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Une science sans conscience n'est-elle que ruine de l'âme ?

Publié le 07/03/2004

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Cette idée marque fortement la religion judéo-chrétienne pour laquelle Adam et Ève ne devait pas goûter de l'arbre de la connaissance. Sans la science, l'homme n'aurait pu survivre C'est ce que nous révèle le mythe de Prométhée.

* Platon raconte, dans le Protagoras, au travers d'un mythe, comment la technique est venue aux hommes. Zeus, le dieu des dieux, charge le Titan Épiméthée de donner à chaque espèce vivant sur terre de quoi se protéger et se défendre. Il lui confie une besace pleine de protections. Épiméthée distribue fourrure, cornes, sabots, griffes, vitesse, ruse, etc. Mais le Titan est distrait, imprévoyant, et, lorsqu'il arrive à la race humaine, sa besace est vide. Il n'a plus rien à donner aux hommes. Nus, et d'autant plus fragiles que toutes les autres espèces sont maintenant mieux armées pour se défendre et se protéger, les hommes vont disparaître.

* Prométhée, constatant la terrible négligence de son frère Épiméthée, et ne voulant pas que les humains périssent, vole l'habileté à Héphaïstos et Athéna, et le feu à Zeus, pour les donner aux hommes et leur permettre de survivre.

Ici, Rabelais veut nous dire que la connaissance qui ne s'accompagne pas de morale et d'intelligence conduit l'homme à sa perte, à sa ruine. Cette phrase semble aujourd'hui d'une grande actualité. En effet, ne voit-on pas une science dont le progrès est comme devenu fou et sans contrôle ? Que l'on songe ici aux manipulations génétiques, au clonage, etc. Rabelais, avec plusieurs siècles d'avance, annonce l'un des défis de notre modernité. Celui d'une nécessaire réflexion sur les applications et la finalité du progrès scientifique. Hans Jonas, avec son "principe de responsabilité", s'inscrit dans une telle démarche d'un appel à la conscience individuelle et collective pour réglementer le progrès des sciences.

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« L'homme est animé du désir de savoir.

II est le seul être qui s'interroge sur lui-même et sur l'univers quil'entoure.

Il ne se contente pas d'être au monde, de vivre ce monde, il lui faut l'expliquer, le comprendre.Certes, il veut comprendre pour pouvoir agir, découvrir les lois de la nature qui lui permettront de s'en rendre« maître et possesseur », selon les mots de Descartes, mais aussi et, dirons-nous, surtout pour satisfaire àune interrogation singulière, surgie du plus profond de lui-même et qu'il ne peut réprimer, source d'inquiétudeou d'angoisse : « Pourquoi existons-nous ? » Ce qui revient à poser la question du sens du monde en généralet de l'homme en particulier.

Afin d'y répondre, l'homme invente des mythes et des religions: Toutefois, ceux-ci sont inaptes à _expliquer les lois de la nature.

L'homme se tourne alors vers la science qui l'instruit en effet,mais, de manière paradoxale, en augmentant son désarroi.

Car la science se construit contre les mythes et lescroyances, contre les présupposés anthropomorphiques grâce auxquels l'homme justifiait le monde et sejustifiait.

Elle les détruit mais ne les remplace pas.

Plus elle explique le monde, plus elle accroît la solitude del'homme, lui infligeant, pour chaque nouvelle illusion dissipée, une nouvelle blessure narcissique etl'abandonnant seul dans un univers déserté et muet.

Si bien que l'homme, après avoir placé en elle toute sonespérance, finit par s'en défier et sombrer dans le scepticisme, voire par retomber dans un irrationalisme dontil s'était laborieusement dégagé.

La science, en effet, refuse, comme le souligne Husserl dans ce texte, de seprononcer sur le sens de ce qui est, prétendant que la vérité scientifique se limite à la seule constatation dece qui est.« Les questions que la science exclut par principe, observe Husserl, sont les questions qui portent sur le sensou l'absence de sens de toute existence humaine.

» Quel est donc ce principe, ou plutôt quels sont -cesprincipes par lesquels la science rejette des questions qu'elle considère comme « philosophiques » ? Ce nesont pas en réalité des principes immuables : ils varient selon les diverses sciences et leurs divers états.

Ainsil'épistémologie positiviste d'A.

Comte avait .voulu fixer à deux les principes fondamentaux de la science : lepremier était que la science ne porte que sur les phénomènes et non sur la nature ou l'essence des choses ;le second, que la science renonce à saisir le mode de production des choses, c'est-à-dire la causalité, pourne considérer que les lois.

