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Le sens de ce que l'on dit se réduit-il à ce que l'on veut dire ?

Publié le 15/04/2004

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Pouvons-nous vraiment communiquer si nous ne savons pas exactement ce que nous allons laisser passer dans notre « message «, donc si tout ce que nous disons a en plus un sens « caché « qui ne dépend pas de notre volonté?Mais tout d'abord, qu'est-ce qui pourrait faire que le sens de ce que l'on dit ne se réduise pas à ce que l'on veut dire?Cela pourrait venir du langage lui-même, de sa complexité et souvent de son imperfection. Nous avons parfois des difficultés à trouver « le mot juste «, et le vocabulaire ne « colle « pas toujours à l'idée que nous voulons exprimer. De plus, les mots ont parfois un double sens, ou changent de signification suivant le contexte. Ainsi l'idée que nous voulons exprimer peut-elle être différente, et signifier autre chose, une fois traduite en mots. Le problème du langage devient presque un problème « technique «, mais il peut influer sur le sens de ce que nous disons.Une autre façon d'élargir le sens de ce que l'on dit par rapport à ce que l'on veut dire est de considérer celui qui écoute. Il y a là un problème de « traduction «. L'interlocuteur peut comprendre plus que ce que nous voulons dire, peut-être simplement à cause du langage, mais aussi suivant sa personnalité, son état d'esprit, sa situation particulière.

• Nous ne sommes pas invités à nous demander si le sens de ce que l'on dit a quelque rapport avec ce que l'on veut dire, mais si le sens de ce que l'on dit se réduit à ce que l'on veut dire. • Problématique des présuppositions (inconscientes) de locuteur dans son discours. Par exemple tel ou tel discours de Descartes peut prendre (du moins partiellement) un autre sens que pour lui dans la mesure où « le mouvement des idées « a fait que certaines problématiques inconnues de Descartes ont été posées depuis et qu'ainsi peuvent apparaître des présuppositions (inconscientes) de tel ou tel de ses discours, qui sont pourtant bien « là « d'une certaine façon (implicitement). • Problématique, dégagée par la psychanalyse, des lapsus, du sens sous l'apparemment insensé, ... du sens latent sous le sens patent etc. • Pour être assuré que le sens de ce que l'on dit se réduit à ce que l'on veut dire ne faudrait-il pas être omniscient?

« l'entendront.

Le sens admis par l'interlocuteur fera donc partie du sens de ce que nous disons, en plus de ce quenous voulons dire. Cependant, le véritable problème est de savoir si, dans nos paroles elles-mêmes, s'expriment plus de choses que ceque nous voulons dire – cela indépendamment de problèmes « techniques » de langage, ou de problèmes de«traduction» de l'interlocuteur.

Il y a tout d'abord des informations « générales » que nous donnons sur nous-mêmesà chaque fois que nous parlons.

Notre façon de parler et le type même de langage que nous utilisons, par exemple,révèlent souvent notre nationalité, et même notre niveau social et culturel.

(Il existe entre autres beaucoup demots ou de « jargons » spécifiques à une profession, ou à une génération).Le langage que nous utilisons, lui-même, révèle donc beaucoup de nous-mêmes, ainsi que le choix des sujets dontnous parlons, le ton que nous employons, qui donnent des renseignements plus particuliers sur la façon dont nousvivons quelque chose, etc...

Mais ces informations générales ou même particulières, sans être véritablementvolontaires, sont malgré tout conscientes.

Nous savons, même si nous ne l'avons pas consciemment réalisé, quenotre conversation révèle que nous sommes, par exemple, français, que nous sommes particulièrement touchés partel problème, etc., mais également que ce que nous disons révèle une partie de notre caractère, de nos opinions, etmême de notre vie passée.

Mais ici il s'agit moins de « sens » débordant ce que nous avons voulu dire, qued'informations en quelque sorte « parallèles » que nous apportons sur nous-mêmes en parlant, et qui la plupart dutemps ne dépendent pas spécialement du sujet abordé, donc de ce que nous voulons dire, mais du fait de parler etde nous exprimer en général.

Nous exprimons à chaque instant beaucoup de ce que nous sommes, et pas seulementen parlant.Enfin, et c'est le point essentiel à mon avis, ce que nous disons peut-il avoir un sens caché dont nous sommesinconscients? Nous abordons ici le domaine de l'inconscient, domaine difficile car finalement mal connu.

Néanmoinsl'idée de l'inconscient provoque celle d'actes ou de situations « refoulés » par le sujet (inconsciemment), donc «oubliés »; l'inconscient cependant cherche à s'exprimer, par le corps ou même par le langage.C'est dans cet esprit que la psychanalyse a été créée : notre inconscient « parle », mais de façon déguisée, et lepsychanalyste tente de déchiffrer ce langage qu'est le sens caché de nos paroles.

Dans ce cas, ce que nous disonsn'a pas uniquement le sens de ce que nous voulons ou croyons dire, mais a parfois, aussi, un sens « caché » etpourtant réel, exprimant des images enfouies dans notre inconscient.Ce « sens caché » se manifeste par le choix des mots, mais aussi de façon peut-être plus nette par les « lapsus »ou les « actes manqués ».

Ce « deuxième sens » est de toute façon indéchiffrable, du moins à première vue, etinaccessible à l'interlocuteur comme au sujet.La question posée au départ trouve alors sa réponse : nous pouvons très bien communiquer même si nos paroles ontun sens caché, puisque nous en serons sans doute totalement inconscients, de même que nos interlocuteurs.

Lepsychanalyste, lui, peut dans certains cas traduire.

Et nous voyons alors que leurs propos ont un sens caché,d'autant plus que ce sens caché est pour une raison quelconque inavouable, puisque refoulé.

D'où peut-être laréticence de certaines personnes devant la psychanalyse, qu'ils ont parfois peur de reconnaître commeeffectivement valable.

Il y a donc bien des difficultés pour s'exprimer et communiquer en sachant que ses parolesont un sens caché, et surtout en sachant que l'autre – en l'occurrence le psychanalyste – peut déchiffrer ce sens.Que la psychanalyse soit valable ou pas, guérisse ou non dans certains cas, elle pose en tout cas ce problème : lesgens ont peur du sens caché de leurs paroles dans la plupart des cas.

Nous pouvons finalement dire que le sens de ce que l'on dit ne se réduit pas à ce que l'on veut dire, « ce que l'onveut dire » étant le plus souvent une simple information, ou une réflexion.Nous exprimons toujours beaucoup de nous-mêmes en « disant les choses », sans pour cela ignorer totalementtoutes les informations que nous donnons, mais elles ne sont pas vraiment volontaires.En fait, le sens de ce que l'on dit comporte à mon avis ce que l'on veut dire, mais aussi ce que l'autre comprend, etce que nous tentons de cacher et que nous cachons effectivement (tout cela au niveau inconscient), et qui parfoiss'exprime malgré nous et sans même que nous nous en rendions compte.

Ce dernier « sens » restera donccertainement non décelé.. »

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