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SCÈNE 3 - Acte 2 du Tartuffe de Molière

Publié le 22/02/2012

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La passivité de Mariane: Restée en tête à tête avec Mariane, Dorine lui reproche sa passivité. D'abord, elle chapitre Mariane et lui dicte sa conduite. Pour l'inciter à la résistance, elle fait mine de douter de ses sentiments pour Valère : L'aimez-vous, je vous prie, ou ne l'aimez-vous pas?» Mariane proteste alors de son amour pour Valère. Mais elle considère également qu'il lui est impossible de désobéir à son père. Plutôt que d'épouser Tartuffe, elle préfère se donner la mort, mais elle se dit incapable d'agir. C'est à Valère d'intervenir. Pour sa part, elle en est empêchée par «la pudeur du sexe» et son «devoir de fille». Cette dérobade porte à son comble l'irritation de Doline que Mariane accuse de ne pas « compatir aux déplaisirs des gens ». Au lieu de plaindre Mariane, Dorine lui représente avec une ironie mordante les charmes et les avantages d'une union avec Tartuffe. Les supplications de Mariane, au lieu de l'apaiser, excitent sa verve. Ce nouveau développement va du vers 654 («Non, il faut qu'une fille obéisse à son père») au vers 674 ( »... Non, vous serez, ma foi tartuffiée. »)

« fondamental de passion possessive et de pusillanimité » dont fait état Béni-chou, il est trop atypique pour qu'on lerange strictement dans cette lignée.

Mais par son attitude envers sa famille, en général, et sa fille, en particulier, ilrelève de ce que Béni-chou appelle plus loin «l'esprit du propriétaire ». C'est dans ce contexte que le personnage de Dorine prend tout son sens, en manifestant une supériorité naturelleen relation directe avec son infériorité sociale.

Par sa vitalité, sa liberté de propos, sa franchise, et surtout sa clartéde jugement, Dorine ne tranche pas seulement sur Orgon, possédé, aveuglé par sa manie, mais elle se séparenettement des autres membres de la famille. La détestation de Tartuffe Dans son explication de cette troisième scène, Jouvet insiste sur la détestation de Tartuffe qui anime Dorine.

C'est,affirme-t-il, le principal mobile de son comportement. On admettra en effet, avec Jouvet, que les moqueries qu'elle décoche à Mariane s'adressent surtout à Tartuffe.

Ellene peut supporter, comme le dit Jouvet, qu'on donne au faux dévot la fille de la maison. Mais, au-delà des péripéties de l'intrigue, le personnage de Dorine a dans la pièce une fonction qui dépasse sonaction contre Tartuffe.

On doit la situer plutôt par rapport à l'ensemble de la famille qu'elle sert que par rapport àl'intrus semeur de trouble.

Celui-ci est, d'ailleurs, moins la cause de la discorde que le levain de ces passionsbourgeoises.

De même que Dorine s'opposait, dans la scène précédente, par sa santé morale, son sens des valeursjustes et simples, à Orgon dont par contraste elle mettait en évidence l'aveuglement burlesque, de même danscette troisième scène, elle s'oppose à Mariane dont elle fait ressortir l'apathie, l'abandon aux circonstances, lasensiblerie inutile. La signification du personnage de Dorine n'est donc pas anecdotique, pittoresque, mais centrale et structurelle,conformément au jeu des contraires par lequel Molière utilise les domestiques pour relever et corriger les travers deleurs maîtres.

Si Dorine ne sait pas «se tenir à sa place » comme le lui reprochent Orgon et Madame Pernelle, c'est parce que sa personnalité la met dans la hiérarchie « naturelle », et non sociale, bien au-dessus de cette place. Le sens des réalités Le principal facteur par lequel Dorine se distingue d'Orgon et de Mariane dans ces deux scènes, c'est le sens desréalités.

Le père et la fille se complaisent l'un et l'autre dans une représentation abstraite et factice qui n'est qu'unalibi de leur inertie et de leur égocentrisme. Orgon croit avoir trouvé, grâce à Tartuffe, la sécurité morale.

Il parle de la religion et du Ciel en termes de marché,avec la satisfaction d'un commerçant qui a réalisé une bonne affaire.

Enfermé dans cette vision simpliste etrassurante qui lui donne bonne conscience, il fuit la réalité et refuse tout dialogue. Bien que par sa timidité, Mariane semble différente de son père et de son frère Damis, sa douceur, comme leurviolence, est au service du même irréalisme.

Plutôt que de prendre ses responsabilités et d'affronter les situationsdifficiles de la vie, elle préfère se réfugier dans une délectation morose.

Même son amour pour Valère, au lieu demobiliser son énergie, ne l'incite qu'à s'apitoyer sur elle-même.Tout son comportement témoigne du refus de mettre en question un ordre des choses injuste mais confortable car ilsert de caution à l'immobilisme.. »

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