En d'autres termes, la science a pour but de lier entre eux les phénomènes, de lesdéterminer les uns par les autres, non de les « expliquer », l'explication relevant de « l'état théologique » oude « l'état métaphysique ».

Mais le développement même de-la science a invalidé ces principes, puisqu'ilapparaît qu'elle est nécessairement conduite à expliquer causalement les lois qu'elle a établies, et à rendrecompte de la production des phénomènes à partir de modèles théoriques des structures sous-jacentes auxphénomènes, comme c'est le cas pour la physique nucléaire.Le néo-positivisme contemporain (l'empirisme ou le positivisme logiques des penseurs du Cercle de Vienne) aégalement voulu établir une césure fondamentale et insurmontable entre problèmes philosophiques etproblèmes scientifiques en posant que les énoncés de la science se ramènent d'une part à des protocolesvérifiables d'expériences et d'autre part à des tautologies, c'est-à-dire à des énoncés logico-mathématiques,donc purement formels, qui ne disent rien sur les phénomènes mais définissent les lois des transformationsopérables sur eux.

Les problèmes « métaphysiques » sont des faux problèmes issus de l'inconsistance des «syntaxes grammaticales » des langages ordinaires.

Formulés selon la « syntaxe logique » de la science, ilsapparaissent dénués de sens et disparaissent d'eux-mêmes.

Dans cette perspective, la seule philosophiepossible est une logique de la science.

Mais on a pu objecter au néo-positivisme qu'il donnait à la science uncadre trop étroit.Ces exemples montrent qu'il existe bien des principes qui excluent certaines questions ou problèmes de lascience, mais que ces principes sont moins inhérents à la science elle-même qu'à certaines épistémologiesscientifiques qui reflètent des états ou étapes déterminés de la science.On peut même se demander si la vérité-scientifique se limite bien « à-la constatation de ce que le monde esten fait.

» En effet, les relations d'incertitude de Heisenberg montrent que, au niveau microphysique du moins,la réalité appréhendée est nécessairement dépendante de l'observateur, et elles contraignent à penser cetteréalité en termes de probabilité et de potentialité.

Ainsi la vérité scientifique n'est plus seulement uneconstatation d'un fait — il existe un animal, un être humain — mais aussi d'une probabilité — il est probablequ'existe ici un électron, un neutrino, il est probable qu'existent des particules sans masse, invisibles.

L'objetde la science — l'atome, l'onde lumineuse — prend alors un aspect de plus en plus fantomatique pour sedonner, à la limite, comme un pur système d'équations.

Il apparaît d'ailleurs que la vérité scientifique estessentiellement une théorie qui a été expérimentalement vérifiée et qui n'est valide que dans la mesure où denouvelles observations et expériences ne l'ont pas encore contredite.Ainsi la théorie de Newton a été vérité scientifique jusqu'à la découverte d'Einstein qui est pour le momentvérité et le restera jusqu'à la l'éventuelle découverte de X qui viendra infirmer sa théorie.

Nous pouvons doncaffirmer que la vérité scientifique n'est pas uniquement la constatation de ce que le monde est en fait.Ces quelques réflexions nous permettent de mieux aborder le problème du sens.

La question traditionnelle,dont se préoccupe ici Husserl, est de savoir comment peuvent se constituer les sciences humaines.

L'homme,en effet, n'est pas un objet comme les autres, il est un sujet, une conscience productrice de sens.

Mais si l'onveut fonder l'étude de l'homme et de ses comportements de manière rigoureusement scientifique, ne devra-t-on pas, en prenant modèle sur les sciences de la nature, le considérer comme un simple objet, et les faitshumains comme des choses, selon la célèbre formule de Durkheim ? Et si l'on accepte de considérer le sens del'homme et de ses actes, ne faillira-t-on pas à l'objectivité scientifique ? N'introduira-t-on pas une rupture radicale entre science de l'homme et science de la nature ? La science historique, parexemple, devra-t-elle se borner à établir une succession de faits, ou bien s'efforcera-t-elle de dégager le sensde l'histoire des hommes ? En réalité, ce que nous avons dit plus haut de la vérité scientifique nous faitentrevoir que la distinction, établie par Dilthey, entre l'explication, qui recherche le mécanisme desphénomènes, et la compréhension, qui recherche leur sens, n'est pas susceptible d'opposer radicalement les. »

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