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Schopenhauer et l'étonnement

Publié le 27/02/2008

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schopenhauer
Excepté l'homme, aucun être ne s'étonne de sa propre existence, c'est pour tous une chose si naturelle qu'ils ne la remarquent même pas. (…) L'homme est un animal métaphysique. Sans doute, quand sa conscience ne fait encore que s'éveiller, il se figure être intelligible sans effort ; mais cela ne dure pas longtemps : avec la première réflexion se produit déjà cet étonnement qui fut pou ainsi dire, le père de la métaphysique. C'est en ce sens qu'Aristote dit au début de sa Métaphysique : « car c'est l'émerveillement qui poussa les hommes à philosopher ». De même, avoir l'esprit philosophique, c'est être capable de s'étonner des événements habituels et des choses de tous les jours, de se poser comme sujet d'étude ce qu'il y a de plus général et de plus ordinaire, tandis que l'étonnement du savant ne se produit qu'à propos de phénomènes rares et choisis, et que tout son problème se réduit à ramener ce phénomène à un autre plus connu. Plus l'homme est inférieur par l'intelligence, moins l'existence a pour lui de mystère. Toute chose lui paraît porter en elle-même l'explication de son comment et de son pourquoi. Cela vient de ce que son intellect est encore resté fidèle à sa destination originelle, et qu'il est simplement le réservoir des motifs à la disposition de la volonté ; aussi, étroitement lié au monde et à la nature, comme partie intégrante d'eux-mêmes, est-il loin de s'abstraire de l'ensemble des choses, pour se poser ensuite en face du monde et l'envisager ensuite objectivement, comme si lui-même, pour un moment au moins, existait en soi et pour soi. Au contraire, l'étonnement philosophique, qui résulte du sentiment de cette dualité, suppose dans l'individu un degré supérieur d'intelligence, quoique, pourtant ce n'en soit pas là l'unique condition : car sans doute, c'est la considération des choses de la mort et les considérations de la douleur et de la misère de la vie qui donnent la plus forte impulsion à la pensée philosophique et à l'explication philosophique du monde. Si notre vie était infinie et sans douleur, il n'arriverait à personne de se demander pourquoi le monde existe et pourquoi il y a précisément telle nature particulière ; mais toutes les choses se comprendraient d'elles-mêmes. (…) Selon moi, la philosophie naît de l'étonnement au sujet du monde et de notre propre existence, qui s'imposent à notre intellect comme une énigme dont la solution ne cesse dès lors de préoccuper l'humanité. SCHOPENHAUER
schopenhauer

« haut, un regard qui se détache de la terre pour s'élever à l'origine et aux principes.Cette différence est soulignée dès le début du texte par une mise en apposition de « excepté l'homme ».

L'êtrehumain est présenté seul.

A quoi tient son exception ? Schopenhauer affirme qu'elle consiste en l'étonnement de sapropre existence.

Il s'agit ici de bien comprendre de quoi il s'agit.

Schopenhauer termine sa phrase en soulignant queles autres êtres vivants ne remarquent même pas leur existence.

Or, l'étonnement de sa propre existence ne tient-elle pas justement au fait de connaître cette existence ? La particularité de l'homme réside donc dans le fait d'êtreconscient de son existence.

La conscience se définit en effet étymologiquement comme adjonction de cum(avec) etde scienta( science).

L'homme conscient possède un savoir qui accompagne son existence.

Il est présent dans tousses gestes et toutes ses actions.

Un animal peut chez Schopenhauer possédait une conscience mais ce degré deconscience est tellement faible que la conscience de soi, chez lui, n'est pas véritablement développée.Cette particularité de l'homme a été travaillé par beaucoup de philosophes.

Ainsi, Pascal affirme que « l'homme estun roseau pensant ».

Le philosophe développe cette particularité dans la suite de ses Pensées : « la grandeur de l'homme est grande en ce qu'il se connaît misérable.

Un arbre ne se connaît pas misérable ».

La conscience donneune situation particulière à l'homme puisqu'il est n'est plus dans le monde au même titre que les autres objets.

Il estdevant le monde.

C'est ce que laisse à penser les propos de Schopenhauer : il parle de « se poser ensuite en facedu monde.

» La conscience suppose en effet un écart, une distance entre le monde et l'homme et c'est cet écartqui permet de critiquer et de réfléchir le monde, mais aussi soi-même.

Par-là même, par sa capacité de penser,l'homme dépasse sa condition naturelle.

Kant verra d'ailleurs dans cette possibilité d'avoir des représentations lasupériorité de l'homme sur le reste de la nature.

Il écrit dans Anthropologie d'un point de vue pragramtique que « ce pouvoir élève l'homme au-dessus de tous les autres êtres vivants sur la terre.

»- Or, c'est cette distance entre le monde et l'homme qui lui permet de s'étonner.

