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Y a-t-il un sens à juger une oeuvre d'art du point de vue moral ?

Publié le 20/03/2004

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■ Mots clés

• sens : finalité, orientation, signification. • juger : apprécier, évaluer, estimer, décider. —> Le jugement, chez Kant, est la capacité de penser le particulier au sein de l'universel. Cela implique l'existence d'une finalité « sans fin « (le jugement esthétique) ou « avec fin « (le jugement téléologique : la téléologie est l'étude de la finalité). • l'esthétique : réflexion philosophique sur l'art; discipline ayant pour objet les jugements d'appréciation lorsqu'ils s'appliquent au beau et au laid. • œuvre d'art : « ensemble organisé de signes et matériaux, mis en forme par un esprit créateur, ensemble dont la beauté nous procure une satisfaction désintéressée « (J. Russ, Dictionnaire de la Philosophie, Bordas). • point de vue moral : point de vue qui discerne le bien du mal.

  • Est-il possible de lier l'esthétique et l'éthique lorsque l'on regarde une oeuvre d'art ? Le point de vue moral et le point de vue artistique sont-ils compatibles ?

Le beau se rapporte à l'esthétique. Ce qui est moral se rapporte à l'éthique, c'est-à-dire au jugement de valeur. En quel sens ces deux sphères, l'esthétique et l'éthique, peuvent-elles correspondre ? L'oeuvre d'art correspond au désintéressement propre à l'esthétique : l'oeuvre d'art n'a pas de fin utile ; en ce sens elle est désintéressée, car relevant du domaine de la contemplation. Au contraire, le point de vue moral suggère l'idée de fins pratiques, d'actions. Le problème est donc de savoir si lier esthétique et éthique a un sens. Ou encore: Y a-t-il un sens à juger une oeuvre d'art du point de vue moral ?

Introduction

  • Les conditions d'un jugement moral sur l'art

A- À quelles conditions est-il sensé de juger moralement l'art ? B - À quelles conditions est-il absurde de juger moralement l'art ?

  • La critique morale de l'esthétisme
  • L'art, éveil de la conscience morale

A- Que nous révèle l'expérience esthétique ? B- Valeur morale de l'expérience esthétique Conclusion

« que décrivait Platon dans l'allégorie de la caverne.

Or, il ne s'agit pas seulement d'une analogie car, pour Platon, leBien, réalité suprême, est aussi le Beau, ce qui signifie que le Beau est la splendeur du Bien.

Derrière cetteconception se cache l'idée que la beauté existe de manière absolue et qu'elle n'est pas qu'une simple affaire de goûtsubjectif.

Aussi, ce texte s'oppose aux mêmes penseurs déjà mis en cause dans l'allégorie de la caverne, à tousceux qui, comme Protagoras, font de l'homme la mesure de toute chose, y compris pour les jugements portant sur lebeau.

La doctrine de Platon est à rapprocher de la conception très mathématique que les Grecs se faisaient de labeauté, considérée comme règle de juste proportion « objectivement » formulable selon des lois mathématiquespurement intelligibles.

Toutefois, Platon va encore plus loin, car nous pouvons ne pas être tous d'accord sur lavaleur esthétique de l'harmonie qui se dégage de la forme d'un objet sensible.

Ici, Diotime dépasse la référencemême à toute réalité sensible, ce qui sauve la conception d'une beauté absolue de toutes les difficultés liées à laconsidération de beautés matérielles.

Ainsi Platon espère fonder absolument l'Idée du Beau, en la protégeant detoutes les contestations qui proviennent de la relativité des jugements portant sur le sensible et qu'impliquel'expression « chacun son goût ».

[II - Mais un jugement de goût peut-il être moral ?] Kant et le jugement de goût : Le jugement de goût est de nature sensible : nous sentons la beauté.

