est impossible. 2. - Mais l'hypothèse du cogito est extrêmement problématique car elle se fonde sur une pure spéculation.

On ne peut aboutir en effet à cette connaissance de soi de manière directe.

Or, sinous sommes quelque chose, il semblerait logique que nous puissions savoir ce que nous sommesdirectement, en nous éprouvant nous-mêmes. - Personne ne peut, par exemple, prétendre avoir jamais eu une impression claire et distincte de son moi.

« De quelle impression cette idée pourrait-elle être tirée ? Il est impossible de répondreà cette question sans contradiction ni absurdités manifestes » déclarera Hume ( Traité de la nature humaine , Livre I, partie IV, section VI) - En effet, si le moi existe, il est supposé rester continu et constant.

Comment pourrait-on en effet identifier l'existence de quelque chose, si ce quelque chose change d'être à chaque instant ?Définir quelque chose, c'est affirmer ce qu'il est dans l'éternité.

Lorsque nous disons : « un carréest un quadrilatère qui a 4 angles droits et 4 côtés de même longueur », nous donnons unedéfinition du carré qui permet de l'identifier en toutes circonstances.

Nous pouvons alors dire quenous « savons » ce qu'il est. - Or nous n'avons jamais d'impressions de notre moi qui soient continues et constantes.

« Douleur et plaisir, chagrin et joie, passions et sensations se succèdent les uns auxautres, et ils n'existent jamais tous en même temps.

Ce ne peut donc être d'aucune de cesimpressions ni d'aucune autre que l'idée du moi est dérivée, et, par conséquent, une telle idéen'existe pas » écrit Hume ( Traité de la nature humaine , Livre I, partie IV, section VI). - D'autre part, si le moi était constant et éternel, comment pourrait-il nous permettre d'appréhender des sensations variées ? comment le moi pourrait-il nous permettre de comprendrele changement s'il ne change pas ? - « Pour ma part, quand j'entre le plus intimement dans ce que j'appelle moi-même, je bute toujours sur quelque perception particulière ou sur une autre, de chaud ou de froid, de lumière oud'ombre, d'amour ou de haine, de douleur ou de plaisir.

Je ne peux jamais, à aucun moment, mesaisir moi-même sans une perception, et jamais je ne puis observer autre chose que laperception » déclare Hume ( Traité de la nature humaine , Livre I, partie IV, section VI).

Il n'y a donc pas d'identité de l'esprit qui constituerait un moi.

L'âme n'est qu'une fiction où se succèdentinsatiablement différentes perceptions.

L'esprit n'est rien de plus que la succession de cesperceptions diverses.

Essayer de penser une âme qui soit coupée de l'expérience personnellerevient à faire l'hypothèse d'une âme qui serait accessible sans que l'individu qui en est ledépositaire en ait quelque perception. - La croyance au moi relève en réalité de l'orgueil humain.

L'être humain dispose d'une passion immodérée pour lui-même qui le pousse à croire à l'existence de l'âme.

Il faut y voir l'excès de« l'intérêt que nous prenons à nous-mêmes » (Hume, Traité de la nature humaine , Livre I, partie IV, section VI) et par lequel nous désirons exister en dehors du temps et de l'espace. - Ce faisant, en dépit de l'illusion que constitue la croyance à l'âme, nous ne pouvons nier que nous possédons tous le sentiment d'avoir un soi, il faut donc réussir à en rendre compte sansutiliser le concept d'âme.

En effet, nous éprouvons bien le sentiment que notre identité connaîtune continuité, nous nous sentons toujours être la même personne d'un jour à l'autre, nous lionsnos différentes perceptions en un tout apparemment cohérent.

Comment en rendre compte sans lecogito ? L'hypothèse de l'inconscient. 3. - L'erreur provient peut-être du fait que, lorsque nous cherchons ce que nous sommes, nous cherchons une unité, alors que peut-être sommes-nous une « multiplicité » : « Notre corps n'esten effet qu'une structure sociale composée de nombreuses âmes » écrit Nietzsche dans Par-delà bien et mal , §19. - Nous ne percevons pas que nous sommes une multiplicité parce que nous n'avons pas conscience de tout ce que nous sommes.

Nous faisons l'impasse sur une grande partie de nous-mêmes, sur cette partie fondamentale qu'est l'inconscient.

En réalité, comme l'affirme Nietzsche,« rien ne vient à notre conscience , qui n'ait été au préalable complètement modifié, simplifié, schématisé, interprété » ( La Volonté de puissance , tome I, Livre premier, chapitre II, §96). - Aussi le conscient est-il réduit à sa part congrue, et il n'est plus que le moment final d'un conflit inconscient, l'aboutissement d'une bataille qui fait rage dans le Soi, une version raffinée de nos instincts inconscients.

La conscience peut alors être comparée à un bourgeon s'épanouissantau bout de la branche d'un arbre, elle n'est que la phase ultime d'un processus global.. »

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