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La science peut-elle se passer de la philosophie ?

Publié le 02/03/2004

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philosophie
Au-delà d'une simple constatation de fait sur l'évolution des rapports entre science et philosophie, se pose aujourd'hui un problème de droit dont les conséquences épistémologiques sont décisives : la science, dans sa progression comme dans sa nature, peut-elle « faire l'économie « d'une réflexion philosophique ? Une telle formulation suppose que déjà science et philosophie existent de façon autonome, ce qui n'est pas le cas dans la conception traditionnelle, où toute science particulière semble requérir des « conditions philosophiques «. C'est ce qu'Aristote signale à sa manière dans un passage célèbre : « Nous concevons d'abord le philosophe comme possédant la totalité du savoir, dans la mesure du possible, mais sans avoir la science de chaque objet en particulier... Il en résulte que la connaissance de toutes choses appartient nécessairement à celui qui possède la science de l'universel, car il connaît, d'une certaine manière, tous les cas particuliers qui tombent sous l'universel. « (Métaphysique, Vrin, I, tome 1, pp. 6-7.) De même pour Descartes, la science physique n'est pas dissociable de son fondement métaphysique, comme il l'indique dans sa métaphore de la philosophie « en tant qu'arbre « : « Ainsi toute la philosophie est comme un arbre, dont les racines sont la métaphysique, le tronc est la physique, et les branches qui sortent de ce tronc sont toutes les autres sciences, qui se réduisent à trois principales, à savoir la médecine, la mécanique et la morale. « (Principes de la philosophie, lettre au traducteur.) Dans ces deux références (Aristote, Descartes), le sens du mot science est quelque peu différent de celui que nous lui donnons aujourd'hui, mais le rapport d'enveloppement de la science dans la philosophie est nettement précisé. 
La science et la philosophie n'ont pas le même objet, ni les mêmes méthodes. La science doit éviter tout rapprochement avec la philosophie pour ne pas se perdre dans de dangereuses et oiseuses spéculations métaphysiques. Mais, sans la philosophie, la science serait aveugle. La science a besoin de la philosophie pour réfléchir sur ses méthodes et ses finalités.

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« [La science ne peut pas, d'un point de vue méthodologique et éthique, se passer de la philosophie.

Philosophie et science se rejoignent. Un véritable esprit scientifique ne peut pas se dispenserde réfléchir sur ses méthodes de recherche.

La science a des implications sociales, politiques, morales que la philosophie doit penser et évaluer.] Science et philosophie sont indissociablesc'est une même volonté de comprendre qui est à l'origine de la scienceet de la philosophie.

Dans un passage de la « Métaphysique » (Livre A,chapitre 2), Aristote explique l'origine de la philosophie et le but qu'ellepoursuit.

« Ce qui à l'origine poussa les hommes aux premièresrecherches philosophiques, c'était, comme aujourd'hui, l'étonnement .

»L'admiration et l'incompréhension devant le monde poussent l'homme àchercher à comprendre et à rendre compte de ce qui l'entoure.

Ainsinaît la philosophie, qui n'a d'autre but que de tendre à expliquer lemonde.

L'activité scientifique procède du même désir de connaître.Là où s'achève (provisoirement) le domaine de la science commencecelui de la philosophie.L'homme a besoin de rationalité.

La science ne peut pas appliquer sesméthodes à la compréhension de la nature humaine, au problème dusens de l'existence, etc.

La philosophie supplée à cette carence.Husserl dira: "De simples sciences de faits forment une simple humanité de fait...

Dans la détresse de notre vie...

cette science n'a rien à nousdire.

Les questions qu'elle exclut par principe sont précisément lesquestions qui sont les plus brûlantes à notre époque malheureuse pourune humanité abandonnée aux bouleversements du destin : ce sont lesquestions qui portent sur le sens ou l'absence de sens de toute cette existence humaine..." Des sciences qui ne s'attachent qu'aux faits (les sciences positives) ne peuventrépondre aux questions essentielles et angoissantes qui se posent à l'homme. Faire de la science c'est philosopherL'opinion commune croit que l'homme de science est certain de ses découvertes, de ses connaissances.

Laréalité est bien différente.

Comme le philosophe, c'est un homme qui doute, s'étonne, ne cesse de réfléchir surla pertinence logique de sa démarche.

Il n'est pas un seul grand scientifique qui ne se soit posé des questionsde nature philosophique. La science n'est pas une activité neutreTravailler sur l'atome, sur le génome humain est une activité qui est loin d'être innocente.

L'homme de scienceest conduit à réfléchir, en philosophe, sur le sens de ses recherches.

Il ne peut pas ignorer l'éthique, ni lesconséquences politiques et sociales que peuvent avoir ses découvertes.Le primat d'une réflexion éthique ou métaphysique peut même, comme chez Heidegger, prendre un tour plusoffensif à l'égard des sciences et de la technique : la réflexion philosophique aurait alors pour mission decontrer l'envahissement de la logique technico-scientifique dans le domaine de l'action humaine et de rappelerà l'homme que la question de son destin ne se résout pas par des procédures techniques. »

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