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Sentir est-ce connaître ?

Publié le 05/03/2004

Extrait du document

Mais si toute notre connaissance débute AVEC l'expérience, cela ne prouve pas qu'elle dérive toute DE l'expérience, car il se pourrait bien que même notre connaissance par expérience fût un composé de ce que nous recevons des impressions sensibles et de ce que notre propre pouvoir de connaître (simplement excité par des impressions sensibles) produit de lui-même : addition que nous ne distinguons pas de la matière première jusqu'à ce que notre attention y ait été portée par un long exercice qui nous ait appris à l'en séparer.” Kant   "Si nous appelons sensibilité la réceptivité de notre esprit, le pouvoir qu'il a de recevoir des représentations en tant qu'il est affecté d'une manière quelconque, nous devrons en revanche nommer entendement le pouvoir de produire nous-mêmes des représentations ou la spontanéité de la connaissance. Notre nature est ainsi faite que l'intuition ne peut jamais être que sensible, c'est-à-dire ne contient que la manière dont nous sommes affectés par des objets, tandis que le pouvoir de penser l'objet de l'intuition sensible est l'entendement. Aucune de ces deux propriétés n'est préférable à l'autre. Sans la sensibilité, nul objet ne nous serait donné et sans l'entendement nul objet ne serait pensé. Des pensées sans contenu sont vides, des intuitions sans concepts, aveugles. Il est donc aussi nécessaire de rendre ses concepts sensibles (c'est-à-dire d'y ajouter l'objet dans l'intuition) que de se faire intelligibles ses intuitions (c'est-à-dire de les soumettre à des concepts). Ces deux pouvoirs ou capacités ne peuvent pas échanger leurs fonctions. L'entendement ne peut rien intuitionner, ni les sens rien penser. De leur union seule peut sortir la connaissance.

Analyse du sujet :

 

l  La formulation du sujet (« est-ce seulement ? «) suppose que connaître, c'est, au moins en un certain sens, ou au moins partiellement, sentir.

l  La question que l'on doit se poser est donc la suivante : connaître est certes sentir, mais n'est-ce que cela ? N'est-ce pas également autre chose ? Et si oui, quoi ?

l  Le but du sujet est :

1.      de mettre en relation connaître et sentir ;

2.      de chercher ce que connaître peut être d'autre que sentir.

l  Mais, attention, il ne s'agit en aucun cas d'énumérer tout ce que connaître peut être d'autre que sentir, mais d'étudier la connaissance en relation avec la sensation, et de voir, dans ce cadre uniquement, de quelle manière la connaissance se sépare parfois  de --- ou ne se réduit jamais à --- la connaissance.

l  Il faudra donc définir parallèlement connaître et sentir, pour voir en quoi les deux s'identifient et en quoi ils se séparent.

 

 

Problématisation :

 

Quel accès avons-nous à la réalité ? La sensation semble être l'unique accès que nous ayons à la réalité, et donc l'unique source de nos connaissances. Pourtant, nos sens ne nous trompent-ils pas parfois ? Ne peut-on, dès lors, avoir qu'une connaissance incertaine, ou la connaissance peut-elle aussi se fonder sur d'autres principes que la sensation ? Comment la multitude confuse de nos sensations peut-elle s'organiser en une connaissance ?

« . 2) L'activité qu'est le connaître ne se limite donc pas à la sensation et comprend une construction faisant intervenir des structures a priori de la raison humaine.

La connaissance s'élabore à partir dematériaux sensibles mais ne s'y limite pas. "Que toute notre connaissance commence avec l'expérience, cela ne soulève aucun doute.

En effet, par quoi notrepouvoir de connaître pourrait-il être éveillé et mis en action, si ce n'est par des objets qui frappent nos sens et qui,d'une part, produisent par eux-mêmes des représentations et d'autre part, mettent en mouvement notre facultéintellectuelle, afin qu'elle compare, lie ou sépare ces représentations, et travaille ainsi la matière brute desimpressions sensibles pour en tirer une connaissance des objets, celle qu'on nomme l'expérience ? Ainsi,chronologiquement, aucune connaissance ne précède en nous l'expérience et c'est avec elle que toutescommencent.

Mais si toute notre connaissance débute AVEC l'expérience, cela ne prouve pas qu'elle dérive toute DEl'expérience, car il se pourrait bien que même notre connaissance par expérience fût un composé de ce que nousrecevons des impressions sensibles et de ce que notre propre pouvoir de connaître (simplement excité par desimpressions sensibles) produit de lui-même : addition que nous ne distinguons pas de la matière première jusqu'à ceque notre attention y ait été portée par un long exercice qui nous ait appris à l'en séparer.” Kant "Si nous appelons sensibilité la réceptivité de notre esprit, le pouvoir qu'il a de recevoir des représentations en tantqu'il est affecté d'une manière quelconque, nous devrons en revanche nommer entendement le pouvoir de produirenous-mêmes des représentations ou la spontanéité de la connaissance.

