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En sciences, l'expérience est-elle maîtresse de vérité ?

Publié le 31/08/2005

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En ce sens, l'expérience devient alors davantage maîtresse de vérité, car c'est en elle que les scientifiques vont puiser pour établir leurs principes. L'expérience est au fondement de la vérité scientifique en tant qu'elle en fournit la matière même. - L'expérience, non seulement sert à confirmer des résultats scientifiques, mais elle peut aussi participer à l'élaboration même de données scientifiques, et venir au secours de la théorie quand celle-ci se heurte à certaines limites. Ainsi, une fois la lunette astronomique inventée, Le Verrier a constaté par l'expérience que l'orbite réelle d'Uranus différait de son orbite théorique. Ce constat empirique l'a alors conduit à supposer l'existence d'une planète inconnue exerçant une attraction sur Uranus. Cette hypothèse a pu être ensuite vérifiée expérimentalement. On voit ici que théorie et expérience ont besoin l'une de l'autre et que leur association peut être fructueuse et indispensable pour accéder à la vérité dans les sciences.     3ème partie : L'expérience en sciences peut aussi être soumise à l'erreur.   - S'en remettre à l'expérience pour établir des vérités n'est pas toujours scientifique, et l'on s'aperçoit au contraire que  la science contredit souvent l'expérience immédiate. Bachelard considérait l'expérience commune comme le premier obstacle à la connaissance scientifique.

 On a coutume d’attribuer à la science la nécessité d’une méthode expérimentale, c'est-à-dire de ne considérer comme vérité scientifique que ce qui a été confirmé par une expérience rigoureusement conduite et en mesure d’être répétée à l’identique. Et pourtant, si la science est liée à l’expérience, elle n’a pas toujours été expérimentale, d’où il s’ensuit que les vérités établies scientifiquement ne sont pas la conséquence nécessaire d’une validation par l’expérience. Si la vérité scientifique, n’est pas du seul ressort de l’expérience scientifique, on peut alors penser que l’expérience peut n’être pas toujours un critère fiable de vérité. Dans quelle mesure l’expérience scientifique dans le cadre de l’expérimentation offre-t-elle une condition d’accès à la vérité, et peut-elle être à l’inverse, source d’erreur et de fausseté ?

« inconnue exerçant une attraction sur Uranus.

Cette hypothèse a pu être ensuite vérifiée expérimentalement.

Onvoit ici que théorie et expérience ont besoin l'une de l'autre et que leur association peut être fructueuse etindispensable pour accéder à la vérité dans les sciences.

3ème partie : L'expérience en sciences peut aussi être soumise à l'erreur. - S'en remettre à l'expérience pour établir des vérités n'est pas toujours scientifique, et l'on s'aperçoit au contraireque la science contredit souvent l'expérience immédiate.

Bachelard (cf.

ci-dessous) considérait l'expériencecommune comme le premier obstacle à la connaissance scientifique.

Les informations fournies par les sens, le vécu,sont source d'erreur, et l'on a trop facilement tendance à croire que ce que l'on expérimente correspond à la réalitéalors que ce ne peut être qu'une apparence.

Ainsi, on pourrait déduire en constatant qu'une pierre tombe plus vitequ'un morceau de liège que la vitesse de la chute des corps est liée à leur masse, alors que les scientifiques ontétablit que dans le vide, tous les corps tombent à la même vitesse.

La formulation scientifique par Galilée de la loi dela chute des corps e=1/2 gt 2 contredit les données communes de la perception. Bachelard considérait l'expérience immédiate comme le premier obstacle à laconnaissance scientifique.

Les informations fournies par les sens, le vécu sontsource d'erreurs.

Ainsi, par exemple, de ce que cette pierre tombe plus viteque ce morceau de liège, j'en viendrai à établir une distinction entre «lord» et«léger» et à conclure que la vitesse de la chute des corps est liée à leurmasse.

Or les scientifiques ont établi que, dans le vide, tous les corpstombent à la même vitesse.

La formule scientifique par Galilée de la loi de lachute des corps e= ½ gt2 contredit les données communes de la perception.L'épistémologie de Bachelard réactualise l'idée essentielle du platonisme : lascience se constitue par ce geste intellectuel qui récuse l'expérience.

PourBachelard (comme pour Platon) le savoir scientifique commence par unerupture avec l'expérience ; par se méfier des synthèses spontanées de laperception.

Car l'expérience première est un obstacle et non une donnée.C'est même le premier obstacle que la science doit surmonter pour seconstruire.

C'est que la science est ennuyeuse : le réel auquel elle a affaireest filtré, classé, ordonné selon des relations intelligibles, quantifié, prêt à lamesure.

Au contraire, l'expérience première, spontanée, parle à l'imaginaire.

L'« observation première se présente comme un libre d'images : elle estpittoresque, concrète, vivante, facile.

Il n'y a qu'à la décrire et s'émerveiller».

Devant elle, nous sommes au spectacle.

Entre l'expérience spontanée dufeu par exemple et la connaissance des lois de la combustion, quel écart ! D'un côté un univers qualitatif et affectif : le feu qui crépite dans l'âtre, le bien-être, les couleurs, la fascination, lefeu qui « chante » et qui « danse » ; de l'autre un processus physico-chimique dépouillé de toute poésie, une simplemodification quantitative des éléments.

- Seule une méthode expérimentale rigoureusement établie et restreinte par des consignes scientifiques est alors enmesure de servir la science.

Mais il en résulte en revanche que la méthode expérimentale peut limiter la science.Claude Bernard explique ainsi que l'expérience scientifique est toujours limitée dans la mesure où d'une part elle isoleun phénomène et risque de le sortir de son contexte (même si l'on tente de le reproduire au mieux dans au sein dulaboratoire), et d'autre part elle est toujours individuelle, particulière, et demanderait à être répétée un nombre infinide fois pour permettre d'en déduire des conclusions générales.

La méthode expérimentale n'est donc jamais unevaleur absolument sûre, comme peut l'être le calcul scientifique.

Conclusion : Comprendre l'expérience comme la « maîtresse de la vérité » dans les sciences semble tout d'abord abusif.L'expérimentation scientifique qui érige l'expérience en méthode scientifique ne prétend pas la substituer à ladémonstration et au calcul scientifique qui permettent d'accéder à des vérités, mais consiste d'abord en unedémarche réflexive de validation des énoncés.

L'expérience permet alors de garantir la vérité, de la confirmer, maisnullement de l'instituer.

Mais si elle intervient en second lieu dans le processus d'accession à la vérité scientifique,son rôle n'est pas second pour autant, car dans bien des sciences reposant sur la méthode expérimentale,l'expérience est nécessaire à l'établissement de la vérité.

Un énoncé ne saurait être valable scientifiquement s'il n'apas été validé par l'expérience.

L'expérience devient alors maîtresse de vérité, car en elle réside le jugement portésur la valeur d'un énoncé scientifique.

Enfin, si l'on ne restreint pas le terme d'expérience au conceptd'expérimentation scientifique, on ne peut nier que l'expérience est première dans bien des sciences reposant surl'étude de la nature, et qu'elle fournit donc la première pierre à l'édifice d'une vérité scientifique.

Comme l'expliqueKant dans la préface à la seconde édition de la Critique de la raison pure « toute connaissance est issue de l'expérience, même si elle n'en résulte pas toute pour autant ».L'expérience en science peut donc être maîtresse de vérité, mais à condition d'être bien menée (la méthodeexpérimentale en est la garantie), et de ne pas lui soustraire le calcul et la réflexion qui lui sont nécessaires.. »

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