« Le beau est l'objet d'un sentiment de goûtdésintéressé », et « est beau ce qui plaît universellement sans concept » : la représentation d'un bel objet stimulenotre esprit et apporte une satisfaction qui n'est le produit d'aucune règle déterminée.

La beauté n'est pas définiepar concepts, car un concept a toujours une signification générale, alors que la beauté est toujours celle d 'une chose sensible particulière.

Comment, alors, juger une oeuvre d'art d 'un point de vue moral, puisque la morale est un ensemble de lois uni versellement et inconditionnellement valables ? Au début de la « Critique du jugement » Kant propose quatre définitions du beau qui définissent le plaisir éprouvé et partent donc du sujet et non del'objet. · Première définition : « Est beau l'objet d'une satisfaction désintéressée ». La satisfaction est désintéressée, ce qui signifie que nous ne pouvonsl'éprouver que si nous sommes dans un certain état d'esprit par rapport àl'objet.

Kant ne veut pas dire que la beauté ne nous intéresse pas, que nous sommes indifférents mais que le plaisir esthétique naît lorsque nous n'avonspas le souci de l'utilité (celui qui va en mer dans le seul but de pêcher, quiporte sur elle un regard de technicien, n'éprouvera pas de plaisir esthétique),de l'agréable ( celui qui porte un regard lubrique sur un Nu, éprouve unesatisfaction charnelle qui est d'un autre ordre que la satisfaction esthétique),du bien ( celui qui apprécie une oeuvre engagée en raison de son caractèremoral, éprouve une satisfaction morale qui n'est pas esthétique).

Le beaun'est ni l'agréable ni le Bien.

Certes une satisfaction peut être morale etesthétique, les deux ne s'excluent pas mais en tant qu'esthétique, elle n'estpas morale.

A l'encontre de Platon , Boileau, Hegel , Kant affirme que le beau n'est pas le vrai.

Mais il n'est pas non plus le pur sensible puisque le beau nese réduit pas à l'agréable bien que satisfaction esthétique et sensuelle nes'excluent pas.

Et de cela Hume ne peut rendre compte.

De même qu'une oeuvre d'art immorale peut être belle, demême, peut l'être une oeuvre désagréable, qui nous déchire et bouleverse.

Et inversement, une musique agréable(par les sonorités, le passé qu'elle évoque) n'est pas belle pour autant bien que nous ayons tendance à confondrebeauté et agrément.

Par conséquent, le plaisir esthétique est le seul plaisir libre.

Il n'est pas l'effet de lasatisfaction de quelque chose, du besoin du corps ou d'une impératif de la raison.

Libre parce que désintéressé. · Deuxième définition : « Est beau ce qui plaît universellement sans concept ». Ø « Ce qui plait universellement »: Le fait que cette satisfaction soit universelle, valable pour tous découle de la première définition.

En effet nous avons vu qu'être sensible à la beauté relève d'une sensibilité purifiée de laconvoitise, de la crainte, du désir, du confort ...

bref de tous les intérêts particuliers.

Ce plaisir éprouvé n'estdonc pas celui d'un sujet enfermé dans sa particularité et ce dernier peut à juste titre dire: « c'est beau », comme si la beauté était dans l'objet.

Il peut légitimement s'attendre à ce que tout autre éprouve la mêmesatisfaction. Ø « sans concept »: « L'assentiment universel est seulement une Idée ».

Il n'y a pas de preuve pratique ou conceptuelle de la beauté.

On juge et on sent que cette musique ou cette montagne sont belles mais on nepeut le prouver.

Il n'y a pas de règles a priori du beau.

En langage kantien, le sujet esthétique n'est paslégislateur.

En science le sujet légifère, retrouve dans la nature les règles nécessaires, universelles qu'il y amises pour connaître quelque chose.

En art le sujet ne peut légiférer car le jugement porte sur un objet singulier,telle fleur, telle oeuvre musicale.

S' il veut trouver quelque chose d'universel dans cette rose-ci, il faudra qu'il. »

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