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Y a-t-il quelque chose de vrai dans la sensation ?

Publié le 17/03/2004

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II en va de même lorsque nous disons que la voûte céleste est bleue. Quel sens cela a-t-il? Nous savons pourtant bien, ce faisant, que nous manipulons des objets qui n'ont pas vraiment de réalité en dehors de nous: à proprement parler, l'espace qui se trouve au-dessus de nous n'est pas délimité par une voûte, laquelle n'est pas bleue de surcroît. En un mot, la science, si toutefois l'on considère par commodité et provisoirement que celle-ci est assimilable à une recherche perpétuelle de la vérité, ne peut jamais se satisfaire des seuls sens. Bien plus, elle cherche souvent à s'en détacher. Est-ce à dire qu'il n'y a rien de vrai dans la sensation? La difficulté ici, on le sent bien, est double. D'une part, il faut se demander si - et dans quelle mesure - les sens peuvent fournir quelque élément de vérité. D'autre part, il s'agit de comprendre ce que signifie «comporter quelque chose de vrai «. La formulation de la question elle-même incite à attester l'idée d'une distinction entre «être vrai« et «comporter quelque chose de vrai «.

1 - Quels exemples montrent que la sensation peut être source d'erreurs ? 2 - Quels moyens avons-nous de les corriger ? 3 - Les témoignages d'un de nos sens peuvent-il être corrigés par un autre sens ? 4 - La vérité des sensations suppose-t-elle qu'elles donnent une connaissance exacte de l'objet qui en est la source ? 5 - Y a-t-il dans toute sensation, quelle qu'elle soit, un élément qui ne peut nous tromper ?

« s'étendre plus longuement sur les chemins et les procédés qui sont censés y mener.

C'est ainsi que, pour DESCARTES, seul l'entendement connaît comme le montre le fameux exempledu morceau de cire.Dans la deuxième Méditation, Descartes observe un morceau de cire "qui vientd'être tiré de la ruche, il n'a pas encore perdu la douceur du miel qu'ilcontenait, il retient encore quelque chose de l'odeur des fleurs d'où il a étérecueilli ; sa couleur, sa figure, sa grandeur sont apparentes : il est dur, il estfroid, on le touche, et si vous le frappez, il rendra quelque son".

Connaître uncorps, c'est apparemment le connaître par les caractères que nous percevons: son odeur nous renseigne sur son origine, ainsi que sa couleur, saconsistance, sa température, le son qu'il rend, sa forme et sa taille.Approchant ce bloc de cire d'une flamme, sa "saveur s'exhale, l'odeurs'évanouit, sa couleur se change, sa figure se perd, sa grandeur augmente, ildevient liquide, il s'échauffe, à peine le peut-on toucher, et quoiqu'on lefrappe il ne rendra plus aucun son".

S'agit-il de la même cire ? Tous lescaractères distinctifs par lesquels on le connaissait ont disparu, mais "il fautavouer qu'elle demeure, et personne ne le peut nier".

Les organes des sens nepeuvent donc rien nous apprendre de stable ni de certain.

Ce que nouspercevons de la cire ne nous apprend rien d'elle.

Fondue, il ne demeure d'elleque quelque chose de flexible, d'étendu et de muable.

Imaginant la cire je neconnaîtrai rien de plus d'elle ; flexible et malléable, elle pourrait prendre uneinfinité de figures que mon imagination ne peut se représenter.

Parconséquent, il reste qu'il n'y a que "mon entendement seul qui conçoive ceque c'est que cette cire".

Conçue par l'entendement ou l'esprit, cette cire n'est pas une autre cire que celle dont jefais l'expérience sensible, mais seule une inspection de l'esprit me permet de la connaître, et non pas la vue, letoucher ou l'imagination. C.

La sensation n'est toujours que subjective. Il faut préciser ici la raison pour laquelle Aristote estime qu'«il n'est pas possible d'acquérir parla sensation uneconnaissance scientifique».

Cette raison est simple: l'objet de la sensation n'est toujours qu'individuel; je ne voisjamais un arbre, je vois cet arbre-ci.

Or, il n'y a de connaissance scientifique que de l'universel, selon Aristote; onpeut se contenter ici de dire: il n'y a de connaissance scientifique que du général.

La connaissance du particulierest forcément, pour nous, inadéquate à son objet : il nous est, en effet, impossible de connaître tous les caspossibles, passés, présents, futurs, car leur nombre est indéfini; impossible aussi de connaître à fond, d'épuiser lacompréhension d'un seul individu, parce que cette compréhension est pour ainsi dire illimitée.

C'est pourquoi l'individuest indéfinissable : Omne individuum ineffabile.

Ce qui faisait dire à Pascal : « Nous ne savons le tout de rien.

» Ausurplus, une pareille science serait inutile, inféconde.

La connaissance du particulier, de l'accidentel, du phénomènequi passe, peut sans doute amuser et distraire l'imagination, mais elle ne peut servir à rien pour prévoir l'avenir etmaîtriser la nature.

C'est bien cela qui invalide la réduction de la science à la sensation dans le Théétête de Platon.

Si la science estsensation, dit en substance Socrate à son jeune interlocuteur, alors il y a autant de sciences que d'individus quiestiment faire de la science en ce sens.

Par surcroît, ces sciences ne peuvent se communiquer et restentcondamnées à n'être que la science d'une personne particulière.

La raison de tout cela est encore fort simple: il n'ya pas véritablement de sens à dire que quelque chose est vrai pour moi et pour moi seulement.

Si tel est le cas,pourquoi en effet recourir à la notion de vérité ?. »

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