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La science nous livre-t-elle le réel tel qu'il est ?

Publié le 02/03/2004

Extrait du document

La subjectivité, sensible, origine de la connaissance empirique, obstacle à la connaissance scientifique, devient l'objet d'une analyse scientifique ; le cycle de la « désubjectivation » de la connaissance st alors accompli. L'esprit scientifique exige donc une véritable conversion mentale qui déchoit mon corps de toute position privilégiée dans la connaissance, en fait un simple objet explicable par ses relations avec les autres objets. [La science ne nous livre que des modèles d'interprétation théoriques à partir desquels elle construit le réel. La science construit son objet.] La science est avant tout un discours « Une science bien traitée n'est qu'une langue bien faite», écrit Condillac, dans son Traité des systèmes. Cela signifie que la science ne nous livre pas le réel tel qu'il est. Elle nous livre des théories cohérentes qui permettent de prévoir les phénomènes. Une équation mathématique n'est pas une réalité matérielle, pourtant elle permet d'expliquer telle réalité physique. La science s'abstrait du réel Comme l'écrit Auguste Comte: «C'est dans les lois des phénomènes que consiste réellement la science, à laquelle les faits proprement dits, quelque exacts et nombreux qu'ils puissent être, ne fournissent jamais que d'indispensables matériaux» (Discours sur l'esprit positif). Ces lois reposent sur des théories employant des objets abstraits.

« observe à l'oeil nu que le cours des astres est régulier, et toujours identique, et l'un ne peut voir aucunaccident, aucun changement à la surface des étoiles.

Par contre, sur Terre, tout change, tout se modifieconstamment : les choses apparaissent, se transforment et meurent.

Tout est dans un perpétuelchangement.

Notre monde était considéré comme celui de la génération et de la corruption, par opposition àcelui des astres.C'est ainsi qu'on en arrivait à penser une hiérarchie et une imitation d'un monde à un autre.

Notre mondeimparfait et changeant tentait d'imiter le caractère incorruptible et parfait du monde des étoiles.

Par exemple,si l'individu doit mourir, en se reproduisant il perpétue l'espèce.

L'individu meurt mais l'espèce est immortelle.Se reproduire revient à tenter d'imiter, autant qu'il se possible, l'immortalité du monde supralunaire.On a donc un monde orienté de façon absolue.

Non seulement la Terre est le centre du monde, mais chaquechose a sa place naturelle, chaque élément son lieu naturel.

Ainsi la pierre est attirée par la terre, et yretombera toujours si on la lance, ainsi le feu « monte » vers son lieu naturel, l'éther.

Cette vision du modeest celle d'un cosmos, clos, achevé, hiérarchisé.

Chaque chose, dont l'homme, y a sa place et sa fonction.Enfin, cette vision, qui est celle que les contemporains de Galilée reçoivent d'Aristote, interdit que l'on fassede la physique mathématique.

La physique s'occupe des corps concrets & naturels.

La mathématique s'occuped'objets abstraits.

On ne trouve pas sur Terre d'objets parfaitement sphériques comme ceux qu'étudient lesmathématiques, on ne trouve pas dans la nature où tout est en trois dimensions de cercle censé se situerdans un espace à deux dimensions, puisque le cercle mathématique n'a pas d'épaisseur.Avec les découvertes de Galilée, tout change.

Galilée est le premier à avoir l'idée de pointer la lunetterécemment découverte sur le ciel.

Il découvre des tâches solaires, des volcans et des cratères lunaires, etmontre que la voie lactée est faite de milliers d'étoiles.

C'est donc que le monde supralunaire n'est pas parfait,immuable, incorruptible.

Ces cratères et ces tâches sont le signe qu'il y a changement, génération &corruption partout dans l'univers.Galilée est le premier à formuler correctement la loi de la chute des corps, à calculer le rapport de la distanceparcourue par un objet qui tombe, le temps de la chute et sa vitesse.

Il montre alors deux choses : Il n'y a pas de lieu naturel des corps, la notion de mouvement est relative à la place et au mouvement decelui qui observe.

Par exemple si un marin en haut d'un mât laisse tomber une pierre sur le bateau, il verra lapierre tomber en ligne droite.

Mais un observateur sur un pont verra la pierre tomber suivant une parabole.

Ouencore si je suis dans un train, j'ai l'impression d'être immobile et que les objets hors du train se meuvent ; On peut exprimer le mouvement des corps et prévoir leur chute grâce à une formulation mathématique.

Lesmathématiques peuvent servir de « langage » pour décrire la réalité concrète des corps physiques. Enfin, Galilée en vient à soutenir que Copernic avait raison : la Terre n'est pas au centre du monde ; elle n'estpas immobile.

C'est le soleil qui est au centre du monde, et la Terre tourne autour de lui et sur elle-même.

Deplus, le monde n'est certainement pas fini, mais infini.Avec toutes ces découvertes, c'en est terminé du monde tel que l'Antiquité puis le Moyen-Age se lereprésentaient.

Galilée ouvre une crise extrêmement grave : toute une vision du monde s'écroule.

L'hommeperd sa place au centre du monde.

Il n'a plus de fonction définie au sein du monde hiérarchisé et fini : il estsur une planète comme une autre, perdu dans une infinité.

Il n'a plus de monde à imiter : la nature n'est plusqu'un livre froid, désenchanté, accessible à l'abstraction mathématique.Pour les anciens, le monde était « plein de dieux » (Héraclite), pour les chrétiens médiéval, il chantait la gloirede Dieu par sa beauté, son ordre, sa perfection.

Pour les savants de XVII ième siècle, il est « écrit en langagemathématique », dans la froide abstraction des figures géométriques.

Il ne parle plus au coeur de l'homme, ilne l'entretient plus de la gloire de Dieu, il faut, au contraire, péniblement le déchiffrer grâce à la langue la plusrationnelle et la plus glacée qui soit : les mathématiques.

Un accusateur de Galilée le dira ; si celui-ci a raison,nous ne sommes plus le centre du monde mais « comme des fourmis attachées à un ballon » : des êtresinsignifiants sur une planète comme les autres.Ce sont Descartes & Pascal qui tireront les conséquences philosophiques et théologiques de cette révolutiondans les sciences.

Ce sont eux qui comprendront qu'il faut absolument redéfinir la place de l'homme dans cemonde infini et glacé où rien ne lui indique ni son lieu ni sa fonction. Raisonnements logiques et expériences nous livrent le réelNos sens nous trompent.

Grâce à la science, nous pouvons être certains de saisir le réel tel qu'il est.

Une. »

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