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Selon vous l'intérêt principal d'une autobiographie est-il de dire toute la vérité sur son auteur ?

Publié le 18/09/2010

Extrait du document

 

 

Intro :  

 

L’autobiographie est une œuvre ou l’auteur s’engage de raconter sa vie (ou seulement une partie) dans un esprit de vérité régit par le Pacte Autobiographique.  Selon Philippe Lejeune qui est un universitaire français spécialiste de l’autobiographie et co-fondateur de « l’association pour l’autobiographie «, l’autobiographie est « un récit rétrospectif en prose qu’une personne réelle fait de sa propre existence, lorsqu’elle met l’accent sur sa vie individuelle en particulier sur l’histoire de sa biographie. «  

Nous sommes en droit alors de nous interroger sur le travail de l’autobiographe : Est-il de dire toute la vérité sur sa vie, ou d’en taire certains aspects, et quelles sont les difficultés rencontrées face à cette tâche ?

Nous verrons tout d’abord les raisons pour lesquelles l’intérêt principal d’une autobiographie est de dire toute la vérité sur son auteur. Nous verrons ensuite en quoi un tel projet d’écriture de soi-même ne peut être vraisemblablement réalisable. 

Nous verrons enfin, malgré son caractère irréalisable quelles sont les autres fonctions d’un tel projet. 

 

Thèse : 

 

L’autobiographe raconte dans son œuvre les événements qu’il a vécu, les sentiments qu’il a ressentit, et ses idées, qui caractérise sa personne, son caractère et sa vie.

Si l’autobiographe ne dit pas la vérité sur ces aspects qui caractérise sa vie, son œuvre ne rentre pas dans ce genre littéraire. 

 

- Seul l’auteur est a même de raconter sa propre vie, donc il est lui seul capable de déterminer si les faits raconté sont réels. Ce qui différencie l’autobiographie et la biographie c’est que l’auteur raconte lui-même les aspects de sa vie comme il les a vécu et ressentit. D’où la véracité de l’œuvre car l’analyse du caractère de la personne en question n’est pas basé sur des suggestions et des hypothèses. 

 

Car, contrairement à la biographie, l’analyse que fait l’auteur de lui-même n’est ni suggestive ni hypothétique.

 

Le biographe, pour réaliser son travail, se basera sur des faits concrets ainsi que des propos recueillis directement ou indirectement, et, éventuellement, ne livrera que des suggestions concernant les idées et les pensées de cette personne.

 

Anti-thèse :

 

-La mémoire peut trahir l’auteur, être sélective inconsciemment : 

Dans le préambule de Les Confessions de Rousseau il dit,« (…)et s’il m’est arrivé d’employer quelque ornement indifférent, ce n’a jamais été que pour remplir un vide occasionné par mon défaut de mémoire ; «  Rousseau en fin de vie, emploi dans Les Confessions des éléments tiré de son imagination afin de parer au passage de sa vie dont il ne se souvient pas. 

Edgar Quinet, en réaction affirme au début de son autobiographie Histoire de mes idées que le lien fait par Rousseau entre l’imaginaire et le réel influe sur la véracité de l’œuvre, même si ces « remplissages « sont prétendu anodins par Rousseau. 

 

-Certains aveux sont difficiles à faire, et les mots peuvent permettre à l’auteur de les rendre plus avouable. 

Selon Rousseau dans les Confessions : « Les choses les plus difficiles à confesser ne sont pas les crimes, mais les actes ridicules et honteux ? « 

Dans l’épisode de la fessée des Confessions de Rousseau, celui-ci avoue ses tendances masochistes, et, honteux, cherche par des nuances lexicales, à rendre flou le mot « fessée «, dans l’espoir d’atténuer sa honte. 

Dans le même épisode, celui-ci, pour avouer son désir de converser sa virginité, utilise une périphrase fort éloignée du sujet : « je me conservais pur de toute souillure «. Plus largement, Rousseau n’abordera jamais explicitement le thème de sa sexualité, et le simple mot « sexe « ne sera jamais, ou presque, cité.

Donc la véracité de l’œuvre est remise en cause, car les sentiments ne sont pas  exprimés exactement comme l’auteur les a vécus.

 

-L’état d’âme de l’auteur influe sur ses écrits. Dépendant de l’estime qu’il a pour lui-même ou de son état d’esprit au moment de l’écriture, il se peindra et décrira ses actes en se dévalorisant ou en se valorisant. Ainsi, dans la préface de son Journal, Marie Bashkirtseff avoue se trouver « trop admirable « pour « dissimuler ce qui pourrait [lui] paraitre ridicule ou désavantageux pour [elle]. « Dans la même idée, Rousseau, au moment de l’écriture de ses Confessions, est un homme résigné et éprouvant un dégout intense envers l’homme. 

Dans Les Rêveries du promeneur solitaire, Rousseau dit : « J’écrivais mes Confessions déjà vieux, et dégouté des vains plaisirs de la vie que j’avais tous effleurés et dont mon cœur avait bien senti le vide. «  

 

- Il est impossible de se connaitre parfaitement ainsi l’auteur aura une vision de lui-même et se peindra tel qu’il s’imagine, vision qui n’est pas forcément réaliste.  Ainsi Michel Leiris dans son autobiographie : « L’âge d’homme « fera une description de son apparence physique – parodique – mais néanmoins très dévalorisante, se trouvant « d’une laideur humiliante « , vision qui n’est pas forcément partagé par son entourage. 

 

Synthèse : 

 

Même si celui-ci peint et décrit subjectivement la société dans laquelle il vit, l’autobiographe livre ainsi un témoignage intéressant sur les valeurs et les meurs de son époque. Ce sur quoi Georges Sand insiste en qualifiant l’œuvre de Rousseau de témoignage historique et philosophique, en écrivant, dans son autobiographie l’Histoire de mes idées, que « Ce qui nous intéresse, ce qui nous éclaire et nous influence, c’est le spectacle de cette âme inspirée aux prises avec les erreurs de son temps, et les obstacles de sa destinée philosophique. « Georges Sand voit ainsi les événements de la vie de Rousseau comme secondaires, et s’intéressera plus à la critique que celui-ci fait sur la société, sur l’humain en général. Ceci se rapproche ainsi des mémoires, écrits visant à apporter un témoignage de l’auteur sur des événements historiques, et où la vie de l’auteur y est très peu décrite.

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