Notre nature est ainsi faite que l'intuition nepeut jamais être que sensible, c'est-à-dire ne contient que la manière dont nous sommes affectés par des objets,tandis que le pouvoir de penser l'objet de l'intuition sensible est l'entendement.

Aucune de ces deux propriétés n'estpréférable à l'autre.

Sans la sensibilité, nul objet ne nous serait donné et sans l'entendement nul objet ne seraitpensé.

Des pensées sans contenu sont vides, des intuitions sans concepts, aveugles.

Il est donc aussi nécessairede rendre ses concepts sensibles (c'est-à-dire d'y ajouter l'objet dans l'intuition) que de se faire intelligibles sesintuitions (c'est-à-dire de les soumettre à des concepts).

Ces deux pouvoirs ou capacités ne peuvent pas échangerleurs fonctions.

L'entendement ne peut rien intuitionner, ni les sens rien penser.

De leur union seule peut sortir laconnaissance.

Cela n'autorise cependant pas à confondre leurs attributions ; c'est, au contraire, une grande raisonpour les séparer et les distinguer soigneusement l'un de l'autre.

Ainsi distinguons-nous la science des règles de lasensibilité en général, c'est-à-dire l'Esthétique, de la science des règles de l'entendement en général, c'est-à-direde la Logique.” Kant 3) Cependant, comment penser l'origine même de ces structures de la raison nous permettant de construire des connaissances à partir du sensible ? Nous pouvons les considérer commeirréductibles à l'ordre du sensible et comme inconditionnées. "C'est donc au moins une question qui exige encore un examen plus approfondi et que l'on ne saurait résoudre dupremier coup d'oeil, que celle de savoir s'il y a une connaissance de ce genre, indépendante de l'expérience et mêmede toutes les impressions des sens.

De telles connaissances sont appelées a priori et on les distingue des empiriquesqui ont leur source a posteriori, à savoir dans l'expérience.

Cette expression n'est pourtant pas encore suffisammentdéterminée pour marquer tout le sens contenu dans la question proposée.

Car on dit bien - et l'usage le veut - demaintes connaissances sorties de sources expérimentales, que nous en sommes capables ou que nous les avons apriori, parce que ce n'est pas immédiatement de l'expérience que nous les dérivons, mais d'une règle générale, quenous avons toutefois elle-même empruntée à l'expérience.

C'est ainsi qu'on dit de quelqu'un qui a sapé lesfondements de sa maison, qu'il pouvait bien savoir a priori qu'elle s'écroulerait, c'est-à-dire qu'il n'avait pas besoinpour le savoir d'attendre cette expérience, l'écroulement réel.

Il ne pouvait pourtant pas le savoir entièrement apriori.

En effet, que les corps sont lourds et que, par suite, ils tombent quand on leur enlève ce qui les soutient,c'est ce qu'il fallait que l'expérience lui eût auparavant fait connaître.” Kant Mais il est également soutenable de les considérer elles-mêmes conditionnées par notre expérience sensible. "Supposons donc qu'au commencement l'âme est ce qu'on appelle une table rase, vide de tous caractères, sansaucune idée, quelle qu'elle soit.

Comment vient-elle à recevoir des idées ? [...1 D'où puise-t-elle tous ces matériauxqui sont comme le fond de tous ses raisonnements et de toutes ses connaissances ? À cela je réponds en un mot,de l'Expérience : c'est là le fondement de toutes nos connaissances, et c'est de là qu'elles tiennent leur premièreorigine.

Les observations que nous faisons sur les objets extérieurs et sensibles, ou sur les opérations intérieures denotre âme, que nous apercevons et sur lesquelles nous réfléchissons nous-mêmes, fournissent à notre esprit lesmatériaux de toutes ses pensées.

Ce sont là les deux sources d'où découlent toutes les idées que nous avons, ouque nous pouvons avoir naturellement.

Et premièrement nos Sens étant frappés par certains objets extérieurs, fontentrer dans notre âme plusieurs perceptions distinctes des choses, selon les diverses manières dont ces objetsagissent sur nos Sens.

C'est ainsi que nous acquérons les idées que nous avons du blanc, du jaune, du chaud, dufroid, du dur, du mou, du doux, de l'amer, et de tout ce que nous appelons qualités sensibles.

Nos Sens, dis-je, fontentrer toutes ces idées dans notre âme, par où j'entends qu'ils font passer des objets extérieurs dans l'âme, ce quiy produit ces sortes de perceptions.

Et comme cette grande source de la plupart des idées que nous avons, dépendentièrement de nos Sens, et se communique par leur moyen à l'Entendement, je l'appelle SENSATION.

L'autre source. »

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