Si l'homme faisait partie du mondeau même titre que les autres choses, il ne pourrait avoir de représentations et donc de réflexion sur les chosesmêmes.

Le fait que conscience et étonnement soient liés apparaît clairement dans la troisième phrase.Schopenhauer y évoque la naissance de la conscience et remarque qu'elle n'est pas d'emblée marquée parl'étonnement à ses débuts.

Mais il semble qu'avec son développement, inévitablement, naît l'étonnement.Remarquons d'emblée que l'étonnement est considéré comme la base de toute activité philosophique.

Schopenhaueren parle comme du « Père de la métaphysique » et il cite notamment Aristote qui l'un des premières à essayer dedéfinir précisément en quoi consister la science de la métaphysique.

En associant étonnement et philosophie,Schopenhauer définit la posture philosophique.

Il s'agit de retrouver face au monde une vision vierge et de pouvoirs'étonner de toutes les choses les plus ordinaires.

Non pas voir les choses en fonction de ce qu'elles nous apportentmais en ce qu'elles sont véritablement elles-mêmes.

Le philosophe, à travers l'étonnement, essaie de voir les objetspour la première fois.

Le savant, lui, a un champ plus restreint et son étonnement et son attention se porte sur desquestions plus « rares ».

Schopenhauer critique, ici, la science qui ne fait que ramener toutes les choses à ce qu'il ya déjà de connu.

Le philosophe refusait d'ailleurs que la science soit rangée parmi les « vraies » connaissances.Parce que pour lui, toute vraie connaissance naît de l'étonnement désintéressé, qui est libéré du besoin.- L'intellect vise la survie et la conservation et l'homme ordinaire ne s'étonne pas - Schopenhauer développe une théorie de l'intelligence assez rigide.

Selon lui, l'intelligence vient entièrement deprocessus, de matériaux biologiques et est donc innée.

Il explique, par suite, que ce qui nous est donnésubjectivement comme intelligence et conscience prend forme, considéré d'un point de vue objectif, uniquementdans le cerveau.

L'intellect de ce point de vue n'est renvoyé qu'à une partie du corps plus ou moins grande selonl'être en question.

L'intelligence peut certes varier mais dans un cercle très restreint.

Il affirme ainsi dans son œuvreprincipale, La volonté comme volonté et comme représentation , que c'est la taille du cerveau qui conditionne le degré d'intelligence et que le génie se reconnaît au volume supérieur de son cerveau.

Il y a donc dans l'humanitédes différences de degrés et de « quantités » d'intelligence.

Or, plus l'homme semble dépourvu de forcesintellectuelles et moins les choses lui paraissent mystérieuses.

En bref, l'étonnement dépend aussi de la quantitéd'intelligence.

Schopenhauer écrit que « toute chose lui paraît porter en elle-même l'explication de son comment etde son pourquoi .» Or, si cet homme possède une distance créée par la conscience, pourquoi les choses ne luiparaissent pas claires et sans voile ?- Il nous dit à la suite de cette affirmation que la cause réside dans le rapport entre la Volonté et l'intellect.Schopenhauer essaie en effet de réparer une erreur qui selon lui, a régné depuis le début de la philosophie et quiplace en l'homme l'intellect au-dessus de la volonté.

Il est vrai que les philosophes antiques tels Platon et Aristoteont placé l'esprit, le nous, au sommet de la hiérarchie des facultés de l'homme.

Schopenhauer affirme que l'intellecta été sur-estimé.

Le développement de la conscience et de l'intelligence s'est fait à travers l'apparition de nouvelleforme de vie et sous les contraintes mêmes de l'existence.

Les êtres qui apparaissaient avaient des besoinstellement complexes qu'il a fallu que se développement un centre, à partir duquel traiter les informations et cecentre est le cerveau.La Volonté chez Schopenhauer est la base de toute chose et donc de toute vie.

Elle donne naissance au monde àtravers des objectivations différentes et prend chez l'homme la force de la volonté individuelle mais ne s'y réduitpas.

Sous son impulsion, l'homme est condamné à désirer et à vouloir constamment quelque chose.

Or, l'intellect estdans un rapport d'esclave vis-à-vis de la volonté.

Il n'influence aucunement ses choix et ne peut absolument pascontrôler la Volonté.

La complexité de l'être humain fait qu'il ne peut plus assouvir ses besoins à travers de gestespurement instinctifs comme chez l'animal, il doit passer par des motifs.

Dans le texte, Schopenhauer rapprochel'intellect d' « un réservoir de motifs ».

Le motif est une cause, une représentation qui dirige l'action humaine.L'intellect présente donc des motifs, des buts à la Volonté qui les accepte ou les refuse.

De même, l'intellect peutfournir les moyens de satisfaire les buts de la Volonté.

L'intellect est alors de la même nature que tout autre organe,. »

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